Mon cinéma de décembre 2022
Publié le 3 Janvier 2023
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Joyland de Saim Sadiq
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A Lahore, Haider et sa femme cohabitent avec toute leur famille. Haider est prié de trouver un emploi et de devenir père. Le jour où il déniche un boulot dans un cabaret, il tombe sous le charme de Biba, danseuse sensuelle et magnétique. Alors que des sentiments naissent, Haider se retrouve écartelé entre les injonctions qui pèsent sur lui et l’irrésistible appel de la liberté.
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Un concept de famille élargie, père, enfants et petits enfants où tout le monde est sur tout le monde, intimité compliquée et décisions patriarcales unilatérales.
Haider et Mumtaz semblent former un couple uni qui détonne, lui dont la virilité ne correspond pas au machisme ambiant, elle pour qui son travail est sa raison d'être.
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Une scène majeure dans laquelle la famille demande à Mumtaz de quitter son travail pour aider à la tenue du foyer. On se rappellera de cet instant lors de l'avant-dernière magnifique scène du film qui donne un éclairage important sur le couple formé par Haider/Mumtaz.
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En trouvant un travail de danseur, Haider découvre un nouveau monde dans lequel il se sent bien et une histoire d'amour lui tombe dessus sans qu'il l'ait cherché. Biba est libre, rayonnante, décidée à avoir le succès qu'elle mérite et à ne pas se faire écraser parce qu'elle est trans (le pays est progressiste sur le sujet).
On assiste à la naissance du papillon, Haider qui se métamorphose et qui vit un peu tout ça comme sa rébellion contre sa famille tandis que Mumtaz dépérit de l'intérieur, étouffant dans cette société patriarcale. Un couple qui se cherche des portes de sortie mais pourront-ils se rejoindre dans cette même quête de liberté ?
Une vision surprenante du Pakistan entre tradition et modernité. Un film fort à la sensualité débordante entre drame et joie de vivre.
Une galerie de personnages qui sont tous bien étudiés des premiers aux seconds rôles. Les scènes musicales donnent envie de danser !
A découvrir absolument cette pépite d'un réalisateur à suivre.
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Godland de Hlynur Pálmason
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À la fin du XIXème siècle, un jeune prêtre danois arrive en Islande avec pour mission de construire une église et photographier la population.
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A l'époque l'Islande était une colonie danoise, j'ai révisé mon histoire. Ce qui permet de comprendre l'accueil reçu par Lucas de la part du natif Ragnar, force de la nature et qui doit le conduire à l'autre bout de l'île.
Lucas qui curieusement a choisi de traverser le pays en mode aventurier avec son matériel de photographie chevillé au corps.
Il observe la nature et les interactions des autres avec elle.
Ragnar est son opposé à tout point de vue. Une hostilité latente s'installe entre les deux hommes, le colonisé et le colonisateur qui agit comme tel.
Une première partie raconte un voyage éprouvant durant lequel Lucas perd tous ses repères au fur et à mesure d'événements causés par les aléas du climat et les éléments naturels. Comme ce volcan et son influence sur les humeurs et les comportements.
Un vrai chemin de croix pour un Lucas habité qui se transforme physiquement et psychologiquement. Des conditions de voyage difficiles qui le font vaciller.
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Une 2e partie où le prêtre éprouvé semble reprendre le cours de sa mission religieuse.
L'église se construit, il développe des relations avec sa communauté. Mais est-il remis de ce voyage initiatique rude ? En garde t'il des séquelles ?
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Un film dont la beauté est incroyable, les images et les paysages, le cycle des saisons...
La photo est démente et les séances photos dans le film sont sublimes.
Une œuvre d'art cinématographique et mystique.
Des tableaux avec composition, décomposition, recomposition des gens, des paysages, des saisons.
Un parallèle avec les photographies qui se composent avec minutie.
Un film dont l'Islande à la nature plus forte que tout est un personnage à part entière...
Un voyage hallucinatoire en terre inconnue dont on ressort sonné.
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Les Banshees d'Inisherin de Martin McDonagh
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Sur Inisherin - île isolée au large de la côte ouest de l'Irlande - deux compères de toujours, Padraic et Colm, se retrouvent dans une impasse lorsque Colm décide du jour au lendemain de mettre fin à leur amitié. Abasourdi, Padraic n’accepte pas la situation et tente par tous les moyens de recoller les morceaux, avec le soutien de sa sœur Siobhan et de Dominic, un jeune insulaire un peu dérangé.
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Une île où il n'y a pas grand chose à faire et c'est pire dans les années 20. Une île où tout le monde connait tout des autres.
