Mon cinéma de janvier 2019

Publié le 12 Février 2019

Mon cinéma de janvier 2019

Pour garder une trace de mes chroniques cinéma publiées sur Instagram, les voici compilées chaque mois sur le blog...

Bienvenue à Marwen de Robert Zemeckis

Comment revivre après une agression à laquelle il survit par miracle et qui lui a enlevé ses souvenirs... Mark s'est créé un monde imaginaire dans lequel il est courageux, se sortant de situations inextricables et entouré d'une bande de femmes toujours prêtes à le secourir. Il s'inspire des femmes qui l'entourent comme sa collègue de travail où sa nouvelle adorable voisine et leur donne une autre vie dans sa ville miniature de Marwen. Il met en scène et prend des photos qu'il expose dans des galeries. Son double, Hogie, fait la misère aux nazis pendant la seconde guerre mondiale.
On voit bien que tout ça est un exorcisme pour le traumatisme subi et qu'il a du mal à affronter ce qui lui est arrivé surtout lorsqu'il doit témoigner au procès de ses agresseurs... Encore faut-il que Mark en prenne conscience...
Un très beau film sur une renaissance, sur la résilience, sur la façon d'accepter une réalité trop douloureuse.
Steve Carell montre une émouvante facette de son talent pour incarner Mark Hogancamp un homme dont c'est l'histoire vraie et incroyable.
La richesse de l'humain, sa façon de chercher en lui les réponses et les moyens pour avancer...
Très émue par ce film et c'est visuellement virtuose !

L'heure de la sortie de Sébastien Marnier

Pierre est un prof remplaçant qui débarque dans un collège catho pour remplacer le prof de français qui s'est jeté par la fenêtre pendant un cours avec la 3e1, une classe très particulière composée de 12 élèves surdoués qui ne s'intègrent pas aux autres élèves. Il essaie d'abord de s'adapter et de comprendre les codes mais très vite il va se retrouver en confrontation permanente avec 6 de ses élèves dont le comportement lui semble étrange. Il devient obsédé par eux quitte à les espionner et à surfer avec la limite acceptable du rapport prof-élève. Le film prend des allures de thriller et de fantastique. C'est vrai qu'ils sont flippants ces ados, ils sont les aînés des enfants du Village des Damnés, film auquel on pense forcément (ce film m'a perturbée à l'époque !). Je suis passée de la haine à la compassion pour eux...
Pourtant ces jeunes surdoués ont juste une conscience trop aiguë du monde dans lequel ils vivent... et cela peut être dévastateur...
Une conscience qui nous atteint de plein fouet et une réalité qu'on ne va pas pouvoir nier encore longtemps...
Un film comme une sonnette d'alarme dans un monde qui continue à se détruire sans possibilité de faire marche arrière... Une atmosphère surréaliste qui happe et qui glace.
Laurent Lafitte, un des rares acteurs français dont j'essaie d'aller voir tous les films tellement je l'aime, est encore une fois surprenant dans ce rôle de prof très concerné.

Un gros coup de coeur pour "L'Ange" un film argentin de Luis Ortega qui s'inspire de l'histoire d'un des plus grands criminels du pays, Carlos Robledo Puch surnommé L'Ange noir. Un film en espagnol qui se passe dans les années 70 c'est deux bonheurs à la fois !

Carlitos est un ange blond de 19 ans, élevé par une maman poule, qui vole pour le plaisir. Il rencontre le beau Ramon avec lequel il va s'associer pour voler à plus grande échelle. Il tue ses victimes un peu comme on respire, mécaniquement sans sembler rien n'éprouver... il a une relation trouble et ambiguë avec Ramon...
Un personnage fascinant qui envoute, on se laisse séduire par son aisance à se sortir de toutes les situations, sa façon féline de bouger et à la fin on n'a qu'une envie, c'est danser avec lui... Le film ne raconte pas tous ses crimes mais se concentre plutôt sur ce jeune Carlitos qui évolue dans une société argentine pré-dictature militaire...
Une bande son variété pop argentine des années 70 top ! Les deux acteurs Lorenzo Ferro et Chino Darin (le fils du grand Ricardo Darin 💜) irradient de sensualité.
Les crimes sont impardonnables évidemment mais la personnalité du tueur et le parti pris du réalisateur donnent un film particulièrement charismatique et captivant.
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Ben is back de Peter Hedges

