Mon cinéma de février / 2023
Publié le 1 Mars 2023
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The Fabelmans de Steven Spielberg
Le jeune Sammy Fabelman tombe amoureux du cinéma après que ses parents l'ont emmené voir "The Greatest Show on Earth". Armé d'une caméra, Sammy commence à faire ses propres films à la maison, pour le plus grand plaisir de sa mère qui le soutient.
Je pouvais sentir mon sourire jusqu'aux oreilles quand Sammy fait des films avec ses petites sœurs.
L'agitation d'une famille nombreuse, les joies, les peines et petit à petit les sautes d'humeur de sa mère qui cachent quelque chose ? En filmant et se repassant les images il découvre des choses inavouées... Du cinéma qui réécrit l'histoire familiale qu'il s'était construite. De l'utilisation des images de cinéma qui montrent une autre réalité. ⠀
Sam qui expérimente et qui crée ça donne des scènes qui montrent si bien ce qu'est la magie du cinéma. La puissance du montage bien fait, d'un scénario pensé... comme le film qu'on est en train de regarder qui raconte justement comment et pourquoi on peut voir aujourd'hui ce film. ⠀
Spielberg entremêle souvenirs liés à sa passion et l'évolution de sa famille en mélangeant fiction et réalité. Malgré les moments plus durs dans les relations familiales ou l'antisémitisme dont Sam est victime au lycée, il se dégage de ce film une infinie tendresse de l'ordre de l'universel.
A travers une mise en scène magnifique, Steven Spielberg offre une belle et sensible déclaration d'amour au cinéma et à sa famille. Un coup de cœur assurément.
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La femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrenikov
Russie, 19ème siècle. Antonina Miliukova, jeune femme aisée et apprentie pianiste, épouse le compositeur Piotr Tchaïkovski. Mais l’amour qu’elle lui porte n’est pas réciproque et la jeune femme est violemment rejetée. Consumée par ses sentiments, Antonina accepte de tout endurer pour rester auprès de lui.
Antonina semble admirer le maître, presque une obsession. Est-ce un coup de foudre? Elle est entreprenante, trop, mais ça marche. Malgré le portrait atroce que Piotr fait de lui-même Antonina s'accroche. On comprend vite qu'il n'a rien à faire avec Antonina ni avec aucune femme. Pourquoi dire oui ? Intérêt financier ou de réputation...? ⠀
Tout le monde s'étonne de ce mariage, elle se regorge de fierté et son visage s'illumine quand elle est présentée comme sa femme. La femme de Tchaïkovski, des mots et un statut qui la rendent heureuse. On se moque d'elle, ne comprend t'elle vraiment pas ? Est-ce du déni ou pure folie ? Tout au long du film on se pose la question. Pourquoi s'accrocher ainsi ? Comment aimer cet homme qui ne supporte pas le moindre contact avec elle ?
Magnifiquement filmé avec des plans en hauteur sublimes. Un très beau travail d'orfèvre sur les couleurs, une mise en scène fluide, parfaite. Une scène finale folle... Voyage au bout de la folie d'une femme, de sa déchéance mentale, sociale et physique. Être la femme de... jusqu'au bout, à n'importe quel prix... Une actrice, Alena Mikhailov, qui habite ce rôle à la perfection. ⠀ La vraie Antonina écrivait des lettres passionnées à des célébrités bien avant qu'elle ne soit obsédée par le musicien. La photo des mariés du film est la reconstitution exacte de la vraie. D'ailleurs toute la reconstitution de l'époque est magnifique.
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Le retour des hirondelles de Li Rijuin
C’est l’histoire d’un mariage arrangé, entre deux êtres méprisés par leurs familles. Entre eux, la timidité fait place à l’affection. Autour d’eux, la vie rurale se désagrège…
Un coup de cœur pour ce film dont le couple restera dans mon panthéon des couples au cinéma !
La beauté des images et des plans montre une vie paysanne proche de la nature sans éluder la dureté au quotidien. Au contraire. On souffre avec Youtie qui endure tout ce qu’on peut endurer dans une vie d’agriculteur pauvre, en Chine de surcroit, qui ne peut compter que sur lui-même et son âne. Sur Guiying aussi quand elle aura trouvé sa place avec lui.
