Mon cinéma / Septembre 2022

Publié le 6 Octobre 2022

Le sixième enfant de Léopold Legrand
 
Franck, ferrailleur, et Meriem ont cinq enfants, un sixième en route, et de sérieux problèmes d’argent. Julien et Anna sont avocats et n’arrivent pas à avoir d’enfant. C’est l’histoire d’un impensable arrangement.
 
La rencontre de Franck et Meriem est pour Julien et Anna une nouvelle perspective de choix de vie. C’est aussi la rencontre de deux milieux sociaux qui s’ignorent habituellement. Une proposition ahurissante commence à faire cogiter les couples mais chacun va l’aborder différemment.
Un cas de conscience qui fait des allers-retours tout le long du film, effet boomerang qui se répercute sur chacun des protagonistes qui se remettent sans cesse en question.
Un film qui pose de nombreuses et intéressantes questions sur le sens de la maternité, le trafic d’enfant, la morale, l’éthique et le cadre légal (A qui appartient un enfant ? à t’on tous les droits sur son enfant ?...) tout en mettant l’accent sur le difficile parcours de l’infertilité, l’acharnement médical, l’adoption…
Une belle relation entre la mère en attente pleine d’espoir et la mère qui pense ne plus pouvoir l’être une sixième fois. Deux femmes que tout sépare et qui vont développer un lien affectif profond.
Même si j’ai trouvé qu’il y avait quelques invraisemblances dans le parcours hospitalier, ça n’est pas important, ce n’est pas le sujet du film.
J’ai aimé le mélange chronique sociale et thriller.
Cet excellent premier film est servi par un quatuor de comédiennes et comédiens exceptionnel.

Ninja Baby de Yngvild Sve Flikke et Inga Sætre
 
Astronaute, garde forestière, dessinatrice… Rakel, 23 ans, a tous les projets du monde, sauf celui de devenir mère. Quand elle découvre qu’elle est enceinte, c’est la cata ! C’est décidé : l'adoption est la seule solution. Apparaît alors Ninjababy, un personnage animé sorti de son carnet de notes, qui va faire de sa vie un enfer…

Rakel est une jeune fille cool qui se laisse porter par la vie. Pas de vrai projet, pas de petit ami attitré, pas de boulot régulier, elle vit sans se poser de questions. Elle a un talent de dessinatrice qu’elle n’exploite pas du tout. A 23 ans, le passage de l’adolescence à l’âge adulte ne semble pas avoir réussi.
Ce bébé à venir va chambouler sa vie. Elle va devoir faire plusieurs choix et réfléchir à son rapport à la maternité, entourée de sa meilleure amie, de son futur probable boyfriend et du père de l’enfant.
Un film sur la grossesse qui aborde le sujet par le biais du non désir d’enfant. Les personnages se demandent comment et pourquoi ils devraient devenir ou non parent, ce que ça implique, les responsabilités, l’envie d’être mère/père… On parle sexe très librement, de maternité et de paternité, d’adoption avec beaucoup d’humour et d’humanité.
Ninjababy, la créature inventée par Rakel donne le ton entre blagues cyniques et paroles dures. Il ne lésine pas sur les provocations et les accusations envers sa génitrice. Rakel qui semble dépassée par son état, entre détresse et déprime. Être enceinte ce n’est pas toujours cette belle histoire d’amour entre une future maman et son enfant…
J’ai bien aimé.
 
#Ninjababy est adapté du roman graphique #Fallteknikkétait de Inga Sætre

Les cinq diables de Léa Mysius
 
Vicky, petite fille étrange et solitaire a le don de sentir et reproduire toutes les odeurs de son choix qu’elle collectionne dans des bocaux. Elle a extrait en secret l’odeur de sa mère, Joanne, à qui elle voue un amour fou et exclusif, presque maladif. Un jour Julia, la soeur de son père, fait irruption dans leur vie. Vicky se lance dans l’élaboration de son odeur. Elle est alors transportée dans des souvenirs obscurs et magiques où elle découvrira les secrets de son village, de sa famille et de sa propre existence.
 
