Lectures et challenge / Juin 2022

Publié le 18 Juillet 2022

Lectures et challenge / Juin 2022

Un bon mois de juin avec un total de 10 livres dont 5 pour challenge lecture de Mélanie (33 catégories sur 60).

Sur mon défi 2022 de lire 100 livres, j'en suis à 56, je suis bien !

Samouraï de Fab Caro

"TU VEUX PAS ÉCRIRE UN ROMAN SÉRIEUX ?" a conseillé Lisa à Alan, avant de le quitter pour un universitaire spécialiste de Ronsard. Depuis, Alan cherche un sujet de "roman sérieux". Il veut profiter de l’été qui commence pour se plonger avec la discipline d’un guerrier samouraï dans l’écriture d’un livre profond et poignant. Ça et aussi s’occuper de la piscine des voisins partis en vacances. Or bientôt l’eau du bassin se met à verdir, de drôles d’insectes appelés notonectes se multiplient à la surface...

Un auteur qui vit probablement dans mon cerveau tant il y a des façons de faire et de penser qui sont les miennes !

J'adore son ton, sa façon de décrire le quotidien et toutes les anecdotes de vie. On rit beaucoup évidemment et sous les rires se dessine un vrai talent pour raconter la société contemporaine. L'absurde ne l'est pas autant qu'on pourrait le penser !

 

Corregidora de Gayl Jones

Chaque soir dans les cabarets du Kentucky, Ursa monte sur scène et chante le blues, ce qui rend fou de jalousie son mari. Une nuit, il se fait violent, Ursa tombe, perd l’enfant qu’elle portait. Il n’y aura personne à sa suite à qui raconter ces histoires qui la hante, ces récits que sa mère et les femmes avant elles se sont transmis de génération en génération, pour prévenir leurs filles et pour ne jamais oublier. Des histoires d’hommes et, surtout celle de Corregidora dont elles étaient les esclaves là-bas, au Brésil, et dans le lit duquel il leur a fallu gagner quelques miettes de pouvoir et de liberté.

Incontournable classique américain pour la première fois traduit en français près de 50 ans après sa sortie.

Un roman sans concessions sur la condition des femmes noires aux USA de l'esclavage à aujourd'hui. Une écriture vive, brûlante, urgente, souvent rude pour dénoncer des crimes à travers l'histoire.

L'importance de la transmission orale, le témoignage qui construit une identité féminine, les traumas qu'on se traine de génération en génération, la façon dont on appréhende le sexe et son corps de femme, la maternité... Ursa est un personnage d'une force remarquable, une femme blessée et porteuse d'un lourd fardeau familial, une femme qui devra se réapproprier sa propre histoire pour avancer...

Catégorie 11 : un livre qui met en scène un.e artiste

Premier sang de Amélie Nothomb

« Il ne faut pas sous-estimer la rage de survivre. » En 1964, le père d'Amélie Nothomb, jeune diplomate et consul belge au Congo, est victime d'une prise d'otages perpétrée par des rebelles révolutionnaires. Prix Renaudot 2021.

A partir de ce fait, Amélie Nothomb raconte l'enfance et la jeunesse de son père. Le livre fait des allers retours entre la situation au Congo et les souvenirs d'enfance durant la seconde guerre mondiale. Patrick est élevé par ses grands-parents et fait des séjours réguliers chez son grand-père paternel, un poète qui élève de nombreux enfants à coup de privations et de règles difficiles. Mais pour Patrick, ils sont des moments magiques qui le feront devenir plus fort.

Un livre déclaration d'amour bourré de tendresse et de suspense ! J'ai adoré ce roman qui se lit d'une traite. Les descriptions des séjours de Patrick à la campagne chez Pierre Nothomb sont des pépites d'enfance. La situation dramatique qui se joue au Congo est émaillée d'humour.

 

Catégorie 5 : un roman avec le mot sang dans le titre

Le dimanche des mères de Graham Swift

Angleterre, 30 mars 1924. C’est le dimanche des mères, jour où les aristocrates donnent congé à leurs domestiques pour qu’ils rendent visite à leur famille. Jane, une jeune femme de chambre orpheline, le passera en compagnie de Paul, son amant de longue date. traversant la campagne inondée de soleil, elle le rejoint pour un dernier rendez-vous car Paul s’apprête à épouser une riche héritière. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu. Ce dimanche changera à jamais le destin de Jane.

Une très belle découverte grâce au challenge alors que je cherchais un titre avec un jour de la semaine. Un coup de cœur même qui m'a donné envie de lire d'autres Graham Swift.

A travers Jane, on entre dans l'intimité d'une aristocratie sur le déclin, le fin d'un monde et le début d'un autre. Une nouvelle classe émerge (j'ai pensé à la série The Gilded Age sur OCS).
Les relations entre Jane et Paul sont magnifiques, simples et sensuelles. Un contraste avec ce qu'on peut imaginer des relations domestiques-maîtres dans ces années là.