Ces deux êtres, laissés pour compte, lui méprisé, utilisé et moqué par sa famille, elle, souffrant de traumas car battue par la sienne, vont se créer leur famille, leur vie. Petit à petit, une belle tendresse les lie, magnifiquement racontée par des scènes d’une beauté et d’une douceur magnifiques. Ils ne se plaignent jamais, quelle leçon, même quand les politiques d’urbanisation du parti les chasse de leur maison et pire…
Wu Renlin qui joue Youtie est l’oncle paysan du réalisateur, un être humain incroyable. On sent que tout ce qu’il fait dans les champs ou de ses mains ne peut être de la fiction. Le film a été réalisé au rythme des saisons et voit que tout est réaliste. Il en faut de la force, du courage, des idées pour survivre et ressentir néanmoins des moments heureux dans cette lutte quotidienne pour se nourrir, se loger, avancer… J’ai été stupéfaite et admirative de tout ce que quelqu’un peut faire de ses mains quand il n’a aucune autre solution. Je vous laisse les surprises…
Un film beau et cruel à la fois qui décrit une réalité que n’a pas apprécié le pouvoir chinois qui a censuré qui interdit le film alors qu’il avait du succès. Un couple bouleversant d’humanité face à l’indifférence de ceux qui les entourent, des gens sans scrupules et sans empathie. Que ce soit pour le rapport à la nature, l’histoire d’un couple pas comme les autres, la chronique sociale, la mise en scène, le film est réussi à tous les niveaux. Un très grand ilm. Déjà dans mon top 2023.
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L'Astronaute de Nicolas Giraud
Ingénieur en aéronautique chez ArianeGroup, Jim se consacre depuis des années à un projet secret : construire sa propre fusée et accomplir le premier vol spatial habité en amateur. Mais pour réaliser son rêve, il doit apprendre à le partager…
Le rêve et le projet d'une vie. Un besoin vital d'aller dans l'espace pour lui dont le métier est d'envoyer des gens là-haut. Une obsession sur laquelle il semble avoir bâti sa vie, un parcours au long cours qui nécessite débrouillardise, argent et patiente. ⠀
Un projet fou qui nous semble irréaliste, à tort ou à raison ?
Avec une poignée de "croyants" a t'il plus de chance ? L'idée aussi de faire quelque chose pour soi sans se faire influencer par l'avis des autres. Le danger avec en filigrane la question du risque de mourir prise sciemment ? Des risques à tous les niveaux d'ailleurs sur le plan perso et pro.
Une histoire incroyable à laquelle j'avais envie de croire. Un petit suspense s'installe avec l'impression que le rêve de l'un est aussi celui des autres. Une fin absolument magnifique poétique mystique magique. Un film avec une belle ambition. Que l'on rêve d'aller dans l'espace ou d'autre chose, une histoire universelle qui me fait penser aux paroles de JJ Goldman "j'irais au bout de mes rêves, tout au bout de mes rêves où la raison s'achève..."
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Un petit frère de Léonor Serraille
Quand Rose arrive en France, elle emménage en banlieue parisienne avec ses deux fils, Jean et Ernest. Construction et déconstruction d’une famille, de la fin des années 80 jusqu’à nos jours.
Le film retrace le parcours d’une famille originaire de Côte d'Ivoire, venue s'installer en France, sous un prisme peu habituel et qui prend le temps de nous montrer son évolution. Rose mère célibataire, indépendante, fait le ménage dans des hôtels, suit la scolarité de ses enfants, tombe amoureuse et ne se plaint jamais. Parfois, en cachette elle pleure. Quelle histoire a t'elle laissé au pays ? ⠀
Une femme qui veut trouver sa place en France, sans faire de bruit et surtout une place pour ses fils. Rose n'entend pas se conformer à ce que "sa" communauté attend d'elle. Annabelle Lengronne est parfaite en Rose, une actrice que j'espère revoir. Son sourire s'ancre en nous.
