Mon cinéma d'avril 2023
Publié le 8 Mai 2023
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Suzume de Makoto Shinkai
Suzume, 17 ans, suit un mystérieux jeune homme pour découvrir une porte patinée dressée au milieu d'un complexe en ruine. Comme attirée par une force invisible, elle saisit la poignée - et dans tout le Japon, les portes commencent à s'ouvrir, l'une après l'autre, déchaînant la destruction. Suzume doit fermer chacun de ces portails pour éviter de nouvelles dévastations. Son voyage commence…⠀
La symbolique forte des portes qui s'ouvrent et se referment sur le passé ou l'avenir. Ce qu'on doit laisser derrière soi ou enfermé pour avancer. Celle des lieux abandonnés comme le centre de vacances, le parc d'attractions, le collège qui symbolisent l'enfance et la nostalgie. ⠀
Comme dans Your Name ou Les Enfants du temps on retrouve un duo uni dans une quête commune. L’impétueuse Suzume et le ténébreux Sota vont vivre une relation pas comme les autres, intense, déroutante et démente. Sur leur route, ils vont trouver de l’aide à travers quelques belles rencontres, des personnages surtout féminins de femmes indépendantes. Mais aussi un chat qu’on a tantôt envie de caresser tantôt envie de tuer… ⠀ ⠀
Un voyage initiatique à travers le Japon, ses blessures, ses croyances divines, son quotidien rythmé par des alertes séismes... l'ombre de Fukushima rode... Suzume va devoir affronter l'enfant qu'elle a été et se réconcilier avec elle-même pour fermer une porte et en ouvrir une nouvelle... ⠀
Une animation magnifique, des rebondissements réguliers, un scénario travaillé et des personnages géniaux. Une histoire d'amour transcendée par une trame tragique comme les invente si bien Makoto Shinkai. De la magie, de la poésie, du fantastique, de l'humour, une nouvelle pépite du réalisateur. J’ai souri, j’ai pleuré, mes émotions ont été servies avec ce sublime animé. Et la musique de @radwimps_jp
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The Quiet Girl de Colm Bairéad
Irlande, 1981. Cáit, une jeune fille effacée et négligée par sa famille est envoyée vivre auprès de parents éloignés pendant l’été. Elle s’épanouit avec eux, mais dans cette maison où il ne devrait pas y avoir de secrets, elle en découvre un…
Une caméra qui ne quitte jamais Cáit. Tout ce qu’elle vit et ce qu’elle ressent, on le ressent aussi. L’indifférence voire pire dont elle est victime dans sa propre famille, à l’école et petit à petit on comprend les réactions de défense et de protection exprimées par ses actes et son corps. On a envie de la protéger cette gamine à l’air triste et apeuré… merveilleuse Catherine Clinch qui fait tout passer dans son regard.
Quand elle change d’environnement, on la voit changer et s’ouvrir comme une fleur dont on prend soin. Elle reprend goût à la vie et qui découvre qu’on peut être aimée comme on est. Sa famille d’accueil formée par Eibhlín et Seán, un couple dont on sent l’amour mais aussi la tristesse, lui donne l’affection et l’attention dont elle a été privée jusque-là. ⠀
Une tristesse dont on va découvrir la cause avec un gros plan sur du papier peint, une révélation dont j’ai trouvé la mise en scène subtile. The Quiet Girl c’est l’histoire de la naissance et renaissance d’une famille, la construction d’une enfant mais aussi la description d’un monde rural irlandais et de sa vie quotidienne. Avec beaucoup de simplicité et d’émotions que les personnages nous livrent tout au long du film. ⠀
Un premier long métrage sensible et délicat qui raconte parfaitement avec une économie de dialogues, une belle photographie et un trio d’interprètes touchant et juste.
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About Kim Sohee de July Jung ⠀
Kim Sohee est une lycéenne au caractère bien trempé. Pour son stage de fin d’étude, elle intègre un centre d’appel de Korea Telecom. En quelques mois, son moral décline sous le poids de conditions de travail dégradantes et d’objectifs de plus en plus difficiles à tenir. Une suite d’événements suspects survenus au sein de l’entreprise éveille l’attention des autorités locales. En charge de l’enquête, l’inspectrice Yoo-jin est profondément ébranlée par ce qu’elle découvre. Seule, elle remet en cause le système.