Joanne a perdu le sourire contrairement à Vicky, une petite fille folle de sa maman et victime de harcèlement scolaire, sur fond de racisme, dans le silence. Leur relation est émouvante. Jimmy le père a du mal à trouver sa place dans ce trio.
On sent un malaise diffus qui s’aggrave avec l’arrivée de Julia, le passé qui revient frapper à leur porte, les blessures du passé qui se rouvrent.
Vicky se sent menacée par la présence de sa tante et grâce à ses pouvoirs olfactifs elle devient le lien entre passé et présent. Mais quelles sont les conséquences de ses voyages dans le temps ?
Les âmes s’entremêlent. J’ai vu Vicky comme une envoyée spéciale pour remettre les destins sur leur chemin. Même si tout n’est pas rationnel, je me suis laissé porter. L’histoire se redessine et se réécrit.
Une très belle direction de comédiennes, la photo et les paysages sont magnifiques. @adeleexarchopoulos est Joanne avec puissance et sensibilité, j’ai adoré son interprétation. La petite @sally__drame crève l’écran, elle m'a scotchée
 
Un film troublant et fascinant. Le surnaturel s’intègre bien dans le récit. Une histoire originale qui mêle réalité et paranormal, un mélange des genres que j’ai apprécié, fantastique, chronique familiale et histoire d’amour.
Un peu complexe peut-être mais faut-il toujours tout comprendre et expliquer ? Quand je ressens quelque chose de troublant ou de fort ça peut me suffire.

 

Rodeo de Lola Quivoron
 
Julia vit de petites combines et voue une passion dévorante, presque animale, à la pratique de la moto. Un jour d’été, elle fait la rencontre d’une bande de motards adeptes du cross-bitume et infiltre ce milieu clandestin, constitué majoritairement de jeunes hommes. Avant qu’un accident ne fragilise sa position au sein de la bande...
 
La réalisatrice s’est inspirée d’un milieu qu’elle connaît bien pour faire son film.
Julia est en colère et tout lui semble dû. Une solitaire sauvage qui tente pourtant de s’immiscer dans un groupe de mecs qui n’ont aucune envie de voir une fille s’imposer dans leur milieu. Elle cherche une team, une communauté. Elle veut exister parmi ces jeunes qui sont souvent pris dans des plans qui les dépassent, elle incluse. Julia souvent rejetée veut qu’on l’accepte, qu’on lui fasse une place…
De ses failles on devinera un contexte familial compliqué et rageux mais guère plus. Elle vit des jours pas tranquilles, des nuits agitées, des cauchemars. On sent qu’elle est allée loin du côté obscur et que ce sera très difficile d’en sortir…
Elle s’y connait en bécane, c’est sa passion, elle est vraiment heureuse au volant d’une machine, le sourire de Julie Ledru illumine tout sur son passage. Il y a l’adrénaline mais aussi le danger pour soi-même, on est ici dans le rodéo encadré, dans des endroits où il n’y a pas de public.
De belles scènes en deux roues où les quelques moments de liberté arrachée amènent un peu de lumière dans une vie sous contrôle.
Une belle rencontre féminine, une sororité qui se fait naturellement entre deux solitudes et deux écorchées.
 
Un mini bémol sur le mélange des histoires avec le caïd en prison même si ça a son importance dans l’émancipation d’un personnage.
Je me demandais quand même si les séniors de ma salle avaient toutes les références niveau vocabulaire !
Un western urbain sensuel et sauvage, un premier film d’une grande puissance.

Revoir Paris de Alice Winocour

A Paris, Mia est prise dans un attentat dans une brasserie. Trois mois plus tard, alors qu’elle n’a toujours pas réussi à reprendre le cours de sa vie et qu’elle ne se rappelle l’évènement que par bribes, Mia décide d’enquêter dans sa mémoire pour retrouver le chemin d’un bonheur possible.
 
Alice Winocour s’est inspirée de son histoire personnelle pour raconter l’après attentat ou comment des survivants tentent de s’en remettre.
Une cicatrice qu’on aimerait effacer, un quotidien et une ville à se réapproprier quand beaucoup de choses ou de sons rappellent le trauma, des amis qu’on aimerait retrouver sans gêne…
Une vie en pause avant de recommencer mais pour recommencer il y a un chemin différent pour chaque victime. Le déni, la fuite, se souvenir, chercher les dernières traces de vie, retrouver les personnes avec qui on a partagé quelque chose que personne ne peut comprendre, le mensonge, l’oubli, le recueillement…
Reprendre une vie alors que les autres n’ont pas arrêté de vivre et que l’entourage ne sait pas comment s’y prendre, ne sait pas quoi dire. L’incompréhension des proches quand on n’arrive pas à passer à autre chose.
Se sentir coupable d’être en vie. Durant tout le film j’ai pensé à une survivante de mon entourage, je me souviens...le film est réaliste.
Mia va devoir reconstruire une soirée pour reconstruire sa vie, elle fera de nouvelles rencontres au cours d’une vraie enquête prenante pour retrouver sa mémoire de cette nuit. Au passage, le film aborde la situation des sans papiers et de leur place dans le milieu de la restauration parisienne.
 
