The Disaster Artist, Razzia, Tesnota / Revue de films

Publié le 25 Mars 2018

The Disaster Artist, Razzia, Tesnota / Revue de films

The Disaster Artist de James Franco

 

"En 2003, Tommy Wiseau, artiste passionné mais totalement étranger au milieu du cinéma, entreprend de réaliser un film. Sans savoir vraiment comment s'y prendre, il se lance … et signe The Room, le plus grand nanar de tous les temps. Comme quoi, il n'y a pas qu'une seule méthode pour devenir une légende !

Je ne savais pas à quoi m'attendre avec ce film qui raconte l'histoire d'un ovni du cinéma. Tommy Wiseau est vraiment un personnage déroutant et unique.

Greg est une jeune comédien pas très à l'aise, il n'a que des amis enfants. Tommy a visiblement besoin de s'exprimer et il en fait des caisses. Il intrigue avec son côté bisounours et ne supporte pas d'être au second plan. Excentrique est un mot faible pour qualifier ce grand enfant. Il vit sur sa propre planète. Ces deux-là, deux solitaires pour des raisons différentes, sont faits pour se rencontrer avec leurs rêves de célébrité et de cinéma.

Tommy et Greg n'ont aucun recul sur leur talent de comédien, c'en est fascinant. Quand ils commencent le film, tout le monde est consterné par Tommy carrément à côté de la plaque en tant que réalisateur et tant que comédien mais au final c'est l'argent qui décide. Car Tommy a les moyens de financer le film, un des mystères du personnage...

Le film raconte aussi une belle histoire d'amitié mise à mal quand Tommy se révèle un vrai tyran sur le plateau de tournage. Greg n'arrive pas à se défaire de l'emprise de celui qui lui a donné sa chance... Culpabilité quand tu nous tiens...

James et Dave Franco jouent à merveille les comédiens qui ne savent pas jouer. Ils sont des Tommy Wiseau et Greg Sestero plus vrais que nature. Le film raconte une histoire vraie totalement improbable et pourtant... mais c'est aussi une vraie comédie, j'ai ri de bon coeur très souvent ! J'ai vraiment aimé ce film, une belle surprise...

Pourquoi j'y suis allée : pour les frères Franco et l'histoire

The Disaster Artist, Razzia, Tesnota / Revue de films

Razzia de Nabil Ayouch

 

"A Casablanca, entre le passé et le présent, cinq destinées sont reliées sans le savoir. Différents visages, différentes trajectoires, différentes luttes mais une même quête de liberté. Et le bruit d’une révolte qui monte…."

Après "Much Loved", Nabil Ayouch montre encore de nouvelles facettes du Maroc, pas celui que l'on connait des cartes postales et du tourisme... Je ne suis jamais allée au Maroc mais je le connais à travers les reportages, les films, les émissions touristiques... et certaines facettes du pays que montre Nabil Ayouch m'étaient totalement inconnues.

Le film nous montre plusieurs personnes face aux changements de leur société. On commence dans les années 60 avec Abdallah, un professeur désemparé devant ses élèves perdus car ils ne comprennent pas l'arabe. Les islamistes intégristes commencent à s'installer dans les montagnes et forcent les gens à renier leur langue natale, le berbère. Tout comme ils veulent contrôler les enseignements... Il part pour retrouver la liberté...

Puis on retrouve une société marocaine contemporaine pleine de contrastes et de différences entre les populations. D'un côté les manifestations des intégristes qui renient les libertés, on a du mal à imaginer des femmes qui manifestent pour qu'on leur enlève des droits et pourtant... De l'autre les étudiants qui manifestent pour une vie meilleure, pour avoir du travail, celui que leurs études aurait dû leur permettre de trouver... Au milieu de ce climat, des hommes et des femmes qui tentent de vivre leur vie comme ils l'entendent mais est-ce encore possible ?

Il y a ces jeunes marocains qui rêvent d'ailleurs comme Hakim qui veut devenir le Freddy Mercury du Maroc. Il y a Joseph qui ne se rend pas compte de la montée de l'antisémitisme, lui qui a toujours vécu à Casablanca entouré de toutes les communautés sans qu'il n'y ait de conflits... Il y a Salima qui refuse d'obéir au doigt et à l'oeil à son mari et Inès, jeune fille de la haute société partagée entre ses croyances et ses désirs... Ils font tous écho à Abdallah...