Un film en deux parties pour deux portraits croisés de femmes dans la Corée contemporaine. D'abord Kim et sa désillusion, Kim tellement fière d'être employée de bureau, Kim qui perd peu à peu sa joie de vivre. En parallèle le parcours d'un ami avec qui elle partage la passion de la danse lui aussi broyé par le système, contraint de faire un métier physique dur pour des histoires de quotas. ⠀
Puis Yoo-jin qui veut comprendre Kim, une enquête fouillée alors qu'il n'y a pas crime, elle se heurte à sa hiérarchie; et mettre à jour le système éducatif coréen, la compétition entre lycées, les classements, tout un cercle infernal et vicieux qui sacrifie les jeunes. ⠀
On découvre une Corée du Sud et sa culture de l’excellence et de l’effort, la pression de la hiérarchie, les méthodes de managament inhumaines... Le commercial harcelé par son chef harcèle le client... Un vrai combat pour rendre hommage à Kim et à toutes les personnes qui subissent cette pression permanente. Une chronique sociale qui aborde le thème du suicide et du harcèlement au travail, un film noir et glaçant qui s'inspire d'un fait divers qui a remué le pays. ⠀
Deux parties qui se font écho, deux femmes qui ne se rencontrent pas mais qui seront liées durablement. J'ai adoré ce film qui m'a touchée profondément. Le duo d'actrices est bouleversant. Un coup de cœur.
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Los reyes del mundo de Laura Mora
Rá vit avec ses amis Culebro, Sere, Winny et Nano dans les rues de Medellin. Leur espoir renaît quand le gouvernement promet à Rá le droit d’acquérir un terrain duquel sa famille avait été chassée, comme des milliers d’autres, par les paramilitaires. La bande de copains se met donc sur la route périlleuse qui mène dans l’arrière-pays.
Une première scène de combat de rue avec machettes dans l’indifférence générale. La violence quotidienne pour cette bande habituée à se débrouiller seule. L’espoir d’une vie meilleure nait avec ce terrain promis. On quitte Medellín pour les paysages verdoyants de la Colombie pas pour autant plus pacifiques.
Un road trip sans argent qui va les plonger dans des aventures tragiques ou magiques. Passage magnifique dans un bordel tenu par des prostituées âgées qui vont donner de la vraie tendresse à ces gamins en manque d'affection.
Ces ados ne sont pas des enfants de chœur, habitués à voler et agresser pour survivre, ils se sont trouvés pour former une famille, c’est leur lien fraternel qui les rend attachants. Quand tout le monde te tourne le dos, la violence semble être la seule réponse. Quand on y est confronté en permanence, comment répondre autrement…
Ces ados invisibles aux yeux des autres se sentent exister par la force d’un projet, d’un avenir commun. Un morceau de terre qui représente l’unique espoir de changer leur vie. Jusqu’au bout ils y croiront malgré tous les obstacles. Même si ce pays a du mal à reconnaître ses crimes passés, même si leur route croise de plus violents qu’eux, même si l’injustice est permanente… Fuir la réalité d’un quotidien éprouvant, une quête légitime pourtant. Auront-ils droit à 5mn de bonheur ?
Un film dans lequel la poésie et la violence se répondent. Chronique sociale, thriller, conte fantastique, un mélange des genres réussi. Des jeunes comédiens amateurs incroyables. Un film qui raconte la Colombie, la misère, le cynisme et l’hypocrisie de l'Etat dans cette histoire de spoliation. Constat amer, désillusion, terrible et déprimant mais un très bon film. A voir.