Magnifique, bouleversant, puissant. Une scène d’attentant glaçante qui nous laisse sans voix mais une grande pudeur et pas de pathos, grâce aussi au jeu épatant de Virginie Efira (grandiose) et Benoit Magimel (tellement contente qu’on le revoie de plus en plus au cinéma) qui portent cette histoire avec sincérité.
La vie continue…

Les enfants des autres de Rebecca Zlotowski
 
Rachel a 40 ans, pas d'enfant. Elle aime sa vie : ses élèves du lycée, ses amis, ses ex, ses cours de guitare. En tombant amoureuse d’Ali, elle s’attache à Leila, sa fille de 4 ans. Elle la borde, la soigne, et l’aime comme la sienne. Mais aimer les enfants des autres, c’est un risque à prendre…
 
Une histoire d’amour qui commence, la passion des débuts, les regards, les gestes… Virginie Efira et Roschdy Zem forment un couple magnifique, une alchimie et une sensualité folle qui traverse l’écran.
Arrive vite la question que beaucoup de couples se posent : quand présente t’on l’enfant à l’autre ?
Un film qui suit vraiment le point de vue du beau parent, de la pièce rapportée, de la façon dont elle s’impose ou pas, dont elle s’investit, dont elle se sent incluse. Ici pas de conflit avec l’ex, la maman, l’attention est centrée sur Rachel et ses émotions de belle-mère.
L’émotion à la rencontre de l’enfant de l’être aimé, une part de lui en quelque sorte. L’envie de plaire à l’enfant et au père.
Rachel doit gérer ça tout en étant confrontée à la perte de sa fécondité. Les questionnements se bousculent.
Impossible de s’empêcher d’avoir des sentiments (bons ou mauvais d’ailleurs) pour les enfants des autres, les amis des autres aussi. Il faut composer avec le parent absent mais toujours présent. On voit bien que c’est difficile de faire une vraie place à l’autre dans ce genre de relation.
Rachel est enseignante et quelque part ses élèves sont "ses enfants", des êtres qu’elle peut marquer par sa façon d’être.
 
J’ai bien aimé la liberté de ton de film, on montre les corps, la pratique religieuse, les gens qui fument à table etc…
J’ai beaucoup aimé le film mais j’ai décroché de temps en temps.
Le duo est hypnotisant. Virginie Efira enchaîne les grands rôles dans lesquels elle montre l'étendue de son talent.
 

La page blanche de Murielle Magellan

Adaptation libre de la bande dessinée éponyme de Boulet et Pénélope Bagieu parue aux éditions Delcourt.
Eloïse se retrouve assise seule sur un banc parisien. Qui est-elle ? Que fait-elle là ? Elle ne se souvient de rien ! Elle se lance alors dans une enquête, pleine de surprises, pour découvrir qui elle est. Et si cette amnésie lui permettait de trouver qui elle est, qui elle aime, et de réinventer sa vie ?

Quand on a tout oublié on peut tout s’imaginer mais on peut aussi se découvrir et ne pas apprécier la personne qu’on était. Et si on s’était trompé sur toute la ligne ?
Eloïse a une chance de repartir à zéro en partant sur les traces de son passé. L’amnésie est ici une expérience confusante, déroutante, perturbante mais ô combien enrichissante. C’est la vraie deuxième chance dont tout le monde rêve.
Les dialogues sont drôles, les bulles d’animation quand Eloïse imagine sa vie apportent une touche d’originalité, tout le casting est top mais mention spéciale à Sara Giraudeau, grandiose, elle se lâche complètement j’ai adoré sa prestation.

Un film frais, léger avec une belle réflexion sur la possibilité de recommencer là où on s’est trompé, touchant et drôle.
Un très bon moment feel good à ne pas bouder !

Chronique d’une liaison passagère de Emmanuel Mouret
 

Une mère célibataire et un homme marié deviennent amants. Engagés à ne se voir que pour le plaisir et à n'éprouver aucun sentiment amoureux, ils sont de plus en plus surpris par leur complicité naissante.
 
