La lectrice que je suis
Publié le 13 Mars 2015
La littérature et moi c'est une histoire qui remonte à ma petite enfance. La littérature et moi c'est une histoire de survie. Pendant 10 ans j'ai lu à défaut de pouvoir vivre la vie d'une enfant comme les autres.
J'ai lu tout ce que je trouvais, tout ce que j'avais sous la main, j'ai dévoré jusqu'à plus soif. J'avais 6 ans, j'ai commencé avec toute la Bibliothèque rose de l'époque : tous les Oui-Oui, les Club des Cinq, Les deux jumelles (ma série préférée), Malory School, les Fantômette... Je vouais un culte à Enid Blyton ! Puis j'ai vécu des aventures avec le Clan des Sept ou les Compagnons de la Croix Rousse, j'ai frissonné avec Alice, j'ai été amoureuse de Langelot le bel agent secret crée par Lieutenant X. J'ai lu des centaines de livres dont j'essaie parfois de me remémorer les titres mais sans succès.
Quand je vois ce que sont devenus ces Bibliothèques Rose et Verte aujourd'hui j'ai envie de pleurer avec toutes ces adaptations en livres débiles de séries télés, animées ou non, pas souvent plus intelligentes. Quand je trouve les vieilles éditions dans des brocantes j'en achète en espérant que Nina les lira aussi.
A l'adolescence je me souviens pas de toutes mes lectures parce que c'était plus compliqué de lire. Disons que dans ma pension ils surveillaient les lectures. C'est l'époque où j'ai dévoré tous les Agatha Christie. C'est probablement de là que me vient mon goût pour les polars !
J'ai lu aussi les classiques avec le collège et le lycée, Stendhal, Alphonse Daudet, Jules Verne, tous les Molière évidemment et surtout Emile Zola. La lecture de Germinal fut un grand moment dans ma vie de jeune lectrice. Je me souviens à peine d'avoir lu Victor Hugo et je sais que je n'ai dû lire qu'un seul roman de Balzac en tout et pour tout.
Il y a eu aussi les livres qui vous retournent et remettent en question le monde édulcoré dans lequel on vit comme Le Journal d'Anne Franck.
Qui dit lectures surveillées, dit lectures interdites et évidemment dans ces cas là on a envie de lire ce qui est interdit ! L'interdit c'était genre Barbara Cartland. Imaginez donc des livres avec des hommes et des femmes qui s'aiment et qui s'embrassent voire qui pratiquent des actes sexuels. J'avais donc une copine de collège qui me prêtait sa collec de Cartland que je lisais en cachette pendant les cours (j'ai même pas honte !) car impossible de les ramener à la pension. Les sacs étaient fouillés au retour de l'école et je me suis fait choper avec un livre "subversif", croyez moi ça a bardé ! Dans le même genre j'avais emprunté chez ma grand-mère la série des Peyton Place et je les planquais sous mon matelas.
Par contre, même si je connaissais toutes les histoires à travers le cinéma, je n'ai lu Alexandre Dumas que très tard. J'avais la trentaine quand j'ai dévoré d'une traite les 2 tomes du "Comte de Monte Cristo" et ça reste un de mes plus grands souvenirs de lectrice, dans mon top ten littéraire si tant est que je puisse en faire un. Ce livre est non seulement merveilleusement écrit mais c'est aussi une des plus incroyables et passionnantes histoires jamais inventée.
Puis je suis arrivée à Paris, j'avais 16 ans et j'ai enfin pu lire tous les Boris Vian, un de mes auteurs français préférés. Raymond Queneau aussi.
Un peu plus tard, grâce à mon père, j'ai découvert John Fante. J'ai lu tous ses livres à la suite. Entrer dans l'univers d'Arturo Bandini et de sa famille reste un de mes plus beaux souvenirs de littérature.