Une île qui semble faire tourner la tête de certaines personnes dans le mauvais sens.
Le film raconte un peu cette vie isolée et le manque de perspectives.
Padraic habite avec sa sœur qui veille sur lui comme une mère et quand Colm décide de ne plus lui parler, il se retrouve désœuvré et vexé. Ce qu'il pensait immuable ne l'est pas et toute sa vie est chamboulée.
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On assiste à la remise en question et à la fin d'une amitié.
Une brouille dont on comprend à peine les causes et qui prend des proportions démentes.
De l'absurde, de l'humour, un soupçon de gore, de la mythologie irlandaise et un Colin Farrel vraiment génial.
La présence des animaux amène douceur et poésie
Mais durant tout le film je me demande, où va cette histoire ?
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Une tragi-comédie pas mal mais j'ai eu l'impression que l'intrigue faisait beaucoup de surplace.
Une histoire triste malgré les touches d'humour.
J'ai bien aimé quand même mais trop d'originalité parfois peut desservir le propos.
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Caravage de Michele Placido
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Italie 1609. Accusé de meurtre, Le Caravage a fui Rome et s’est réfugié à Naples. Soutenu par la puissante famille Colonna, Le Caravage tente d’obtenir la grâce de l’Église pour revenir à Rome. Le Pape décide alors de faire mener par un inquisiteur, l’Ombre, une enquête sur le peintre dont l’art est jugé subversif et contraire à la morale de l’Église.
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Le personnage fictif de l'Ombre sert à la mise en scène nous éclairer sur l'œuvre du peintre et à nous raconter la vie de l'homme.
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Un homme au caractère emporté, jouisseur de tout, une vie dominée par l'influence de la religion qu'il interprète à sa façon. Une fascination pour le peuple des oubliés, les pauvres, les prostituées, les prisonniers tout en étant protégé par la noblesse. Il s'inspire de tous les détails qu'il observe dans la rue et ses modèles ne sont pas très catholiques ce qui lui vaut des accusations diverses mais on apprend néanmoins que certains hommes d'église sont fans de ses controversés.
Malgré tout le bruit autour de lui, le Caravage est considéré comme un génie en son temps.
La reconstitution de l'époque est flamboyante. Des scènes qui ressemblent à des tableaux de maître et des mises en scène des tableaux du Caravage incroyables. On ne voit pas le maître peindre mais on voit l'assemblage de ses tableaux avec les personnages réels et les décors. C'est sublime.
Une immersion passionnante dans l'histoire de l'art, à une époque où les artistes n'étaient pas libres de créer selon leurs désirs.
Riccardo Scarmarcio est un Caravage vraiment convaincant.
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Par contre il y a des vrais problèmes de post synchro avec Isabelle Huppert, c'est gênant et le personnage de l'Ombre n'apporte pas grand chose lui-même. Et change la vraie fin du peintre.
Mais tout ce qui a trait au Caravage c'est réussi.
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Avatar 2 : La voie de l'eau de James Cameron
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Se déroulant plus d’une décennie après les événements relatés dans le premier film, le film raconte l'histoire des membres de la famille Sully (Jake, Neytiri et leurs enfants), les épreuves auxquelles ils sont confrontés, les chemins qu’ils doivent emprunter pour se protéger les uns les autres, les batailles qu’ils doivent mener pour rester en vie et les tragédies qu'ils endurent.
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Moi qui ne suis pas fan de la 3D clairement pour ce film, ça vaut le coup. Mon coup de coeur va aux scènes sous l'eau, incroyables de beauté, de magie et de poésie.
Des couleurs et des images dingues, des vrais décors de science-fiction. Visuellement et mystiquement le film est réussi. On se laisse porter par ce voyage philosophique en communion avec la nature.
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Voilà pour les plus. On passe aux moins.
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Des thèmes dans l'air du temps comme l'écologie ou les ravages de la colonisation mais sinon il n'y avait clairement plus de budget pour le scénario et les dialogues, bien minces pour une telle durée. C'est souvent naïf et premier degré. Le personnage de Spider est confus de mon point de vue.
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Néanmoins je n'ai pas trop vu les 3h15 passer tellement j'étais transportée dans la féérie comme dans une attraction à Disneyland (les premières fois).
Même s'il ne se passe pas grand chose.
Un film dans lequel James Cameron se rend hommage avec des scènes qui feront penser à Titanic, Abyss ou encore Terminator.
Un voyage fantastique dont je garderai les images en tête...