Jean l'aîné est brillant mais un poids sur ses épaules, à la fois fils, grand frère et figure paternelle pour Ernest, garçon sensible. Les deux frères auront des trajectoires surprenantes. Trois périodes, trois personnages, trois visions de vie en France. Les choix d'une mère, les destins qui changent...
A noter deux scènes qui semblent venues de nulle part mais qui au contraire en disent beaucoup sur les rapports dominants/dominés, la scène hallucinante de la soirée au château et le contrôle de police. Un beau film sur les relations mère-fils, les combats d'une mère célibataire, une histoire universelle d'intégration et de vie dans laquelle on peut se reconnaître même sans avoir quitté un pays pour un autre. ⠀
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Aftersun de Charlotte Wells
Sophie contemple les moments de joie partagée et la nostalgie intime des vacances qu’elle a passées avec son papa vingt ans plus tôt. Des souvenirs, réels et imaginés, comblent les vides entre les enregistrements de son miniDV, alors qu’elle tente de concilier le père qu’elle a connu et l’homme qu’elle ignorait.
Un duo père fille qui se transforme souvent en trio avec la présence de la caméra, personnage à part entière, dans laquelle resteront les souvenirs de ces dernières vacances de Sophie et Calum. D’ailleurs, un peu trop réaliste les moments filmés à travers la mini DV, ça donne mal au cœur… je ne suis vraiment pas fan de ce procédé au cinéma quand il est trop utilisé.
On sent l’envie de coller à une réalité de ce que pourrait être une semaine de vacances dans ce genre d’endroit, les repas, la chambre, les jeux, les soirées, les rencontres… Une vraie complicité entre le père et sa fille, c’est mignon, doux, tendre, la réalisatrice saisit l’essence d’une relation. Mélancolie, nostalgie, moments heureux d’une époque révolue. Subrepticement des zones d’ombre apparaissent, on sent que l’attitude du père est limite, que derrière les sourires, se cache un mal être…
A travers les images filmées de cette semaine, Sophie adulte comprend ce qu’elle n’arrivait pas à voir à l’époque du haut de ses onze ans… et nous avec. Même s’il y a une volonté évidente de ne pas tout raconter. On ne saura pas grand-chose de leur histoire, de ce père bien jeune, de leur vie en dehors de ces vacances. J’ai aimé le propos de la réalisatrice, le voyage sensoriel, le duo Paul Mescal/Frankie Corio, le portrait d’une préado, pourtant j’ai trouvé le temps long. Je n’avais pas l’état d’esprit tranquille quand je suis allée voir le film le jour de sa sortie, ceci explique sûrement ma difficulté à être vraiment dedans.
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Les Rascals de Jimmy Laporal-Trésor
Les Rascals, une bande de jeunes de banlieue, profite de la vie insouciante des années 80. Chez un disquaire, l’un d’eux reconnait un skin qui l’avait agressé et décide de se faire justice lui-même. Témoin de la scène, la jeune sœur du skin se rapproche d’un étudiant extrémiste qui lui promet de se venger des Rascals. Alors que l’extrême droite gagne du terrain dans tout le pays, la bande d’amis est prise dans un engrenage. C’est la fin de l’innocence…
Les années 80 à Paris, les bandes et les looks comme les Teddy boys, les punks ou les skins, le début du hip-hop. Des looks mais aussi des styles musicaux et des soirées pour chaque groupe. Et beaucoup de violence, de racisme, d’intolérance…des scènes insoutenables à hurler de rage et d'injustice.
Le film raconte une histoire tout en la remettant dans un contexte politique, celui de la montée du FN et des ses fameux 11% aux européennes, les affrontements entre colleurs d’affiches communistes et extrême droite, le Gud d’Assas…
On s’attache à ces Rascals, une bande à la vie à la mort, amis d’enfance issus de la mixité des cités, soudés qui s’amusent et draguent la plupart de temps et vont se retrouver dans un engrenage infernal. Toujours la même histoire, la violence engendre la violence. Des jeunes gens se retrouvent pris dans des histoires qui les dépassent. La politique s’en mêle et ça devient dangereux.