Ben est toxico. Il débarque de son centre de désintoxication pour fêter Noël en famille. Ben a lourd passif avec sa famille, on comprend qu'il a menti, volé, détruit des vies et qu'il n'est pas le bienvenu pour tout le monde. Sa mère Holly accepte qu'il passe Noël avec eux à condition qu'elle ne le lâche pas d'une semelle.
S'ensuit une course contre la montre d'une mère pour que son fils reste en vie. On attend la rechute à chaque instant. Avec Holly on guette, on se demande comment il va échapper à sa vigilance comme si c'était une fatalité... Ben (formidable Lucas Hedges) dans entraîne Holly dans son monde, un voyage en enfer à l'issue inéluctable ?
Julia Roberts est exceptionnelle. Elle n'en fait jamais trop, elle réussit à saisir tous les affres par lesquels passe cette mère d'un enfant accroc...
L'histoire et la mise en scène restent classiques mais ce duo mère fils tient le film avec intensité.

 


 

Border de Ali Abbasi

Tina est une douanière très efficace grâce à son odorat extraordinaire, un flair animal. Elle rencontre Vore et ressent une étrange attirance pour lui...alors que son flair lui subodore quelque chose de pas net. Tina et Vore se ressemblent physiquement, ils semblent être de la même espèce, entre humain et animal... J'ai bien aimé la réflexion sur le "monstre", la différence, la cohabitation de deux espèces et le personnage de Tina vraiment touchante.
Mais je trouve que l'histoire de pédophilie et surtout son dénouement gâchent tout. Ce mélange n'était pas nécessaire, le film aurait gagné à ne raconter qu'une histoire d'amour, qu'une rencontre inespérée entre deux êtres qui ne se sentent pas complètement à leur place parmi les humains.
"Border" mélange le thriller, le surnaturel, le fantastique tout en restant dans une description réaliste voire simpliste, ça n'a pas collé pour moi... je suis restée en dehors de la "dithyrambie" ambiante autour de ce film...

 

Green Book de Peter Farelly


Tony Vallelongo, videur dans une boite de nuit accepte un travail de chauffeur et assistant pour Don Shirley, un génie du piano qui part en tournée dans le Sud des USA. On est en 1962, Tony est blanc, Don Shirley est noir... Tony et Don Shirley ont vraiment existé, le film est leur histoire.
Un road movie semé d'embûches qui nous entraîne dans une période de l'histoire sombre du pays. Don Shirley fait une tournée dans les états ségrégationnistes pour tenter de changer les mentalités. Il subit humiliations sur humiliations de la part des mêmes blancs friqués qui se régalent de sa musique. Contraste terrifiant. Le noir peut jouer du piano pour eux mais ne peut utiliser leurs wc.
Tony, italien grande gueule et tchatcheur hors pair, raciste plus par habitude que par conviction, se retrouve à s'interroger sur son propre comportement et surtout sur celui des autres qu'il ressent viscéralement comme injuste mais dans cette Amérique là on s'écrase souvent pour sauver ses miches.
Don Shirley est un virtuose, il est riche mais on ressent sa solitude.
Tony est cash, il galère pour payer son loyer mais il est entouré d'une famille et d'amis. La rencontre entre ces deux hommes que tout sépare sera explosive et merveilleuse. Chacun va apprendre de l'autre durablement. Le contexte est dur mais le film est vraiment drôle, j'ai tellement ri. Tony passe son temps à s'empiffrer et toutes les scènes sur le sujet sont hilarantes. Idem pour la musique quand Tony donne des leçons à Don Shirley qui, de son côté essaie d'apprendre les bonnes manières au rustre Tony.
Il y a des moments tendus forcément, des moments émouvants (fidèle à ma réputation j'ai versé quelques larmes) mais Green Book est du feel good avec du sens et le réduire au simple feel good movie ne suffit pas. La mise en scène est classique certes mais ça n'a pas réduit mon plaisir.
Viggo Mortensen (marry me !) est exceptionnel, il montre une facette comique irrésistible. Quand à Mahershala Ali, il confirme confirme qu'il est un grand acteur qui peut tout jouer. Il a une classe folle. J'ai adoré du début à la fin 💜💜💜💜💜

