Sur la route...
Publié le 25 Août 2011
Prendre la route, faire la route, des mots simples synonymes de voyages, de découvertes mais aussi de stress, de fatigue, d'inconnu... Prendre la route pour partir en vacances me fait toujours un effet étrange.
Paris – La Pobla de Montornes, 1100km à faire en deux fois. Je ne suis pas du genre à me lever à 4h du matin pour arriver le soir à 20h et avaler les kilomètres. J’aime conduire mais il faut que ça reste un plaisir et que ce soit sans danger. Mon frère était le deuxième conducteur, on a tenté de se relayer en fonction de la fatigue de chacun.
Première étape, 700km pour rejoindre Aguessac dans l’Aveyron.
C’est marrant mais les premiers 100km sont toujours les plus longs, interminables, après ça défile plus vite.
Quand je conduis je suis perdue dans mes pensées, j’essaie de regarder le paysage et je pense souvent à l’accident. C’est comme ça. Je me dis toujours que ça peut arriver à n’importe qui et surtout que même si moi je fais attention, les autres peuvent être un danger. C’est une attention permanente, c’est aussi pour ça qu’on s’arrête souvent, pour se détendre mais aussi pour briser la monotonie.
Quand on arrive à bon port, ouf de soulagement. C’est un stress de conduire surtout avec trois enfants à l’arrière.
La route de lendemain de la France vers l’Espagne, un voyage en enfer. Les routes se suivent et ne se ressemblent pas.
Un début magnifique sur les petites routes aveyronnaises. Retour sur l’autoroute, quelques bouchons vers Béziers, il ne fallait pas rêver mais rien de méchant. Passage de la frontière en douceur puis au bout de 80km sur l’Autopista 7, un vrai bouchon dû à un accident. On voit passer les pompiers, les ambulances, la police, on se dit que ça doit être méchant. On roule à 10 à l’heure et le lieu de l’accident approche. On demande aux enfants de se cacher les yeux. J’en suis encore traumatisée, quatre voitures sur 100m, une complètement retournée, une autre dont l’avant n’est plus que de la tôle froissée, des gens allongés, les pompiers qui essaient d’en sortir d’autres des voitures, des blessés graves, des morts peut être… A quelques minutes près, ça aurait pu être nous. J’ai redoublé de prudence après ça, j’étais mal, vraiment mal, un sentiment de malaise et d’impuissance.
Même pas dix minutes après, un déluge s’abat sur la route. Des trombes d’eau, de l’orage, des éclairs hallucinants. On n’y voyait rien. On a roulé ainsi pendant presque une heure, à 20 à l’heure avec les warning allumés. Des dizaines de voitures arrêtées sur la bande d’arrêt d’urgence. Je n’ai jamais vu ça de ma vie. A Barcelone, c’était pire, des voitures immergées sous les ponts, impressionnant. J’ai vraiment eu peur mais on ne pouvait pas s’arrêter, juste rouler doucement en restant calme.
A 20 km de l’arrivée, le ciel s’est enfin éclairci et j’ai respiré un grand coup.
Au retour, je me suis faite surprendre par la nuit, seule avec Nina malade et épuisée, des bouchons interminables dès l'arrivée en France. Route de nuit, on se perd, on voit rien sans les phares, peur … l’impression d’être seul au monde sur les petites routes... Soudain on a l'impression qu'il pleut sur le pare brise, ce n'est qu'une pluie de moustiques en traversant la Camargue...
Sur la route, les émotions, les instants sont fugaces. On voudrait les saisir, les savourer plus longtemps mais à peine aperçus, ils sont déjà loin. Je voudrais que mes yeux puissent cligner pour prendre le cliché. Quand je ne conduis pas je prends souvent des photos, le ciel et les nuages me fascinent, les couleurs de champs me reposent et me transportent.
Des centaines d’émotions de toutes sortes me traversent l’esprit chaque fois que je prends la route. Le voyage se fait aussi dans ma tête… Une aventure à chaque fois et quand on arrive au bout sains et sauf, je me dis toujours qu’on a eu de la chance…