Un très bon film sur le sujet avec une reconstitution réaliste de l’époque et une mise en scène percutante. J’ai trouvé que c’était extrêmement violent, j’ai souvent caché mes yeux, mais malheureusement il y en a eu beaucoup de cette violence à l’époque…
J’ai vécu cette période et du haut de mes 17/18 ans j’étais terrorisée par les descentes de skins dans Paris, les punks aux Halles, leurs affrontements... A chaque fois qu’on sortait le week-end on faisait gaffe, on essayait de se renseigner sur les endroits à éviter. J’ai eu mon côté teddy girl aussi vite fait, les soirées 50’s en robe assortie…
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Pour la France de Rachid Bami
Lors d’un rituel d’intégration dans la prestigieuse École Militaire de Saint-Cyr, Aïssa, 23 ans, perd la vie. Face à une Armée qui peine à reconnaître ses responsabilités, Ismaël, son grand frère, se lance dans une bataille pour la vérité. Son enquête sur le parcours de son cadet va faire ressurgir ses souvenirs, de leur enfance à Alger aux derniers moments ensemble à Taipei. D’après une histoire vraie.
Après la mort du fils prodige, l’enjeu familial est que l’armée reconnaisse ses torts mais surtout qu’Aïssa soit enterré avec les honneurs militaires, lui qui était si fier d’appartenir à cette école. Aïssa est brillant, étudiant à Science Po, son sens du devoir et son patriotisme sont très forts, pourtant il est né en Algérie, belle déconstruction des clichés liés aux enfants d’immigrés. Saint-Cyr est un vrai choix du cœur. Tout comme le traitement de l’Armée est loin d’autres clichés. Très belle scène d’enterrement musulman et militaire.
Flashbacks qui nous permettent de connaître Aïssa à différentes périodes de sa vie, ce qu’il était et les conditions difficiles de la venue de la famille en France qui quitte l’Algérie dans les années 90 pour échapper à la montée des extrémistes et à la perte de liberté. Le père ne suit pas et cela va peser dans la suite de l’histoire familiale. La trajectoire de deux frères très proches qui se sont éloignés en grandissant, Ismaël, le grand frère protecteur prend une autre route et se perd en chemin… ⠀
De très beaux moments de fraternité quand Ismaël se remémore sa semaine à Taipei avec Aïssa. Une séquence lumineuse qui donne au film une force narrative émouvante. Une introspection qui va redonner à Ismaël l’envie de se rapprocher d’Aïssa même après sa mort… Un film sensible qui traite tous les sujets sans jamais sombrer dans le pathos ou le manichéisme mené par un duo d’acteurs excellents @karimleklou @shainboumedine
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Petites de Julie Lerat-Gersant en collaboration avec François Roy
Enceinte à 16 ans, Camille se retrouve placée dans un centre maternel par le juge des enfants. Sevrée d’une mère aimante mais toxique, elle se lie d’amitié avec Alison, jeune mère immature, et se débat contre l’autorité de Nadine, une éducatrice aussi passionnée que désillusionnée. Ces rencontres vont bouleverser son destin…
On comprend vite à quel point la mère de Camille est toxique malgré l’amour. Une relation fusionnelle dont Camille n'arrive pas à sortir. Le centre maternel est à la fois une bulle de tendresse et d’écoute et un concentré de ce que la maternité trop tôt peut engendrer. Certaines mères mettent leurs enfants en danger, c’est terrifiant, un manque de repères à tous les niveaux, de la maltraitance et du déni. Des enfants qui mettent au monde des enfants, l’incompatibilité de vivre une adolescence et une maternité (il y a des exceptions je sais…) Des jeunes filles à qui il arrive des trucs d’adulte beaucoup trop tôt.
A côté des cas du film, Camille et son amoureux Mehdi (très beau personnage d’un ado bien dans sa tête) font figure de sages malgré leur insouciance. Leur histoire est touchante. Camille doit avancer et grandir en mettant à plat les relations avec sa mère, elle-même mère ado… la reproduction des schémas familiaux, éternel et triste recommencement. La difficulté du métier, les signalements qui ne sont pas pris en compte, le manque cruel de moyens, un système impuissant… et la foi et la passion qui sont bien présentes.