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La dernière reine de Damien Ounouri et Adila Bendimerad
Algérie, 1516. Le pirate Aroudj Barberousse libère Alger de la tyrannie des Espagnols et prend le pouvoir sur le royaume. Selon la rumeur, il aurait assassiné le roi Salim Toumi, malgré leur alliance. Contre toute attente, une femme va lui tenir tête : la reine Zaphira. Entre histoire et légende, le parcours de cette femme raconte un combat, des bouleversements personnels et politiques endurés pour le bien d’Alger.
Entre histoire et légende voici un très bon film d’aventures, un genre qu’on connait dans un pays que l’on n’a pas l’habitude voir ainsi au cinéma et rien que pour ça, le film vaut le déplacement. On est transporté dans l’Algérie médiévale, ses palais, la Casbah d’Alger ville cosmopolite, ses intrigues de pouvoir. Des batailles sanglantes pour se défaire de l’envahisseur espagnol et récupérer Alger mais assumer l’association avec des pirates est moins évident. J’ai découvert un peu mieux Barberousse que je connaissais de nom et de réputation.
Zaphira est une reine qui porte son peuple dans son cœur, une reine amoureuse mais une mère avant tout. A travers elle, c’est toute une histoire des femmes et leur place dans la société tout comme dans la royauté, leur soumission aux maris, frères, leurs honneurs soi-disant bafoués… ⠀
Elle veut un destin pour elle et son fils, pas celui qu’on lui assigne ou celui qu’on impose à une veuve. Elle devra s’endurcir et faire des compromis pour arriver à ses fins mais dans ce contexte de violence, conquête du pouvoir, hommes ambitieux, peut-elle espérer ? En dehors d’une belle mise en scène et d’un scénario haletant, le film est d’une beauté plastique sublime. Des costumes et des décors assortis, un magnifique travail sur les images à la façon album photo ou peintures de maîtres. Une tragédie romanesque, mystique et poétique, un Games of throne à Alger, passionné et passionnant.
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Misanthrope de Damián Szifron
Eleanor, jeune enquêtrice au lourd passé, est appelée sur les lieux d’un crime de masse terrible. La police et le FBI lancent une chasse à l’homme sans précédent, mais face au mode opératoire constamment imprévisible de l’assassin, l’enquête piétine. Eleanor, quant à elle se trouve de plus en plus impliquée dans l'affaire et se rend compte que ses propres démons intérieurs peuvent l’aider à cerner l'esprit de ce tueur si singulier…
Ça démarre fort tout de suite et le film est maîtrisé du début à la fin. Des personnages intéressants et loin des caricatures habituelles flics et serial killer. Les rivalites entre équipes, tout le monde veut sa part de gloire, les théories qui circulent lors des tueries de masse, des médias opportunistes, un contexte qui dessert la traque. ⠀
Une enquête minutieuse entravée par les compromis, pressions et comportements des politiques liés à la police. Une enquête haletante mais le film vaut aussi pour tout le reste que Damián Szifron (attendu depuis Les Nouveaux Sauvages) distille intelligemment par petites touches.
Une vraie critique constat de l'Amérique contemporaine avec en premier lieu le principal problème, celui des armes à feu et des tueries. Mais aussi le racisme, le complotisme, les crimes de la police envers les noirs. Avec un engagement écologique fort, le sort des animaux dans les abattoirs, le consumérisme ou encore l'hypocrisie du tri des déchets. ⠀
Un bon polar rythmé, efficace et surtout engagé. Moi qui suis fan du genre ça faisais longtemps qu'un polar américain ne m'avait tant plu.
Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand
Dog et Mirales sont amis d’enfance. Ils vivent dans un petit village du sud de la France et passent la majeure partie de leurs journées à traîner dans les rues. Pour tuer le temps, Mirales a pris l’habitude de taquiner Dog plus que de raison. Leur amitié va être mise à mal par l'arrivée au village d'une jeune fille, Elsa, avec qui Dog va vivre une histoire d'amour. Rongé par la jalousie, Mirales va devoir se défaire de son passé pour pouvoir grandir, et trouver sa place.
Dans ce petit village hors saison, les jeunes trainent comme dans les cités de banlieue et j’ai aimé le fait que pour une fois justement ça ne se passe pas en banlieue mais dans un petit village.