L'écriture de Graham Swift est belle, envoûtante, vraie. On dirait un arrêt sur image, une parenthèse enchantée mais le roman bascule, on ne s'y attend pas et le récit devient encore plus fort...

Catégorie 45 : un livre dont le titre contient un jour de la semaine

Lovecraft Country de Matt Ruff

Voyage au pays des monstres et du Ku Klux Klan.
Chicago, 1954. Quand son père, Montrose, est porté disparu, Atticus, jeune vétéran de la guerre de Corée, s'embarque dans une traversée des États-Unis aux côtés de son oncle George, grand amateur de science-fiction, et d'une amie d'enfance. Pour ce groupe de citoyens noirs, il est déjà risqué de prendre la route. Mais des dangers plus terribles les attendent dans le Massachusetts, au manoir du terrible M. Braithwhite... Les trois comparses retrouvent en effet Montrose enchaîné, près d'être sacrifié par une secte esclavagiste qui communique avec des monstres venus d'un autre monde pour persécuter les Noirs. C'est la première de leurs péripéties... Dans l'Amérique ségrégationniste, Atticus et ses proches vont vivre des aventures effrayantes et échevelées, peuplées de créatures fantastiques et d'humains racistes non moins effroyables.

 

J'ai eu du mal à entrer dedans puis je ne l'ai plus quitté. Un genre que je n'ai pas trop l'habitude de lire et qui rend hommage à la SF des années 1950. Un contexte surréaliste qui dénonce bien le racisme systématique de l'époque.

L'auteur joue sur les doubles peurs liées aux comportements humains et aux événements surnaturels et ça marche. J'étais mitigée sur le mélange des deux au départ mais ça fonctionne parfaitement. On tremble quand nos héros traversent certains états où chaque blanc est une menace latente tout comme lorsqu'ils se retrouvent dans des univers mystérieux et surnaturels.

La série adaptée me tentait moyen mais j'ai maintenant très envie de voir comment ont été retranscrit les délires visuels SF du livre.

Catégorie 43 : un livre dont le titre est le titre d'une série

Le dernier jour d'un condamné de Victor Hugo

« Encore six heures et je serai mort. Est-il bien vrai que je serai mort avant la fin du jour ? » Bientôt, sa tête roulera dans la sciure. Jugé, emprisonné, enchaîné, il attend dans l’épouvante. « J’ai peur » – et notre peur grandit avec la sienne. L’aumônier viendra, puis les assistants du bourreau. Il montera dans la charrette, traversera la foule hideuse. Au bout de la marche au supplice, l’apparition de la guillotine. On dit qu’on ne souffre pas, que c’est une fin douce, mais qui le sait ?

Avec lui, nous vivons ce cauchemar, cette absurdité horrifiante de la peine capitale que personne avant Victor Hugo n’avait songé à dénoncer.

Impossible de ne pas se mettre à la place du condamné, de ne pas avoir peur avec lui, de ne pas avoir envie de lui pardonner. La description est réaliste du début à la fin, le jugement, la prison, l'attente, l'espoir... et le moment fatidique. La fin inéluctable...

Un récit glaçant qui fait réfléchir sur cette institution que de nombreux pays continuent de pratiquer. Le passage sur le ferrement des forçats condamnés au bagne m'a retournée tellement leur traitement est inhumain. On a du mal à croire que ce genre de pratique avait lieu dans notre pays...

Catégorie 49 : le livre de votre PAL dont la date d'édition est la plus ancienne

Missing New York de Don Winslow

Une heure. Puis deux. Des jours entiers s’écoulent, et toujours aucune trace de la petite Hailey Hansen, Afro-Américaine de cinq ans. Personne n’a rien vu, rien entendu. Fouilles et interrogatoires, brigade cynophile, battues avec l’aide des flics des comtés voisins : la police fait de son mieux. Jusqu’à un certain point. Car personne ne l’admet, mais on remue ciel et terre pour retrouver les petites filles blondes, pas les enfants métis de mère modeste et alcoolique.

Tout laisse présager un dénouement tragique. Le sergent Decker ne peut s’y résoudre : il a donné sa parole à la mère de l’enfant. Alors, poussé par le devoir, il plaque tout et part en quête de la fillette sur les routes d’Amérique, de motels en stations-service, de New York jusqu’aux Hamptons. Où tout bascule.

Jamais déçue avec Don Winslow. Un récit bien construit, une enquête minutieuse et de longue haleine qui nous entraine sur la piste des disparitions de jeunes filles et de ce qu'elles peuvent devenir si elles restent en vie. Un flic poussé par le besoin de faire ce qu'il faut et d'aller au bout de son engagement.