Un film que j’ai beaucoup aimé et qui pose d’intéressantes questions sur la maternité, sur ce qu’on a envie d’apporter à un enfant, sur la filiation, l’adoption, les conséquences de garder son enfant ou pas… Les questions que se posera l’enfant plus tard… On voit bien qu’on parle surtout d’éducation et de milieux défavorisés, un vaste chantier… apprendre à se protéger, à se surveiller, à réfléchir à ses actes que ce soit du côté des parents ou de leurs ados. Un jeune duo excellent @pili.groyne @bilel.chegrani
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Arrête avec tes mensonges de Olivier Peyon d'après le roman de Philippe Besson
Le romancier Stéphane Belcourt a accepté de parrainer le bicentenaire d’une célèbre marque de cognac. C’est l’occasion de revenir pour la première fois dans la ville où il a grandi. Sur place, il rencontre Lucas, le fils de son premier amour. Les souvenirs affluent : le désir irrépressible, les corps qui s’unissent, une passion qu’il faut taire… Ce premier amour s’appelait Thomas. Ils avaient 17 ans.
35 ans plus tard, Stéphane Belcourt revient dans l’endroit qu’il a quitté parce que sa différence ne lui permettait pas de s’épanouir librement. On découvre sa belle histoire cachée avec Thomas, une histoire compliquée avec un garçon plein de contradictions. Grâce à Lucas qui cherche des réponses et qui tente de mieux connaître son père, Stéphane aura peut-être aussi les siennes. Revivre son passé pour mieux le comprendre. ⠀
Une histoire d’amour touchante entre deux adolescents dont l’un ne peut se défaire du poids sociétal et familial et qui préfère vivre une vie dans laquelle il ne sera pas heureux. Le malheur qu’on se cause à soi et qu’on cause aux autres quand on ne vit pas ce que notre cœur nous indique… ⠀
J’ai été très émue par ce film servi par un duo de comédiens magnifiques dans leurs rôles. Guillaume de Tonquedec arrive à faire passer tellement de choses sans même parler et Victor Belmondo, attachant et charmant, qui donne à son personnage beaucoup de nuances. Ainsi que par un autre beau duo plus jeune, Jérémy Gillet (toujours bon) et Julien de Saint Jean (intense). Un très beau film.
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Chevalier noir de Emad Aleebrahim Dehkordi
Iman et son jeune frère Payar vivent avec leur père dans un quartier du nord de Téhéran. Après la mort de leur mère, Iman cherche à tout prix à sortir de l’impasse d’une vie étouffante et profite de ses relations privilégiées avec la jeunesse dorée de Téhéran pour se lancer dans un petit trafic juteux. Mais ce qui semblait être le chemin vers un nouveau départ les entraîne dans une spirale qui va bouleverser leur destin.
Un film lumineux et sombre à la fois mais c’est la lumière qui se dégage de la relation fraternelle qui prévaut. Qu’elle est belle, tendre, solidaire, bienveillante cette relation entre Iman et Payar qui suivent chacun leur route mais en étant toujours proches et là l’un pour l’autre. Ce qui arrivera plus tard n’étonnera pas… liés comme ils sont. ⠀ ⠀
J’ai aimé voir un film iranien qui parle de la jeunesse et qui montre une autre image de Téhéran, des gens qui sortent, qui font tout ce que d’autres jeunes d’autres pays libres font, des scènes sur de la musique techno… ainsi que la jeunesse dorée et friquée qui vit dans son propre monde avec ses codes comme si l’Iran était une vraie démocratie. Des jeunes gens riches, comme souvent partout, déconnectés de la réalité plus dure de leurs concitoyens. Un vrai contraste entre deux mondes. ⠀
Une ville de Téhéran très cinégénique. ⠀
Iman qui prend goût à l’argent, il en a marre de galérer et on peut le comprendre, une certaine rage l’habite. L’espoir d’une vie à peine meilleure même grâce à un moyen répréhensible. Les deux frères essaient de s’en sortir comme ils peuvent entre un père inutile, une maison qui part en miettes, un oncle qui veut les arnaquer et le manque d’emplois. ⠀
Une chronique sociale et familiale dont on retient le duo de frères interprétés finement par Iman Sayad Borhani et Payar Allahyari. Même si j’ai trouvé qu’il ne se passait pas grand-chose, le film dégage vraiment quelque chose et se termine sur une belle note d’espoir.