Le point commun entre tous ? Un désir de changement ou de comprendre le changement qui se joue. Un désir de liberté et d'indépendance, un désir de réaliser ses rêves... Comment être confronté aux changements de mentalités, comment s'adapter sans y laisser son âme...

Il y a une violence latente tout au long du film sur fond de manifestations étudiantes qui fait froid dans le dos quand elle éclate là où on ne l'attend pas. Casablanca, ville cosmopolite ou cohabitent ces mondes si différents, une jeunesse oubliée, une autre qui se croit tout permis parce qu'elle a de l'argent et qui vit dans un autre monde...

Razzia c'est la rage, le désespoir, la fin d'un monde, la nostalgie d'un monde en décomposition et l'espoir aussi... Il y a une intensité qui monte au fur et à mesure que le film avance et ce fut un peu mon état d'esprit durant le film. Je suis sortie de la salle un peu sonnée par ce film que j'ai beaucoup aimé et qui m'a pas mal remuée...

Pourquoi j'y suis allée : parce que j'avais beaucoup aimé Much Loved

The Disaster Artist, Razzia, Tesnota / Revue de films

Tesnota, Une vie à l'étroit de Kandemir Balagov

 

"1998, Nalchik, Nord Caucase, Russie.
Ilana, 24 ans, travaille dans le garage de son père pour l'aider à joindre les deux bouts. Un soir, la famille et les amis se réunissent pour célébrer les fiançailles de son jeune frère David. Dans la nuit, David et sa fiancée sont kidnappés et une rançon réclamée. Au sein de cette communauté juive repliée sur elle-même, appeler la police est exclu. Comment faire pour réunir la somme nécessaire et sauver David ? Ilana et ses parents, chacun à leur façon, iront au bout de leur choix, au risque de bouleverser l'équilibre familial." Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement

Une communauté dont je n'avais jamais entendu parler avant de voir ce film, les Kabardes, un peuple du Caucase. Parmi eux, une petite communauté juive et comme le dit le titre, une vie à l'étroit pour ces deux petites sociétés qui cohabitent sans se vraiment se rencontrer.

Les conditions de vie sont très difficiles, il n'y a pas beaucoup de travail ni de distractions pour ces jeunes de Nalchik. Ilana est en rébellion totale, elle travaille dans un garage alors que tout le monde, sa mère la première souhaiterait qu'elle fasse quelque chose de plus "convenable" pour une jeune fille. Elle sort avec un kabarde non juif et entretient parfois des relations ambigües avec lui. Quand David est kidnappé, elle qui s'est toujours sentie moins importante aux yeux de sa mère qui voue une admiration sans bornes à son fils, revient au centre de l'attention car elle peut devenir la sauveuse de la situation en faisant un mariage arrangé. Les relations avec sa mère sont plus que tendues. Ce personnage de mère est d'une dureté, ces relations mère-fille sont terribles, le dialogue ne passe, la mère veut soumettre la fille et ne veut pas prendre en compte le moindre sentiment...

On sent la souffrance de part et d'autre mais la mère ne flanche pas... Ilana fera tout pour se faire entendre, de toute façon de son point de vue, elle n'a jamais eu l'amour de sa mère... Cette phrase à la fin résume bien leur relation quand Ilana dit à sa mère "Maintenant tu n'as plus personne à aimer" ne doutant pas une seconde que pour sa mère elle ne compte pas et ne comptera jamais autant que David...

Un film qui montre la réalité cruelle mais réelle de ces communautés qui semblent laissées à l'abandon dans des régions désertées et pauvres. Sur fond de guerre avec la Tchétchénie, de jeunes kabardes qui se radicalisent devant les images insoutenables des rebelles Tchétchènes torturant des soldats russes... J'ai d'ailleurs caché mes yeux tout du long de cette trop longue séquence...

L'affrontement entre la mère et la fille, l'affrontement entre les communautés, l'affrontement entre les territoires, un film dur à tous les niveaux que j'ai aimé pour sa force et son discours... Moi aussi je me suis sentie à l'étroit et à bout de souffle à la fin du film...

 

Pourquoi j'y suis allée : c'est le résumé du film qui m'a fait me décider, je n'avais rien vu d'autre

Rédigé par Carole Nipette

Publié dans #Avis cinéma-Revue de films

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