Dog et Mirales se connaissent depuis toujours et leur relation peut sembler toxique. Est-ce que Mirales, l’érudit et philosophe de la bande qui cite Montaigne tout le temps, se rend compte de la façon dont il rabaisse en permanence Dog ? Est-ce que c’est pour le tirer vers le haut ou au contraire asseoir sa domination ? Le hableur et le taiseux, un drôle de duo à priori inséparable complété par Malabar le chien attachant de Mirales.
Avec l’arrivée d’Elsa, Dog prend un peu d’indépendance, Mirales le vit très mal. Tout en décortiquant leur relation qui peut paraître étrange entre fraternité et amitié, le film nous raconte la vie de chacun derrière les apparences. Des solitudes même avec une famille. Des solitudes qui s’accompagnent dans une relation pas très équilibrée. Avec Elsa dont la franchise ne leur est pas habituelle, les deux vont se remettre en question.
Quand tout s’apaise, on a le sentiment d’être devant un couple mal assorti mais dont les fondations sont solides…
Un portrait réaliste et attachant d’une jeunesse d’aujourd’hui entre désabusement et espoir de s’accomplir. Un premier long métrage original, poétique, maitrisé, qui nous offre des personnages bien écrits. Un film qui confirme encore le talent d’Anthony Bajon et un grand premier rôle pour Raphaël Quenard qui explose l’écran par sa présence étonnante et son excellent bagout, un comédien unique !
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Blue jean de Georgia Oakley
1988, l’Angleterre de Margaret Thatcher. Jean, professeure d’éducation physique, est obligée de cacher son homosexualité, surtout depuis le vote d’une loi stigmatisant la communauté gay. C’est sans compter sur une nouvelle étudiante qui menace de révéler son secret…
Le film se situe en 1988, on s’y croirait et pourtant l’impression que ça pourrait se passer aujourd’hui. ⠀
Cacher son homosexualité au travail par peur de le perdre c’est aussi imposer un état et un mode de vie à la personne que l’on aime. Le film montre ces deux aspects, celle qui n’assume pas (que ce soit justifié ou non) et celle qui assume et qui se retrouve à se cacher pour soutenir l’autre et ne pas faire de coming out à sa place. ⠀
Jean est obsédée par le fait de se cacher surtout au travail. Le contexte politique n’arrange pas la situation. On la sent en tension tout le temps et son métier de prof l’exposerait encore plus si ça se savait… ⠀
Rosy McEwen joue parfaitement le côté tension permanente entre les rares moments ou on la sent heureuse et tout le reste ou elle se contrôle en n’étant jamais sereine, toujours sur le qui-vive. Est-ce possible de cloisonner en permanence ? On s’empêche de vivre sa vie, on est prise au piège de la société et de soi-même. ⠀
Mais comment rester neutre quand cela affecte une de ses élèves ? Peut-on tout accepter pour préserver son job ? A force de faire semblant, on se sent lâche et on se déteste. Le film montre toute l’ambivalence des situations. ⠀
Et à côté, on découvre aussi une communauté solidaire face à une société qui rejette et qui juge. Une belle sororité qui donne de l’espoir aux jeunes filles qui tentent de se définir et s’assumer dans un monde hostile et injuste qui n'en finit pas de l'être...
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Mad God de Phil Tippett ⠀
Un Assassin surgit des abysses dans une cloche à plongée et s’enfonce au cœur d’un univers infernal peuplé de créatures mutantes et de scientifiques fous. Bientôt capturé, il devient la victime du monde qu’il est chargé de détruire...
On commence avec la Tour de babel, un mythe fondateur de notre humanité. L'œuvre d'un mad god ?