Simon analyse tout, il a du mal à se laisser aller mais c’est une bonne pâte, il est attendrissant. (ce rôle était fait pour @vincent_macaigne !)
Charlotte pétille, a envie de batifoler. Ils se complètent, un duo de comédiens parfaits.
Leur contrat ressemble à un annonce Tinder, la fameuse "rencontre sans pression".
Se faire du bien sur le moment, pas tant de gens que ça réussissent à se dire que c’est suffisant.
Leur liaison est quelque chose qui prend son temps pour s’installer puis les rendez-vous deviennent + fréquents et ils partagent d’autre choses + intimes aussi.
Une liaison qui permet d’expérimenter, de réaliser des fantasmes donnant lieu à une scène hilarante. Mais ne surtout pas avouer les sentiments qu’on voit naitre dans les regards sous peine de briser le contrat.
On retrouve le style très personnel d’Emmanuel Mouret et l’influence du cinéma de Woody Allen avec ces longs échanges sur les sentiments que chacun éprouve. L’infidélité, le sentiment amoureux, la conscience, la morale, ce qu’on attend de l’amour.
Les bases posées, est ce que leur relation peut durer dans le temps ? Est-elle vouée à se transformer ou à mourir ? Le titre vend la mèche mais on y croit.
Pourtant quelle que soit la beauté de la liaison, en tant que telle, elle est ouverte à d’autres opportunités. Et la vie fait que lorsque le moment est passé, c’est trop tard…
 
Une friandise amoureuse, du badinage et du libertinage, du plaisir sans sentiments. Vraiment ?
Une comédie sentimentale délicate, intelligente, tendre et subtile.
Avec toi j’ai un moi qui ne se connaissait pas  dit Simon. Quelle magnifique déclaration d’amour.

 

Le visiteur du futur de François Descraques
 
2555. Dans un futur dévasté, l’apocalypse menace la Terre. Le dernier espoir repose sur un homme capable de voyager dans le temps.
Sa mission : retourner dans le passé et changer le cours des événements. Mais la Brigade Temporelle, une police du temps, le traque à chaque époque. Débute alors une course contre la montre pour le Visiteur du Futur...

 
J’ai bien aimé le fait qu’il ne faille pas une énième fois sauver la planète d’une invasion extra-terrestre ou de monstres mais bien des agissements des humains eux-mêmes.
Une réflexion intéressante sur l’engagement, les grands discours vs les actes. Quand on croit vraiment dans son combat on peut aller très loin.
Avec l'idée, en toile de fond, qu’il suffise de changer une personne pour changer le monde. Une personne qui en changera une autre etc etc…
Des préoccupations bien actuelles.
De l’humour, des effets spéciaux crédibles malgré un petit budget, beaucoup d’idées et des nouvelles têtes.
Pour moi c’est une bonne surprise même si tout n’est pas parfait, des vannes tombent un peu à plat.
Un film original entre parodie et autodérision et qui détonne dans le paysage cinéma français.
J’ai beaucoup de sympathie pour ce film qui a mis des années à se faire, un vrai projet de passionné qui a débuté par une web série (que je n’ai pas vue). Il a fallu 13 ans pour passer de la série au film. Et tout un univers avec aussi un BD, des mangas, un roman…

Tout fout le camp de Sébastien Betbeder
 
Dans une ville du Nord de la France, Thomas, pigiste au journal local, doit faire le portrait d'Usé, musicien atypique et ancien candidat à l'élection municipale. Tandis que les deux hommes apprennent à se connaître, ils découvrent, le corps inanimé de Jojo. Mais ce dernier ressuscite...
 
Un super casting de personnalités différentes qui viennent de la scène théâtrale ou musicale.
Le moins qu’on puisse dire c’est que Thomas ne s’épanouit pas dans son rôle de journaliste au Courrier Picard. La vie dans un coin où il ne se passe pas grand-chose hormis les faits divers plus ou moins drôles. Entre déprime et perte de sens, il se traine où on l’envoie.
Sa rencontre avec Usé puis Jojo et Marilou, va changer sa perspective et sa vie. Un petit groupe hétéroclite qui s’est trouvé, comme une famille bancale.
Ils sont parachutés dans une sorte de no man’s land désertique, une réalité qui semble réelle mais qui a tout de la quatrième dimension avec des rencontres surréalistes, drôles et émouvantes.
Un road trip déjanté entre surnaturel et poésie. Une balade étrange qui pourra peut-être remettre Thomas sur de meilleurs rails ?
Le film met en avant la façon dont les interactions positives font du bien aux gens, le pouvoir du partage et de l’écoute, l’ouverture aux autres.
J’ai aimé les piques à l’actualité politique...les bavures policières, l’écologie, les extrêmes et le comique involontaire de la scène char à voiles.