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Les pires de Lise Akoka et Romane Gueret
Un tournage va avoir lieu cité Picasso, à Boulogne-Sur-Mer, dans le nord de la France. Lors du casting, quatre ados, Lily, Ryan, Maylis et Jessy sont choisis pour jouer dans le film. Dans le quartier, tout le monde s’étonne : pourquoi n’avoir pris que "les pires" ?
D’un côté on a une équipe de cinéma qui vient filmer une France qui existe et qui justement mérite d’être mise en avant sans stigmatisation et de l’autre on a l’impression qu’on utilise les habitants amateurs qui vont tourner le film. Tout est écrit où une partie de leurs histoires sont recyclées ?
C’est troublant au début avec ce casting de gamins, le cinéma qui se regarde faire, le film dénonce ce genre de pratique ? Prendre des amateurs pour plus de vérité mais les faire tourner des scènes délicates alors qu’ils ne sont pas formés pour ça ?
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C’est limite et on ne sait jamais si c’est joué ou improvisé. Le tournage est parfois borderline et toujours aussi troublant. Je me dis que forcément c’est pour dénoncer ces méthodes.
Il y a aussi la façon dont sont montrés les gens, une sorte de misère intellectuelle soulignée, l’homophobie, la façon de traiter les filles, l’intolérance sans réfléchir, l’agressivité verbale… Le film interroge lui-même cette question sur les stéréotypes, sur le fait d’avoir pris des amateurs, les pires mais n’apporte pas de réponse pour autant.
Cela étant, le film bouleverse parce qu’il y a ces jeunes talents bruts qui touchent en plein cœur et qui livrent des performances magnifiques. Je leur souhaite de continuer dans cette voie.
Et tous les liens qui se créent entre eux, entre l’équipe du film et les habitants, c’est vraiment ce qui reste du film pour moi.
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Bizarrement en sortant de la salle j’ai eu une vraie impression positive mais en écrivant cette chronique je me pose mille questions et le film ne cesse de me questionner car je ne sais pas vraiment ce que j’ai vu, si j’ai été manipulée ou si c’est brillant.
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Les bonnes étoiles de Hirokazu Kore-eda
Dong-soo travaille dans une église qui dispose d'une boîte dans laquelle on peut abandonner son bébé. Avec son ami Sang-hyeon, ils en récupèrent certains de manière illégale pour leur trouver une nouvelle famille. Lorsque So-young, une jeune mère, abandonne son enfant, le duo le récupère et décide de lui trouver une nouvelle famille. Mais la maman revient sur ses pas et prend les deux amis en flagrant délit. Après un échange, So-young choisit de les accompagner dans leur voyage afin de rencontrer les possibles parents et ainsi s'assurer que le bébé sera entre de bonnes mains...
On retrouve un thème cher à Kore-eda, la famille. Ici elle se compose au gré des rencontres et des destins, une famille bancale qui tient malgré tout.
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Le réalisateur explore le thème des enfants abandonnés et de l’adoption, du destin de ses enfants entre orphelinats, familles d’accueil pas toujours bien intentionnées, parents adoptifs. Mais aussi le désir d’enfant et la difficulté d’en avoir avec le personnage de l’enquêtrice. Avec So-young on s’interroge sur le sens de l’abandon, avec Dong-soo sur l’impact d’être enfant abandonné et avec Sang-hyeon sur qu’est-ce qu’être un père sans enfant à chérir.
J’ai trouvé la mise en place un peu longue puis le film m’a cueillie.
Un film qui titille l’âme et la fibre parentale qu’on peut avoir (ou pas), en tout cas moi je n’avais qu’une envie, adopter Woo Sung à qui je déclare la palme du bébé de cinéma ! Il est impassible durant le tournage passant de bras en bras, souriant, craquant, c’est ma star du film !
Un road trip sensible, plein de vie, de tendresse et de générosité, des histoires de seconde chance, de nouvelles chances. Et j’aime bien quand ma morale est mise à mal, quand je suis du côté des poursuivis, quand je trouve qu’il y a du bon dans la mauvaise intention… tout n’est jamais tout noir ou tout blanc…
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Vivre de Oliver Hermanus
1953. Londres panse encore ses plaies après la Seconde Guerre mondiale. Williams, fonctionnaire chevronné, est un rouage impuissant dans le système administratif de la ville qui doit se reconstruire. Il mène une vie morne et sans intérêt, mais tout change lorsqu’on lui diagnostique une maladie grave qui l’oblige à faire le point sur son existence. Rejetant son quotidien banal et routinier, Williams va alors se dépasser et enfin vivre pleinement sa vie.