Sur les traces d'une civilisation perdue post apocalyptique, la descente dans les enfers de l'Assassin à moins que ce soit dans le cerveau du réalisateur. Chacun peut y voir les références ciné qu'il veut trouver, du sens ou pas. Aliénation du monde du travail, pouvoir des images, expériences sur les humains, régimes totalitaires et nazisme... C'est aussi un condensé de tout ce qu'on peut trouver dans les films d'horreur épouvante ou un condensé du pire de l'humanité... ⠀
Malgré que ce soit de l'animation, mon petit cœur fragile a eu du mal avec quelques scènes... On ne peut s'empêcher d'imaginer un vrai bébé / cri humain-corps inhumain, troublant... ⠀
Métaphore de la création du monde, un Dieu tout puissant qui joue avec ses créatures. Nouveau mythe de la création du monde avec un sacrifice originel. C'est l'Eternel recommencement... destruction création... ⠀
Richesse visuelle dingue, stop motion, marionnettes... 33 ans de travail 1987-2020, le resultat est totalement mad ! ⠀
Magnifique, monstrueux, délirant, créatif. Musique poétique qui détonne avec l'univers. Un film qui porte bien son nom, il y a du mad et du God qu'il soit réel, imaginé, fantasmé, incarné par quelqu'un qui s'y croit... Une expérience de cinéma dingue qui nous fait faire un drôle de voyage. ⠀
Ps : ça m'a un peut fait penser à cette pépite de Junk head...
Donjons & Dragons : L'honneur des voleurs de Jonathan Goldstein (XII) et John Francis Daley
Un charmant voleur et une bande d'aventuriers improbables se lancent dans une quête épique pour récupérer une relique perdue, mais les choses tournent dangereusement mal lorsqu'ils se heurtent aux mauvaises personnes.
Je n'ai jamais joué à Donjons et Dragons, tout juste si je sais de quoi ça parle et qu'on y joue dans Stranger Things. Pourtant j'ai vu une seule fois la bande annonce qui m'a donné envie de voir le film. Pour son casting sympa et pas tape à l'œil, un mélange des genres réussi. Contente pour Justice Smith que je suis depuis la géniale série The Get Down. ⠀
Je n'ai pas de leçon de cinéma ou de critique métaphysique à écrire sur ce film. Mon avis sera bref ! ⠀
Des décors sublimes, une galerie de personnages effrayants, drôles, charismatiques ou affreux très bien interprétés et imaginés, beaucoup d'humour, des effets spéciaux que j'ai trouvés vraiment réussis. Du grand spectacle bien ficelé qui m'a réjouie durant 2h15 ! Un très bon moment au cinéma, j'ai été bluffée, émerveillée, émue. Juste du plaisir de qualité, ça ne se refuse pas !
Les trois mousquetaires : d’Artagnan de Martin Bourboulon
Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… Dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
On est dedans, on y croit ! J'ai aimé les reconstitutions et reconnaître quelques beaux endroits de notre patrimoine. Une histoire toujours aussi passionnante malgré les nombreuses adaptations déjà vues. Belles scènes de poursuites à cheval, de la cape et de l'épée comme il faut, des complots dans tous les sens...
Le casting est délicieux. Mention spéciale à Louis Garrel et son interprétation géniale de Louis XIII. Vincent Cassel propose un Athos sensible, François Civil régale de ses malices et sourires ravageurs. Lyna Khoudri montre une fois de plus qu'elle est parfaite dans tous ses rôles. Toujours un plaisir de retrouver Eva Green. ⠀ Un bon divertissement à voir en famille. Je n'ai pas boudé mon plaisir. ⠀
Réflexion personnelle. Encore un exemple qui montre les souffrances dues à la "Religion" (ici catholiques vs protestants) à travers les siècles.
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Le jeune imam de Kim Chapiron
À 14 ans, Ali est un ado à la dérive. Sa mère qui l’élève seule ne trouve d’autre solution que de l’envoyer au village au Mali pour finir son éducation. Dix ans plus tard, Ali revient. Malgré les doutes de sa mère auprès de qui il est prêt à tout pour briller, il devient l’imam de la cité. Adulé de tous et poussé par ses succès, Ali décide d’aider les fidèles à réaliser le rêve de tout musulman : faire le pèlerinage à la Mecque.