La Mule de Clint Eastwood


Clint Eastwood s'est inspiré d'un fait divers pour raconter à sa sauce l'histoire d'un octogénaire qui devient passeur pour un cartel mexicain.
Earl Stone qui ne vit que pour son travail d'horticulteur, en froid avec sa famille, se pose des questions lorsque la faillite arrive et accepte un job qui le conduit sur les routes du pays. Fait il semblant au début de ne pas comprendre pour qui il travaille ? Fausse naïveté ou intelligence ?
Il détonne avec sa "coolitude" au milieu de ces trafiquants de drogue dont la plupart n'ont aucun état d'âme. Son allure et son comportement sympathique le font se sortir de situations difficiles.
Il se rapproche de sa famille et se sert de son argent pour aider ses proches et ses amis. On le sent paumé mais sincère quand il essaie de rattraper toutes ces années durant lesquelles il a laissé tomber sa femme et surtout sa fille. L'importance de la famille est aussi le sujet du film.
Le cartel exige de plus en plus tandis que le FBI est sur sa trace, sa réputation d'excellent passeur, grandissant.
Earl Stone, vétéran de Corée est un peu conservateur et réac et on sent que Clint Eastwood a joué avec sa propre réputation pour interpréter ce personnage et qu'il y prend beaucoup de plaisir. On peut dire aussi qu'Earl est têtu comme une mule ce qui déplait à son boss mexicain.
Le film est drôle et tendre en opposition à la dure réalité du trafic de drogue, le regard de Stone sur tout ce qui l'entoure est piquant et nature.
Un très bon cru Eastwood qui signe son meilleur et plus personnel film depuis longtemps.

 

L'ordre des médecins de David Roux

Simon (Jérémie Renier parfait) est pneumologue à l'hôpital public. C'est un bon médecin qui passe sa vie ici, apprécié de ses collègues. Il semble parfois un peu raide avec ses patients à qui il ne promet jamais de miracle juste de la médecine.
Mathilde, sa mère (la trop rare Marthe Keller) fait une récidive de son cancer. Elle est admise à l'hôpital de Simon. Lorsque son état s'aggrave, Simon décide de s'occuper d'elle. Il passe de l'autre côté et se retrouve sans blouse blanche à la place du patient, à la place du fils. C'est une double vision de l'hôpital proposé par le film. Simon change de place, il est dérouté, ses convictions sont remises en question. La frontière entre le privé et le professionnel est ténue.
Ici l'hôpital tel que le connaissent ceux qui y sont allés en patients ou visiteurs est très réaliste. Une ambiance calme, pas de gens qui courent dans tous les sens, pas de décors qui pètent, juste le quotidien. On trouve toujours que ça ne va pas vite, que les examens c'est long, qu'il ne se passe pas grand chose finalement dans une journée. Et pourtant tous les jours des malades entrent et sortent guéris, meurent aussi parce qu'à un moment la médecine déclare forfait... Malgré des histoires tristes le film ne sombre jamais dans le pathos.
Simon est entouré de son père et de sa soeur (lumineuse et douce Maud Wyler qu'on devrait voir plus souvent au ciné je trouve), une famille unie qui vibre aux sons de chants yiddish qu'affectionne Mathilde. Il y a aussi Julia, la compatissante interne (Zita Hanrot que j'aime vraiment beaucoup depuis Fatima) qui ne laisse pas Simon indifférent.
J'ai trouvé la musique de Jonathan Fitoussi parfaite pour aller avec l'ambiance et le décor de l'hôpital.
J'ai beaucoup aimé, l'histoire, son traitement, les interprétations, la délicatesse...