Un film qui m’a touchée et que j’ai aimé pour son côté loufoque et trash. Du grand n’importe quoi réjouissant.
J’aime ce cinéma qui sort de l’ordinaire et qui ose aller à contre-courant tout en mettant en vedette de supers comédiens qu’on ne voit pas assez !

Plan 75 de Chie Hayakawa
 
Japon, futur proche. Le vieillissement de la population s’accélère, les seniors sont la cible d’attaques. Le gouvernement met alors en place le programme Plan 75, qui propose un accompagnement logistique et financier pour mettre fin à ses jours. Une candidate, Michi, un recruteur du gouvernement, Hiromu, et une jeune aide-soignante philippine, Maria, se retrouvent confrontés à un pacte mortifère.
 
Un film qui fait froid dans le dos et qui pose plein de questions intéressantes. Un vrai débat philosophique sur la durée de vie dans nos sociétés où l’on vit plus longtemps qu’avant.
Ici l’euthanasie assistée dans un pays où la notion de sacrifice est quasi culturelle. Les vieux devraient se sacrifier pour la jeunesse.
Michi est seule sans famille, elle travaille autant que possible malgré ses 78 ans, pour se nourrir et se loger. Sinon elle est condamnée car pas de travail, pas de logement, un cercle sans fin et aucune aide.
Le plan 75 est son issue de secours, tout se passe pour que les vieux rejetés de partout n’aient plus le choix que de souscrire. Plan d’un cynisme redoutable qui ne s’embarrasse pas d’éthique ou de morale.
On la suit dans des démarches et on découvre le business autour de ça. Une scène glaçante de tri qu’on a déjà vu dans l’Histoire…
Michi est attendrissante, elle cherche avant tout de l’attention, des échanges et ce plan lui en fournit.
Le film avance à travers ses yeux doux et ceux de Hiromu et Maria, personnage par lequel on découvre la communauté philippine du Japon.
Hiromu va ouvrir ses yeux petit à petit sur ce qu’il "vend" aux anciens. Il y également Yoko, accompagnatrice chargée de suivre les inscrits jusqu’à la veille de leur mort.
 
Une dystopie totalement réaliste. Un beau film sur la vieillesse, sur ce sentiment d’inutilité qui s’insinue, sur la solitude, sur la misère qui engendre la misère, sur les actes commis par désespoir… Un rythme lent qui peut dérouter mais assurément un film qui secoue.

Maria rêve de Lauriane Escaffre et Yvo Muller
 
Maria est femme de ménage. Mariée depuis 25 ans, réservée, timide et maladroite, elle ne quitte jamais son carnet à fleurs dans lequel elle écrit des poèmes en secret. Lorsqu’elle est affectée à l'École des Beaux-Arts, elle rencontre Hubert, le gardien fantasque de l'école, et découvre un lieu fascinant où règnent la liberté, la créativité et l'audace... Dans ce monde si nouveau, Maria, qui a toujours été dévouée et discrète, va-t-elle enfin se laisser envahir par la vie ?
 
Maria est française, mariée à un portugais mais elle s’appelle Maria et elle est femme de ménage. Sur ce point je n’ai pas compris le choix du prénom archi cliché…
Elle semble résignée dans sa vie mais elle avait clairement juste besoin d’une étincelle. Tout comme Hubert finalement qui vit par procuration grâce à tout cette jeunesse effervescente qu’il croise.
Ce film c’est l’émancipation d’une femme qui s’éveille à l’art et à son corps par le biais de l’art.
Est-ce-que ce sera une façon de réveiller son couple et son mari qui ne s’intéresse plus vraiment à elle ou l’occasion de s’autoriser à vivre enfin pour soi ?

J’ai aimé que le film se passe dans les vrais décors des Beaux Arts Paris, que l’on voie les élèves travailler, des présentations d’œuvres. C’est vraiment ce que j’ai préféré du film, et la fraîcheur de Noée Abita.
Le reste c’est mignon, sympa mais ça ne m’a pas fait vibrer plus que ça. Agréable sans plus.

Sans filtre de Ruben Östlund
 

Carl et Yaya, couple de mannequins et influenceurs, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Tandis que l'équipage est aux petits soins avec les vacanciers, le capitaine refuse de sortir de sa cabine alors que le fameux dîner de gala approche. Les événements prennent une tournure inattendue et les rapports de force s'inversent lorsqu'une tempête se lève et met en danger le confort des passagers.