Au fur et à mesure j'ai lu les auteurs américains que je ne connaissais pas. Après Fante, il y a eu Bukowski et surtout le choc Hubert Selby Jr et le choc de la première lecture du "Démon" suivie de celles de Last exit to Brooklyn et Retour à Brooklyn (Requiem for a dream). Un coup de foudre dont je ne suis pas encore remise tellement je trouve l'auteur brillant. Il parait que lorsque l'on aime Selby, on aime Bret Easton Ellis. Selby n'aillant pas écrit beaucoup en raison de son état de santé, je me suis abreuvée de Bret Easton Ellis dont j'ai tout lu depuis le début. On dit que c'est un de ses successeurs, je laisse d'autres juger de ce point...
Même si j'aime plus que tout ce genre littéraire réaliste et parfois glauque et triste, j'ai dévoré des livres plus légers comme la saga des Chroniques de San Francisco d'Armistead Maupin ou les livres de Stephen Mc Cauley. Par contre je ne suis pas fan de chick-lit. J'ai lu quelques sagas françaises qui pourraient s'apparenter à ce genre acidulé comme "La bicyclette bleue" de Régine Deforges ou la trilogie de Katherine Pancol mais même si je prends plaisir sur le moment, tout ça n'est pas assez noir pour moi et surtout pas dans le style littéraire que j'aime vraiment. "Le Diable s'habille en Prada" je le préfère au cinéma !
Je ne peux pas citer tous les autres auteurs américains que j'ai lu mais il y a Donna Tartt, rare et essentielle, Jim Harrison, John Steinbeck, Williaum Faulkner, Philip Roth, Ernest Hemingway, Ray Bradbury, Saul Bellow, Isaac Bashevis Singer, Iceberg Slim, Toni Morrison, Cormac McCarthy, Joyce Carol Oates, Richard Brautigan... Jamais je n'arriverai à les citer tous, il y en a dont j'ai lu un seul livre, d'autres que je n'aurais jamais le temps de lire, d'autres que je ne veux pas lire...
Mes auteurs préférés sont donc largement américains (avec un français nommé Boris !) mais je vais aussi voir dans le monde entier et souvent par le biais du polar d'ailleurs. Le polar est mon genre de prédilection depuis longtemps, disons que c'est très très addictif. C'est par le polar que je connais la Suède (Henning Mankell...), la Norvège (Jo Nesbo), la Finlande ou l'Islande (Arnaldur Indridason). Mes auteurs favoris sont Michael Connelly, Mo Hayder, Fred Vargas, Dennis Lehane, Patricia Cornwell, Tony Hillerman, Herbert Liebermann, Patricia Highsmith, Mary Higgins Clark (première époque), Harlan Coben, PD James, Manuel Vázquez Montalbán et plein d'autres.
Je lis beaucoup moins qu'avant mais je sais exactement pourquoi. Il y a deux facteurs qui sont entrés en ligne de compte depuis une bonne dizaine d'années : les séries télévisées et le portable. Avant je lisais beaucoup dans les transports, maintenant j'alterne entre livres et séries mais comme je suis vraiment une série addict c'est difficile. J'ai du mal à ne pas surfer sur le téléphone avant de dormir alors qu'avant je lisais un peu lit. Ça m'arrive de lire le soir mais moins souvent.
Il fut un temps où je lisais tout le temps dans le métro et le RER... J'ai souvent raté ma station de métro le matin et ça m'arrive avec les séries d'ailleurs. Un jour avec American Psycho j'ai carrément loupé deux stations de RER A un soir, une vraie galère ensuite pour rentrer...
J'adore lire, je lis quand je peux, je lis trop de polars, j'ai du mal à lire autre chose que des romans et j'ai de grosses lacunes genre je n'ai jamais lu Proust à part "Un amour de Swann" et ce n'est pas le seul auteur "incontournable" de la liste. Un jour peut être... le problème c'est que l'offre est illimitée alors que notre temps est loin de l'être. A la recherche du temps perdu tiens...