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La montagne de Thomas Salvador
Pierre, ingénieur parisien, se rend dans les Alpes pour son travail. Irrésistiblement attiré par les montagnes, il s’installe un bivouac en altitude et décide de ne plus redescendre. Là-haut, il fait la rencontre de Léa et découvre de mystérieuses lueurs.
Pierre ressent un appel soudain pour la montagne et ses hauteurs. Une midlife crisis ? Un vrai besoin de se ressourcer dans la nature ? On peut comprendre sa fascination et l’envie de se retrouver seul face à lui-même. Son choix de vie n’est pas compris par ses proches qui veulent décider à sa place. De ce choix on n’en saura pas plus sur les motivations.
Le film passe du quasi documentaire au fantastique. Il se passe des choses au cœur de la montagne et Pierre veut comprendre. Il fait n’importe quoi en pleine nuit, il perd son jugement, on se dit qu’il va y rester tellement son obsession est forte. Il se passe quoi exactement, il poursuit des chimères, des aliens, des forces surnaturelles, il a le mal des montagnes ? Est-ce le délire de quelqu’un qui meurt de froid en haute montagne ?
J’ai l’impression que mon avis est complètement décousu parce qu’en vérité je ne sais pas trop quoi penser de ce film, du mélange des genres et des effets spéciaux kitsch… Je n’ai pas détesté, je n’ai pas eu vraiment d’émotions, je crois que perplexe va me définir sur ce coup… Un voyage et une expérience hallucinatoire et étrange. Une façon de trouver sa lumière intérieure ? Et de très beaux paysages…
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Le marchand de sable de Steve Achiepo
Marqué par des années de prison, Djo, livreur de colis en banlieue parisienne, vit modestement chez sa mère avec sa fille. Un jour, une tante qui vient de fuir le conflit ivoirien débarque chez eux avec ses trois enfants. Dans l’urgence, Djo réussit à leur trouver un local.
Mais face à la demande croissante et dans la perspective d’offrir une vie décente à sa fille, Djo bascule et devient marchand de sommeil.
Une première longue scène de fête de famille qui masque les soucis qu’on devine partout. J’ai beaucoup aimé ce début à la fois joyeux et dramatique. On découvre la débrouillardise d’une communauté qui aide les siens mais qui ne peut tout faire ainsi que la triste réalité des hébergements d’accueil qui ont très peu de place et doivent choisir entre des cas tous difficiles. Le film met l’accent sur le travail des associations qui font beaucoup avec peu de moyens. ⠀
Djo se démène dans tous les sens pour sa famille et la confrontation quotidienne au racisme est montrée finement tout au long du film. On peut comprendre, sans le justifier, que toutes ces petites situations mises bout à bout fassent qu’un jour, on passe de l’autre côté, on flirte avec la légalité. ⠀
La question morale qui se pose ici, est ce qu’on aide ou on profite de la misère ? Pour Djo ça part vraiment d’un bon sentiment mais il va vite voir les dessous du business des marchands de sommeil, les expulsions sauvages, les conditions sanitaires moyennes, la négation de l’humanité… Pourtant ça évite que des gens se retrouvent à la rue. Il va se retrouver face à un dilemme déchirant…
Moussa Mansaly assure dans son premier rôle principal au cinéma. Un rôle tout en nuances qu’il endosse parfaitement. J’ai bien aimé le film avec un petit bémol sur la réaction de Djo à la fin. Est-il tétanisé au point de ne plus réussir à réagir ? Est-ce du déni d’un drame pressenti ? J’ai trouvé la dernière partie un peu bancale comparée au reste du film mais ça n'enlève rien à la force du propos et à la richesse du film.