Un film porté par son personnage principal complexe et le comédien Abdulah Sissoko qui l’interprète avec beaucoup de délicatesse. Ali est-il un voyou dans l’âme ? Il voit des opportunités partout, il veut être utile en faisant du business, il veut compter dans la vie des gens mais comme lui dit son mentor « les actes ne valent que par les intentions ». Quand Ali revient en France, il y a une tristesse dans son regard, les blessures de l’enfance ne sont pas refermées, son sentiment d’abandon est vif. Le film se concentre pas mal sur les relations avec sa mère et il n’est pas toujours tendre avec ce personnage souvent dur. Ali dépité, quoi qu’il fasse ça ne va jamais, sa mère trouve toujours à redire. Ces deux-là pourront-ils s’aimer sans conditions et se comprendre un jour ?
De belles scènes comme le pouvoir du chant d’un imam, de l’humour et en filigrane un discours sur l’Islam intéressant et nécessaire à avoir aujourd’hui. Dépoussiérage de la fonction de l’imam, influenceur, plus jeune, plus dynamique, un imam qui prône l’amour avant la tradition et la culture. Montrer une religion qui ne fait pas peur c’est plutôt novateur dans le paysage des films qui se passent en banlieue…
Pour moi Ali est comme il est, ce n’est pas à cause de la religion ni parce qu’il est musulman qu’il vole ou qu’il veut trouver des combines. Au contraire, ses rares moments de sérénité il les vit avec sa fonction d’imam. S’il se laisse détourner c’est à cause de lui-même. Une scène très juste dans laquelle son cousin lui assène une vérité qu’il ne veut pas entendre. Film qui part dans plusieurs directions sans toujours aller au bout mais que j'ai aimé.
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Burning days de Emin Alper
Emre, un jeune procureur déterminé et inflexible vient d’être nommé dans une petite ville reculée de Turquie. À peine arrivé, il se heurte aux notables locaux bien décidés à défendre leurs privilèges par tous les moyens même les plus extrêmes.
Emre arrive animé de justice mais il prend les habitants de cette petite ville de haut. Première erreur qui va le mener tout droit dans l’enfer des élites corrompues dont le seul but est de continuer à vivre comme ils le font depuis toujours. Peu importe ce que ça coûte… Des hommes qui se font mielleux et insistants jusqu’au malaise pour arriver à leurs fins.
A qui se fier dans cette ville ? Tout le monde est ambigu, de la juge au policier en passant par le journaliste qui lutte contre le pouvoir en place, c’est lassant. Une ville dans laquelle il est impossible de faire la justice ? Avec une population qui soutient les crapules qui les manipulent sous couvert de pénurie d’eau… Un piège est tendu, Emre se rend compte qu’il est en mauvaise posture, pourtant il s’accroche… A quoi bon ?
J’ai bien vu ce que le film dénonce dans la Turquie d’aujourd’hui, hypocrisie, conservatisme, l’homophobie, xénophobie, populisme… le loup solitaire contre la meute vile et corrompue qui n’a aucune chance… mais le film joue sans cesse sur des énigmes et à force de trop jouer, il m’a perdue. Qui manipule qui ? Personne n’est irréprochable mais à nous de deviner…
J’ai été agacée par la fin abrupte, un délire visuellement incroyable mais facile sur le plan de l’histoire qui n’a pas de fin. On dérive vers le fantastique, ça n’a pas marché sur moi. Déçue car j’attendais ce film. Je retiens de belles images et une interprétation magnétique de Selahattin Paşalı qui habite le film.
Normale de Olivier Babinet
Lucie a 15 ans et une imagination débordante. Elle vit seule avec William, son père, qui, sous ses abords d’adolescent attardé, lutte contre la sclérose en plaques. Entre le collège, un petit boulot et la charge du quotidien, Lucie gère tant bien que mal, et s’échappe dans l’écriture d’un roman autobiographique fantasque, qui navigue entre rêve et réalité… L’annonce de la visite d’une assistante sociale va bousculer cet équilibre précaire. Lucie et son père vont devoir redoubler d’inventivité pour donner l’illusion d’une vie normale.
