Génération perdue dans notre système scolaire
Publié le 6 Décembre 2013
Quand j'étais beaucoup plus jeune, je kiffais ce film "Génération Perdue" de Joel Schumacher. Le bon petit film de vampire avec tous les ingrédients des teen movies comme j'aime. Et maintenant à chaque fois que j'entends cette expression je ne peux m'empêcher de penser à la génération de ma fille.
Elle a 8 ans en 2013, fait-elle partie d'une génération perdue ? Essuie t'elle les plâtres d'un système scolaire à bout de souffle ?
Entre la réforme des rythmes scolaires qui semble capoter et la publication du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) qui place la France à la 25e place du classement, je m'inquiète et je me pose des questions.
En une du Monde daté du 4 décembre, on peut lire "Loin de les corriger, l'école française ne fait qu'accentuer les inégalités sociales entre élèves". Cet article du Monde.fr résume les points faibles montrés du doigt par l'OCDE qui dirige le PISA.
Depuis que ma fille est entrée dans le système scolaire public en 2008 ces histoires d'inégalités m'ont sautées aux yeux surtout dans une grande ville comme Paris.
Après je ne suis pas pour la critique uniquement de l'école car les parents font partie du système et sont parfois eux mêmes perdus. Il y a des questions à se poser sur la façon dont on peut impliquer, dont on doit impliquer plus les parents dans le suivi scolaire de leurs enfants.
Ma fille a commencé sa scolarité dans des écoles normales mais classées en zone ZEP, dans Paris 12, oui ça existe. Et force est de constater que l'école ne peut répondre aux problèmes d'apprentissage de tous les enfants.
Comment un enfant peut il faire correctement ses devoirs quand la famille (où plutôt la maman solo) habite une chambre d'hôtel ou un foyer ? Comment l'enfant peut il se faire aider dans la lecture quand ses parents ne savent pas lire ou ne parlent presque pas le français ?
Comment une maitresse peut réellement s'occuper de 6 ou 7 enfants qui sont à la traîne dans une classe de 28 alors qu'elle a un programme de dingue à enseigner ? Ah le mois de juin où l'on voit apparaître une nouvelle notion chaque jour dans les cahiers pour finir ce sacro-saint programme... les enfants n'ont même pas le temps d'assimiler ! Et des enseignants se plaignent de ne plus avoir le temps de discuter avec les élèves, tout simplement.
Alors oui on peut rester chacun dans son coin et se dire que nous on a de la chance parce qu'on est là pour aider, parce que s'il le faut on pourra lui faire prendre des cours de soutien. Mais la génération future qui fera le pays de demain n'est pas que composée des élites...
Est ce que commencer par réformer les rythmes scolaires sans préparation était la meilleure façon de s'y prendre ? Est ce que toucher à l'emploi du temps des maternelles était justifié ? Est-ce qu'il n'aurait pas fallu commencer par alléger les programmes et ensuite réformer la journée ?
Comment a t'on pu penser que la réforme serait égalitaire alors qu'elle touche à la gestion personnelle de chaque commune ?
Est-ce que cette année rythmée par les grèves incessantes des profs depuis la rentrée ne va pas pénaliser les élèves qui devront faire encore plus d'efforts pour arriver à la fin du programme début juillet ?
Est ce que vraiment les syndicats de profs ont envie que ça change en profondeur ? Je ne parle pas que des rythmes mais chaque réforme aussi bonne soit-elle dans le fond se heurte aux syndicats.
Et je ne parle même pas des problèmes de discipline et de respect, notions qui semblent avoir disparues du paysage scolaire. Quand j'étais gosse on respectait les profs, les parents ne s'opposaient pas à eux pour une mauvaise note ou une réprimande justifiée, là aussi un gouffre s'est creusé qui semble sans retour...
Je me pose des tas de questions sur la génération de ma fille qui évolue dans un système qui favorise les élites et dont toute la primaire va se faire sur fond de réforme et de révolte. Je n'ose même pas penser au collège et au lycée si rien de sérieux et de concret n'est fait d'ici là. Les systèmes de notation ont changé des dizaines de fois depuis que j'ai quitté l'école, les appellations de Bac aussi de même que les programmes, les méthodes d'apprentissage de lecture avec les dégâts que l'on connait, de calcul, les évaluations sont apparues dès la maternelle...
Je me pose des questions sur un enseignement qui n'évolue pas avec son temps. Où sont vraiment les cours de langues vivantes en primaire, les cours d'informatique qui sont limités faute de temps, de formation et de moyens ?
Je me pose des questions et je n'ai pas toutes les réponses mais quelqu'un les a-t'il vraiment ?
Je leur souhaite bon courage à nos enfants et j'espère que les dirigeants et le corps enseignant réussiront un jour à s'entendre pour trouver la solution qui rendra à notre école ses lettres de noblesse.