Lectures Novembre / Décembre 2015
Publié le 28 Décembre 2015
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee / Livre de Poche
Je viens tout juste de commencer "Va et poste une sentinelle" de l'auteur mais avant il fallait que je rattrape une grosse lacune en lisant "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" son roman culte, prix Pulitzer 1961, devenu un classique de la littérature américaine que tous les enfants lisent à l'école.
C'est un grand roman sur l'enfance et sur l'éveil des consciences. Les aventures de "Scout" Finch et sa famille sont drôles, tendres, cocasses et parfois empreintes de tragédie sociale. Il y a l'histoire de Scout qui grandit entourée de son frère Jem, de son père Atticus, avocat et de Calpurnia, la gouvernante noire qui fait office de maman. Les amis, les voisins, les écoliers, tout ce petit monde gravite autour de Scout qui raconte avec ses mots et sa vision d'enfant tout ce qui se passe dans sa vie et dans celle de la petite ville de Maycomb. Il y a l'histoire d'Atticus Finch qui élève seul ses enfants avec bienveillance et intelligence et qui est chargé de défendre un noir accusé de viol sur une blanche. Dans l'Alabama des années 30 ceci aura des répercussions sur toute une famille et toute une ville.
Scout est une petite fille espiègle, aventurière, franche mais pleine de bon sens. Elle est très proche de son grand-frère Jem avec qui elle fait les 400 coups mais aussi à qui elle se confie. Elle est douée et a du mal avec l'école qui ne la comprend pas. Ces deux enfants ne pourront pas rester impassible à ce qui se passe quand leur père va devoir défendre un noir innocent, condamné avant d'être jugé, et subir la hargne et la haine de toute une population raciste. Atticus Finch défend la justice avec force et conviction jusqu'au bout malgré les menaces.
Harper Lee fait passer beaucoup de messages sur la tolérance et la justice, sur ce vivre ensemble et certaines citations résonnent encore plus fort aujourd'hui.
C'est une grande leçon qui est donnée à travers ce procès pipé d'avance. Un jury d'hommes blancs préfère condamner un noir innocent plutôt que le pire des blancs. Le lecteur est à la même place que Scout et Jem qui sont scandalisés, dévastés et tristes. Ils réagissent avec leur coeur d'enfant et ne voient que de l'injustice flagrante. Les échanges entre Atticus et ses enfants sont extraordinaires à ce moment là du roman.
J'ai adoré du début à la fin. Jean Louise "Scout" Finch est une petite fille vraiment attachante et son regard sur le vie est merveilleux. L'enfance dans une toute petite ville dans toute sa splendeur, l'enfance avec ses joies, ses interdits, sa place dans la famille et les histoires de voisinage, ses petits bonheurs et ses désillusions. Un grand roman !
"- On va gagner, Atticus?
- Non, ma chérie.
- Alors pourquoi...
- Ce n'est pas parce qu'on est battu d'avance qu'il ne faut pas essayer de gagner. "
Un roman écrit par Delphine dans lequel Delphine, celle de la vraie vie, est le personnage principal. Mais est-ce pour autant une histoire vraie ?
Je suppose qu'une majorité (ou tous ?) d'écrivain est confronté à la page blanche. Ici cela devient dramatique à tel point que l'idée même d'écrire rend Delphine malade. Une femme L. s'impose petit à petit dans sa vie jusqu'à ce qu'elle lui devienne indispensable. C'est une manipulatrice que le lecteur perce à jour assez vite et qui distille habilement ses idées et son venin. On voit une forme de harcèlement moral très subtil. Le roman vire même presque au thriller sur la fin et on se prend à avoir peur pour Delphine car cette L. est toxique et dangereuse.
L'auteur prend le lecteur à parti et se remet en question, l'écrivain incarné par l'auteur se remet en questions et l'être humain qui se cache sous l'écrivain et sous l'auteur se remet en question.
J'ai bien aimé le rapport entre ces deux femmes et la façon dont L. s'immisce très intelligemment dans la vie de Delphine. Un jeu pervers qui se joue à deux. On observe une araignée qui tisse sa toile avec application, un jeu de chat et de souris, un piège qui se referme lentement sur une victime presque consentante...
L'écriture est magnifique, pleine de poésie et d'intensité. Vraiment très très bien écrit mais je n'ai pas accroché plus que ça à la première nouvelle qui donne son titre au roman. L'histoire de cette jeune fille de 14 enceinte qui danse et parle avec les dauphins est certes pleine de métaphores mais je n'ai pas adhéré ou plutôt ça ne m'a pas intéressée. La renconte entre le jeune fille et l'écrivain ne débouche sur pas grand chose et c'est dommage car tout ce que l'on devine ou l'on suppose de l'histoire d'Irène a beaucoup de potentiel.
J'ai préféré les deux autres petites histoires plus courtes mais plus fortes car peut être plus ancrées dans une réalité que l'on peut atteindre et où l'on peut s'identifier.
Lontano de Jean-Christophe Grangé / Editions Albin Michel
Voilà longtemps que je n'avais lu un Grangé, plus par oubli et manque de temps que par non envie. J'ai dévoré des Rivières pourpres à Miserere et repris avec ce dernier paru, Lontano.
Et j'ai dévoré ce Lontano de 800 pages !
J'ai été embarquée dans le récit très vite. Il y a tout de suite un capital sympathie pour Erwan le flic de père en fils de la famille Morvan. Il est très doué mais doit sans arrêt faire avec l'ombre de son père, doué lui aussi mais corrompu et cachant beaucoup trop de secrets, un "barbouze" important de la République. Le fils va t'il réussir à s'affranchir du père ?
C'est un thriller haletant qui nous embarque sur les traces d'un serial-killer ressurgi du passé.
C'est une saga familiale où trois enfants tentent tant bien que mal de se construire dans l'ombre d'un père ultra protecteur et violent et d'une mère qui semble être une victime consentante du caractère bien trempé de son mari. Les deux genres mélangés fonctionnent vraiment bien ici. On s'attache au clan Morvan et à ses failles, on frémit devant ces histoires qui remuent le passé colonial en Afrique.
Hormis l'histoire financière dont je n'ai pas compris l'intérêt plus que ça, j'ai vraiment aimé ce thriller à suspense et à la psychologie intéressante. Le livre aborde pas mal de sujets comme le bizutage des grandes écoles, l'histoire contemporaine du Congo, les magouilles de la "FrançAfrique", les barbouzes, les cellules souches et la poursuite de l'immortalité...
La fin laisse augurer une suite et il paraît qu'un tome 2 est prévu. En tout cas je suis partante pour vivre d'autres histoires avec le personnage d'Erwan Morvan !