Un remake du film de Akira Kurosawa écrit ici par le grand romancier japonais Kazuo Hishiguro et qui se passe à Londres !
L'atmosphère du Londres des années 50 est remarquablement reconstituée. J'ai trouvé la mise en scène très stylée avec ses mouvements de caméra lents qui glissent sur les scènes et les personnages.
Vivre sa vie, vivre et profiter est-ce si facile en vrai ? Et quand on a lâché l'affaire depuis longtemps comme l'austère Mr Williams c'est encore plus difficile.
Le film part dans une direction que je n'attendais pas et la question de "qu'est ce que c'est vivre ?" devient plus intéressante que prévu. Vivre pour soi, s'étourdir dans des plaisirs éphémères mais satisfaisants ou trouver un sens à sa vie pour laisser une trace et être utile aux autres ?
Un dilemme auquel doit faire face Mr Williams durant le peu de temps qu'il lui reste à vivre...
Un joli film émouvant interprété subtilement par Bill Nighy et Aimee Lou Wood (la géniale Aimée de Sex Education) toujours aussi affutée et touchante.
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Nos frangins de Rachid Bouchareb
Le film rend hommage à Malik et Abdel, jeunes hommes à peine entrés dans l’âge adulte dont le seul tort aura été d’être au mauvais moment au mauvais endroit. Destins brisés par des policiers français trop longtemps couverts par leur hiérarchie. Quand la politique nie l’humain encore et toujours.
J’ai vu la très bonne série Oussekine sur Disney+, j’avais bien en tête tous les détails mais pour Abdel j’ai halluciné sur la façon dont la famille a été traitée. La police qui la laisse sans nouvelles durant 48h alors qu'il est mort. Une mort dans le silence pour ne pas ajouter à celle médiatisée de Malik.
Un père (Samir Guesmi incroyable) qui ne peut pas croire que la police mente, un père immigré parlant mal le français qui veut que ses enfants s’intègrent sans faire de bruit et qui se tait.
De l’autre côté, la famille Oussekine, éduquée, connaissant ses droits, qui ne se laisse pas faire et cherche la vérité à tout prix.
J’avais envie de hurler au bout de 5 mn de film, j’ai pleuré d’émotions mais surtout de rage. Ce racisme décomplexé totalement dénué de raison comme si tout était normal. Cette façon de nier des êtres humains et de blâmer les victimes. Ces injustices à peine punies.
Le parti pris de Rachid Bouchareb de mêler habilement les vraies images d’archives aux scènes tournées pour le film donne une vraie dynamique d’écriture et de réalité. On est dedans, on vit de l’intérieur les manifestations, les violences des escadrons motorisés, les propos immondes de Pasqua… (Moi qui étais du côté étudiant en 86, ça m’a fait bizarre de remettre ça en perspective de ce que j’avais vécu à l’époque, manifestant le jour mais loin des violences qui me terrorisaient, je partais dès que ça chauffait.)
A mentionner le très beau personnage d’Ousmane (Wabinlé Nabié), l’agent de la morgue, qui reçoit les corps, leur parle, les veille. De la poésie pure dans ce monde de brutes.
Un film nécessaire, pudique et bouleversant, admirablement joué par tous les interprètes. Un film hommage et devoir de mémoire. Malheureusement le "Plus jamais ça" scandé de l'époque n'aura pas tenu.
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Le parfum vert de Nicolas Pariser
En pleine représentation, un comédien de la Comédie-Française est assassiné par empoisonnement. Martin, membre de la troupe témoin direct de cet assassinat, est bientôt soupçonné par la police et pourchassé par la mystérieuse organisation qui a commandité le meurtre. Aidé par une dessinatrice de bandes dessinées, Claire, il cherchera à élucider ce mystère au cours d'un voyage très mouvementé en Europe.
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Un petit air des comédies d'espionnage américaines des années 30-50. Il y a des influences de Hitchcock à Tintin.
Le duo Sandrine Kiberlain/Vincent Lacoste fonctionne bien.
J'ai beaucoup aimé l'humour ashkénaze du film notamment avec la relation de Claire à sa famille et avec les états d'âme de Martin.
Espionnage, paranoïa, résurgences fascistes, symboles de l'Europe, références historiques... le film explore pas mal de pistes dans un voyage en Europe de l'Est.
Quelques défauts de rythme et d'agencement mais j'ai passé un moment agréable et j'ai pas mal ri. Le film est suffisamment original dans ce genre peu exploité dans le cinéma français pour bouder son plaisir.