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Ant-Man et la Guêpe : Quantumania de Peyton Reed
Une nouvelle aventure attend Scott Lang et Hope van Dyne dans leur vie de couple et de super-héros !
Tellement déçue par ces nouveaux univers Marvel que je vais lâcher l’affaire pour la suite. En quelques épisodes de série et films, ils ont tué le concept de multiverse, je suis déjà saoulée. Ant-Man est mon chouchou parce que c’est Paul Rudd qui l’interprète et j’avais vraiment aimé la fraicheur et la créativité des deux premiers, sans parler de l’humour. Ici il reste un peu d’humour, pas assez mais pour le reste hormis l’interprétation de Jonathan Majors que j’ai trouvé pas mal, je reste sur ma faim et plus.
L’univers entre un peu d’Avatar et beaucoup de Star Wars (mdr, à la fin du film, des jeunes ont dit "c’est le Star Wars du pauvre", je les rejoins !) est décevant comme le reste. Et Modok on en parle ? WTF ! Parfois les décors vertigineux font penser que peut-être en 3D il pourrait y avoir quelques émotions ? ⠀
Peu d’inventivité niveau histoire et toujours les mêmes trucs de scénario qu’on attend parce que c’est prévisible, exemple l’armée des fourmis annoncée depuis le début qui arrivera en retard, so cliché… Un point positif, la relève de la jeunesse féminine avec le rôle d’Emily, la fille de Scott.
Les meilleures scènes sont au début et à la fin quand Paul Rudd est Scott et qu’il se balade dans les rues de San Francisco. Mon côté Marvel fan va se contenter des anciens films de la saga… la première scène post générique ne donne pas envie de savoir la suite... Endgame pour moi ! (Bon j'irai sûrement voir Les Gardiens de la Galaxie...)
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Animals de Nabil Ben Yadir
Brahim est un jeune homme, la joie de vivre de sa mère. Un jour il trouvera l'amour de sa vie. il deviendra père de famille et les rendra tous fiers. Un jour, il sera mûr et comblé. Un jour ...
Le film est inspiré de la triste histoire vraie du meurtre de Ihsane Jarfi en Belgique en 2012.
Plans séquences à chaque étape de cette nuit de l’horreur. Une 1ère partie en famille dans laquelle règne la loi du silence, pas de place pour le moindre coming-out out de la part de Brahim qui vit avec son petit ami depuis 5 ans mais qui ne peut le leur présenter. On sent sa souffrance intérieure de ne pas pouvoir partager qui il est vraiment avec ses proches. Puis Brahim quitte la fête de famille pour essayer de trouver son copain en ville. C’est là qu’il va faire une mauvaise rencontre…
Il faut avoir le cœur bien accroché pour supporter le film et la scène de violence gratuite de la part de gros connards qui s’excitent entre eux pour se déchainer. La haine pure sans raison autre que l’intolérance crasse et stupide de mecs tellement abrutis qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils se détruisent aussi eux-mêmes. D’ailleurs je n’ai pas supporté… je n’ai pas regardé vraiment l’écran pendant 20 minutes. Je suis allée voir ce film parce que je trouve que c’est important de raconter ces histoires d’inhumanité mais je ne sais pas si je peux comprendre ce choix de tout montrer, je ne peux pas regarder, je ne veux pas avoir les images qui restent en tête.
Comme le dit le réalisateur "Pour raconter cette histoire radicale, il fallait une forme tout aussi radicale"… mais je me demande quand même si le propos ne serait pas le même en montrant moins. La 3ème partie est intéressante, on va suivre Loïc, le plus jeune, devenu un monstre en une nuit, qui retourne à sa petite vie, famille, boulot... Il a basculé dans un autre monde sous les encouragements de ses 3 potes… Il se prépare à fêter le mariage de son père qui sera une surprise… Un contraste fort entre les 3 parties du film. Un film archi dur qui montre le pire de l’être humain, une fois de trop, une fois de plus… je reste mitigée sur la mise en scène. Je retiens l’interprétation de Soufiane Chilah.