Une ado avec une bien trop grosse charge mentale pour son âge. Ce n'est pas père ou mère célibataire mais enfant célibataire avec parent à charge. Lucie sait très bien jouer la comédie avec un soupçon de tristesse sous les sourires timides. Elle se laisse embarquer dans une histoire délirante avec un garçon de sa classe dont elle est amoureuse... ⠀
Benoît Poelvoorde est hyper touchant dans ce rôle de père dépassé par sa maladie. Une belle relation père fille et un teen movie qui prend vite le pas sur la chronique sociale ce qui donne un film un côté un peu bancal au final. Attachant mais... ⠀
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Les âmes sœurs de André Téchiné
David, lieutenant des forces françaises engagées au Mali, est grièvement blessé dans une explosion. Rapatrié en France, il souffre d’amnésie et commence une longue convalescence sous le regard dévoué de sa sœur Jeanne. Dans la maison familiale des Pyrénées, entre montagnes et lacs, Jeanne tente de raviver sa mémoire, mais David ne parait pas soucieux de se réconcilier avec celui qu’il était.
David recommence sa vie à zéro, réapprendre à parler, à manger, à bouger... Il entame un parcours de rééducation intense. Dès qu'il s'installe chez sa sœur on sent quelque chose de trouble. ⠀
Une cohabitation familiale qui fait ressurgir des éléments du passé comme si les corps avaient une mémoire à fleur de peau... David est perdu entre ce qu'il éprouve et ce qu'il faudrait éprouver... Jeanne en a marre de faire du surplace, elle doit s'émanciper de cette relation frère sœur exclusive... ⠀
Noémie Merlant et Benjamin Voisin, deux interprètes exceptionnels qui se complètent à merveille donnent toute sa saveur au film. ⠀
Mais je n'ai pas compris quelle était l'histoire que voulait me raconter Téchiné.
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Noémie dit oui de Geneviève Albert
Noémie, une adolescente impétueuse de 15 ans, vit dans un centre jeunesse depuis trois ans. Lorsqu’elle perd tout espoir d’être reprise par sa mère, Noémie fugue du centre en quête de repères et de liberté. Elle va rejoindre son amie Léa, une ancienne du centre, qui l’introduit dans une bande de délinquants. Bientôt, elle tombe amoureuse du flamboyant Zach qui s’avère être un proxénète.
Le film m’a beaucoup fait penser à la série québécoise Fugueuse qui raconte le même parcours, une ado en perte de repères familiaux qui sombre dans la prostitution. Même schéma, la fille qui tombe amoureuse du mec parfait au premier abord et qui entre dans une spirale infernale. Des œuvres pour dénoncer le vrai problème de la prostitution des ados au Québec. ⠀
Mais pour moi le film ne montre que l’aspect prostitution avec une impunité qui semble acquise et ça m’a gênée. J’ai trouvé Kelly Depeault incroyable que ce soit en ado révoltée dont la violence semble la seule façon de s’exprimer ou en femme soumise qui prend sur elle à la merci de gros pervers. Une jeune fille à la dérive qui va vivre sa descente aux enfers, qui prend en pleine face le fait d’avoir une mère à la ramasse. Une enfant qui attend quelque chose que se mère ne peut pas et ne veut pas lui donner. On comprend bien tout le mécanisme du pourquoi ça arrive sur des jeunes filles paumées, la façon dont des mecs profitent, paumés eux aussi mais ils ne s’en rendent pas compte, ils n’ont aucun sens des réalités, tout un système qui marche à l’argent, la violence, la soumission… "C’est juste du sexe" comme un mantra pour se dédouaner… ⠀
Une fois que Noémie a dit oui, le malaise s’installe… On voit trop, c’est trop long, au bout de deux ou trois passes, on a compris, on a senti, on a eu envie de vomir, de tirer Noémie de là, de faire du mal aux porcs… Le défilé n’en finit pas. ⠀
Le film se termine sur une note d’espoir mais pour finir j’ai retenu que Noémie a eu une bonne leçon pour avoir fugué de son centre d’accueil, une alternative pas si mal tout compte fait. En passer par là pour se rendre compte de ça…