Divertissement agréable sans être parfait.
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La Passagère de Héloïse Pelloquet
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Chiara vit sur une île de la côte atlantique, là où son mari Antoine a grandi. Ils forment un couple heureux et amoureux. Elle a appris le métier d'Antoine, la pêche, et travaille à ses côtés depuis vingt ans. L'arrivée de Maxence, un nouvel apprenti, va bousculer leur équilibre et les certitudes de Chiara…
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Chiara semble heureuse dans sa vie, son couple, son travail même si c'est dur physiquement et financièrement. Un travail qui dépend des conditions météos, des accords avec la réglementation de la pêche et le partage des eaux entre différents pays... Le film prend le temps de montrer ce travail et la vie qui découle d'un pareil métier. La vie dans une île aussi avec des gens qui se connaissent depuis toujours, de la solidarité, des moments festifs.
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Alors pourquoi tout va basculer ? Envie de casser la routine, envie d'autre chose ? Besoin pulsionnel ?
Avec Maxence il y a la différence d'âge évidemment mais aussi la catégorie sociale supérieure.
Un portrait de femme libre qui décide de céder à ses désirs sans se soucier des conséquences. Comme si elle avait besoin d'un électrochoc pour sortir de 20 ans d'une prison dorée et pour reprendre le cours de sa vie.
Je suis allée voir le film pour Cécile de France que j'adore et le plaisir de revoir Félix Lefebvre après son magnifique rôle d'Eté 85.
La fin du film est belle mais j'ai trouvé le temps un peu long. Le personnage de Chiara tourne en rond durant trop longtemps.
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Les Huit Montagnes de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen
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Pietro est un garçon de la ville, Bruno est le dernier enfant à vivre dans un village oublié du Val d’Aoste. Ils se lient d’amitié dans ce coin caché des Alpes qui leur tient lieu de royaume. La vie les éloigne sans pouvoir les séparer complètement. Alors que Bruno reste fidèle à sa montagne, Pietro parcourt le monde. Cette traversée leur fera connaître l’amour et la perte, leurs origines et leurs destinées, mais surtout une amitié à la vie à la mort.
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Une amitié qui naît un été dans les montagnes et qui va perdurer malgré le temps, les interruptions, les éloignements...
Des étés durant lesquels Pietro, l'enfant des villes, acquiert le goût de la montagne grâce à son père.
Deux enfants uniques au schémas parentaux différents, des affinités et des mélanges se créent. L'un se rapproche d'un père tandis que l'autre s'en éloigne.
Ce sera pour moi le plus beau du film, un fils qui marche dans les pas de son père.
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Mais sinon encore une déception de ce palmarès #cannes2022 mené par un jury totalement passé à côté des pépites du festival pour couronner de l'attendu, de la froideur et de l'académisme.
Le film ressemble à une brochure touristique magnifique avec des images léchées. On vante les bienfaits de la montagne et le retour à la vie proche de la nature, le mythe des alpages.
C'est trop didactique, trop plat, sans rythme mais c'est beau oui.
La voix off semble lointaine artificielle. Quand à la musique ça ne va jamais.
Pourtant le sujet était porteur mais niveau émotions, deux vraies pour moi en 2h20, le reste manque terriblement d'âme.
Je retiendrai le regard bienveillant et doux de Luca Marinelli qui joue Pietro adulte.
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Fumer fait tousser de Quentin Dupieux
Après un combat acharné contre une tortue démoniaque, cinq justiciers qu’on appelle les "TABAC FORCE", reçoivent l’ordre de partir en retraite pour renforcer la cohésion de leur groupe qui est en train de se dégrader. Le séjour se déroule à merveille jusqu’à ce que Lézardin, empereur du Mal, décide d’anéantir la planète Terre…
Je me suis retrouvée en plein revival Bioman de ma jeunesse (mais je la trouvais nulle cette série !), on sent l’hommage aux combinaisons en skaï et aux méchants en carton-pâte.
J’ai passé un moment pas désagréable avec le film, sans plus. Il y a de bonnes situations absurdes ou étranges, elles sont sympas mais pas non plus délirantes.
Un Dupieux toujours dans la folie douce et l’incongru mais peut-être un peu trop lisse. Je n’ai pas trouvé de réel sens à l’univers tabac, je m’attendais à autre chose.
Ma scène préférée c’est celle très courte du diner en famille avec Lézardin, Benoît Poelvoorde génial même pour 5 minutes. Je reste avec une impression mitigée et désabusée et finalement c’est peut-être le message du film ce côté désabusé de toutes les situations…