La voilà cette Palme d'Or qui a raflé la mise à la place de Leila et ses frères.
Le film démarre sur le monde de la mode, les différences de salaire femme/homme (inverse de la norme) et on peut y voir une critique du milieu et son hypocrisie, concepts et citations foireuses pour se donner bonne conscience, se racheter une image.
Puis on part en mer. On suit une bande d’ultra riches et un couple influenceur qui malgré ses avantages détonne un peu. Un monde superficiel qui s’ennuie et qui passe son temps à ennuyer le personnel de bord avec des caprices ou des remarques qui ont des conséquences.

1er scoop, l’argent ne fait pas le bonheur ni l’éducation
2e scoop, les riches considèrent que tout leur est dû
 
La croisière s’amuse puis plus du tout lors d’une scène de tempête où rien ne va, tout le monde devrait être ailleurs qu’en train de manger, bref…
3e scoop, les riches sont malades aussi et font pipi caca vomis quand tout se détraque. Comme une punition ce qui leur arrive mais je n’ai même pas trouvé ça jouissif, juste poussif. Peut-être parce que les persos sont plutôt insignifiants et pas attachants (sauf Carl, le mieux écrit du lot et qui joue le mieux).
 
La métaphore sur la merde des riches est assez facile et on sent l’envie de choquer, quelle provocation ! fort, original, jamais vu…
Total ennui pour moi durant 2h, je n’ai pas trouvé ça drôle… le gimmick "in der wolken" au bout de 10 fois c’est juste lourd. Je pensais "vivement qu’il coule ce yacht". L’intervention du capitaine bourré Woody Harrelson égaie un peu le tout mais sans plus.
Enfin dans la 3e partie du naufrage, un peu d’humour mais encore une fois, des métaphores avec des gros sabots. Le plus drôle c’est le loveboat et les interventions de Abigail.
4e scoop : si on met les riches qui ont l’habitude d’avoir tout sur un plateau dans un environnement hostile ils sont inadaptés.
 
J’ai bien aimé Snow Therapy et The Square mais je suis passée à côté du film, ça joue pas très bien, critique de la société au vitriol pas fine, aucune émotion, un film froid qui se réchauffe sur la fin mais fin ratée.
Si je résume, je dirais tout ça pour ça… Grosse déception.

 

Avec amour et acharnement de Claire Denis

C’est Paris et c’est déjà l’hiver. Sarah et Jean s’aiment, ils vivent ensemble depuis plusieurs années. C’est un amour qui les rend heureux et plus forts. Ils ont confiance l’un en l’autre. Le désir ne s’est jamais affadi. Un matin, Sarah croise par hasard François son ancien amant, ce François qui lui a présenté Jean, ce François qu’elle a quitté pour Jean sans hésiter.
 
Un beau début, une grande scène de retrouvailles au milieu du film et ce sera tout pour moi. J’ai apprécié 10mn sur 2h.
Je n’aime pas partir parce que j’ai toujours un espoir qu’il y ait des choses à sauver jusqu’au bout, je suis donc restée pour sortir énervée !
Enervée par cette histoire inintéressante au possible, il ne se passe rien ou presque. J’étais gênée, j’adore Juliette Binoche mais là je ne sais pas qui était cette actrice qui jouait aussi mal, je n’ai cru à rien, aucune empathie et j’ai failli exploser de rire quand elle dit « mon amour, mon amour » dans les scènes de sexe.
Les dialogues sont mauvais, les situations pas crédibles, les disputes pas naturelles, tout semble faux.
Je n’ai pas compris l’intérêt des personnages secondaires qui n’apportent rien ni au film ni aux personnages. Le fils de Jean ???
Toutes les scènes ajoutées de gens dans la rue, de RFI la radio dans laquelle travaille Sarah, pour bien montrer la pensée de la réalisatrice sur des sujets de société ?? Tout vient comme des cheveux sur la soupe. La « grande » scène entre Jean et son fils…
Et quelle tristesse qui émane de tout le film, c’est gris même quand ça ne l’est pas…
Voilà je n’ai vraiment pas aimé, je ne m’attendais pas à ça du tout…
Même le résumé officiel est prétentieux.

Ours d’argent à Berlin pour la meilleure réalisatrice et rien à Cannes pour Leila et ses frères… Les choix des jury sont vraiment spéciaux cette année…

Rédigé par Carole Nipette

Publié dans #Avis cinéma-Revue de films

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article