 

Vendetta de R.J Ellory

2006, La Nouvelle-Orléans. Catherine, fille du gouverneur de Louisiane, est enlevée. Son garde du corps est assassiné. L'enquête est confiée au FBI. Très vite, le kidnappeur, Ernesto Perez, se livre aux autorités... Il veut s'entretenir avec Ray Hartmann, un obscur fonctionnaire qui travaille à Washington dans une unité chargée de la lutte contre le crime organisé. C'est le début d'une longue confrontation entre les deux hommes jusqu'à l'étonnant coup de théâtre final.

Ernesto Perez est une énigme qui va se dévoiler peu à peu grâce à l'interrogatoire de Ray Hartmann, policier qui se démène avec une vie privée dont il cherche à recoller les morceaux. Pour qui travaille ce criminel dont la vie est parsemée de cadavres et de violence ? Quel est son but ?

Le livre retrace environ 50 ans de l'histoire de la mafia italienne et de ses relations avec d'autres organisations criminelles ou institutionnelles et politiques. Un récit passionnant et fascinant dans lequel les sentiments pour Ernesto Perez varient de la sympathie à l'horreur. Qui sont les vrais coupables de l'histoire ?  Un bon cru Ellory !

S'adapter ou mourir de Antoine Renand

Elle a 17 ans et s'est enfuie de chez sa mère pour se sentir enfin libre. Accompagnée de son petit ami, elle fait escale chez un homme qu'elle n'a jamais rencontré mais avec lequel elle discute depuis des mois sur Internet. Elle en a fait son confident. Alors qu'il pourrait bien s'agir du plus abject des monstres...
Il a 40 ans, est réalisateur de cinéma, en couple avec la même femme depuis leurs années de lycée. De soudains déboires conjugaux et professionnels le contraignent à trouver un job alimentaire : modérateur pour Lifebook, le plus important des réseaux sociaux. Sa mission : supprimer des vidéos interdites du fait de leur caractère choquant, sexuel ou ultraviolent.
Dans une société en constante évolution, où le précepte "S'adapter ou mourir "connaît des résonances tant dans la folie meurtrière des hommes que dans le monde du travail, les destins de ces deux êtres, si éloignés au départ, finiront par s'entrechoquer.

Un polar page turner comme j'aime. Avec une réflexion intéressante sur la violence et les contenus en ligne. J'ai sauté quelques passages qui décrivent les contenus de certaines vidéos que des malades postent en ligne mais tout le côté modération est passionnant et flippant en même temps. Deux histoires qui se rejoignent avec un titre très explicite.

On ne dira jamais assez à nos enfants et ados d'apprendre à se méfier des réseaux sociaux et des échanges en ligne... jamais... Un polar qui fait doublement froid dans le dos par son réalisme contemporain.

 

Lucia de Bernard Minier

À l’université de Salamanque, un groupe d’étudiants en criminologie découvre l’existence d’un tueur passé sous les radars depuis plusieurs décennies et qui met en scène ses victimes en s’inspirant de tableaux de la Renaissance. À Madrid, l’enquêtrice Lucia Guerrero trouve son équipier crucifié sur un calvaire et se lance sur les traces de celui que l’on surnomme le « tueur à la colle ».

Tous vont être confrontés à leur propre passé, à leurs terreurs les plus profondes et à une vérité plus abominable que toutes les légendes et tous les mythes.

Le dernier Minier est plus réussi que le précédent. On quitte la France pour l'Espagne avec une nouvelle enquêtrice qui m'a bien plu. J'ai bien aimé, lu très vite mais peut-être pas inoubliable même si bien.

Rédigé par Carole Nipette

Publié dans #Lectures

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W
Coucou merci pour ces découvertes, je n'en ai lu aucun !
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T
Je ne me souviens plus si Hugo précise ce qu'a fait son condamné pour devoir subir la peine capitale, il faudrait que je le relise (je ne suis pas sûr de l'avoir chez moi, contrairement aux "grands" romans: les misérables, Notre-dame de Paris, Quatre-vingt-treize, L'homme qui rit... <br /> Je me rappelle aussi (bien postérieure!) la descente de l'escalier en colimaçon, à la fin du livre d'Arthur Koestler "Le zéro et l'infini"...<br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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C
Non justement on ne sait pas pourquoi il est condamné...
L
Merci pour ces idées de lecture.<br /> Je vais me laisser tenter par le Nothomb je pense.
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C
J'ai vraiment aimé ce roman, un très beau Nothomb !
M
Tu me donnes pas mal d'idées pour des catégories à remplir !
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C
j'ai cherché il faut dire :) et je suis contente de mes trouvailles pour le sang et le jour de la semaine ! les autres sont des hasards de cadeau et boite à livre
G
jolie sélection ! Cela fait bien longtemps que je n ai pas lu du Nothomb, elle avait fini par me lasser<br /> je tenterais bien celui la quand même...
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C
Vraiment un beau roman, émouvant et drôle