 

The hate you give (THUG) de George Tillman Jr d'après le roman éponyme d'Angie Thomas


La première scène est un uppercut qui a fait mal à mon humanité et à ma maternité. Un père noir apprend à ses enfants de 9 et 10 ans comment réagir en cas de contrôle policier pour éviter qu'une situation ne dégénère.
Starr ne l'oubliera jamais et elle mettra ces principes en application le soir où Khalil et elle se font contrôler par un jeune policier blanc. Elle assiste alors, impuissante au meurtre de son ami d'enfance... une bavure de plus justifiée par le système...
Starr est tiraillée entre témoigner ou faire profil bas. Starr a 16 ans et elle habite un quartier ou certains "thugs" font la loi. Elle va dans un lycée blanc huppé. Starr est tiraillée entre ces deux mondes.
C'est l'histoire d'une grande injustice qui dure depuis si longtemps, mais surtout celle d'une prise de conscience qui va monter en Starr au fur et à mesure dans le contexte Black lives matter. J'ai beaucoup aimé la façon dont ses parents l'entourent.
Plus que jamais il faut faire entendre sa voix et enrayer la haine qui suinte dans toutes les communautés blanches et noires.
Amandla Stenberg (émouvante Rue dans Hunger Games) est une Starr qui crève l'écran.
Le film est formaté comme un teen movie, on retrouve K.J Apa la star de Riverdale et Sabrina Carpenter (le Monde de Riley), de la musique très présente, des scènes de lycée... mais ce n'est pas une critique de ma part (vu mon amour des teen movie) car justement le film peut être vu avec des ados dès le collège et est propice à la discussion ensuite. 'La haine qu'on donne aux enfants détruit tout le monde..."

Rédigé par Carole Nipette

Publié dans #Avis cinéma-Revue de films

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T
J'avais bien apprécié ce film sur deux personnes différentes liées par un "lien de subordination" (l'une conduisant l'autre) et qui doivent "faire du chemin" l'une vers l'autre. Film que je mets en parallèle avec "Miss Daisy et son chauffeur" ou "Les parfums"...<br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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C
j'avais deviné :)
T
(mon commentaire visait "Green Book" bien sûr)!
S
Je vais guetter la sortie sur canal de l’ordre des médecins et du film avec Julia Robert
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C
:)
M
Avec mes ados on a beaucoup aimé The Hate U Give
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C
C'est bien formaté pour les ados et tant mieux !
S
The hate U give, mon ado m'en a parlé, elle a réservé d'ailleurs le livre à la bibliothèque, sinon je pense voir The Green book
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A
Avec mon rabat joie on avait dit qu'on se ferait un ciné plus souvent. On état bien parti et puis... bref le dernier ciné c'était Astérix en famille et on a kiffé. J'aurai aimé voir Bumblebee
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K
J’aime toujours autant tes chroniques. J’ai envie de voir presque tout du coup (mention spéciale pour Julia Robert que j’adore et Green Boon)
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G
on a vu un film ce mois ci ! On a pu se faire l'avant première de Alita et c'était génial, je te le conseille !<br /> Une dystopie au top
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C
Il fait partie de ma liste mais pas sûre que j'arriverai à le voir au ciné avec les vacances qui arrivent...
M
J'ai beaucoup aimé le roman The hate U give, je veux le voir au ciné, mon mari a vu la Mule et bien accroché, je suis moins tentée, et enfin Ben is back me tente beaucoup.
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C
Pourtant c'est vraiment bien La Mule :)
U
J'ai vu une émission avec les acteurs de "l'heure de la sortie" ce film m'a eu l'air "so strange"
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C
oui c'est strange mais j'aime bien l'ambiance justement !