Mon cinéma d'avril 2024

Publié le 1 Mai 2024

Civil war de Alex Garland

Une course effrénée à travers une Amérique fracturée qui, dans un futur proche, est plus que jamais sur le fil du rasoir.

La dystopie est un genre que j’adore ! Ici elle est bien flippante car contemporaine et trop proche de la réalité. Une guerre civile peut éclater n’importe où pour n’importe quelle raison. On ne saura pas pourquoi ni comment mais ce n’est pas important car j’ai trouvé ça très crédible. ⠀

On va suivre une bande de 4 qui veut rallier Atlanta à Washington pour aller interviewer le Potus qui fait de la grosse merde en ces temps agités. Des reporters de guerre dont 2 photographes expérimentés Lee et Joel, Sammy un journaliste âgé et Jessie, une jeune photographe admirative du travail de son aînée et qui voudrait marcher dans ses traces. Durant leur road trip sanglant ils vont croiser des milices et des soldats, des rebelles ou des sympathisants, tout ce qu’on peut imaginer du pire de l’humain dans un contexte de guerre civile. ⠀

Un film en immersion qui m’a tenue en haleine et en suspense (encore + intense dans une grande salle et proche de l’écran géant). Des scènes qui m’ont fait penser à des jeux vidéos (auxquels je ne joue pas) avec le mode ça tire dans tous les sens et le but est de dégommer l’adversaire le plus vite possible. C’est bien filmé, on est dedans, on ressent l’adrénaline qui agit sur tout le monde, combattants et photographes. ⠀

J’ai adoré (si on peut dire) la scène sur l’iconique tube de De La Soul "Say no go" filmée comme une soirée de dinguerie avec des arrêts sur image. Fou ! Le film alterne scènes de tuerie ou de chaos avec des scènes plus reposantes dans lesquelles on apprend à mieux connaître les motivations et les intentions de nos reporters. On entre dans les affres du cerveau d’un reporter de guerre ce qui entraine un vrai débat philosophique : montrer l’horreur et réussir à la supporter, tout faire pour réussir le shoot parfait quitte à risquer sa vie, ne jamais prendre parti, ne pas intervenir, être juste un témoin et assister à des massacres... jusqu’où on tient ? Un film marquant qui interroge notre monde contemporain et ses dérives politiques, nationalistes et violentes...

Laroy de Shane Atkinson ⠀

Ray découvre que sa femme le trompe et décide de mettre fin à ses jours sur le par­king d’un motel. Juste avant de pas­ser à l’acte, un incon­nu fait irrup­tion dans sa voi­ture, pen­sant avoir affaire au tueur qu'il a engagé.

Une scène d'introduction géniale qui nous torture bien le cerveau et qui met dans le ton. La légèreté qui cache le sombre. Le film met en scène une bande de losers attachants, pathétiques ou mesquins. Tous liés de près ou de loin à Ray et à la façon dont il réagit à des situations qui le dépassent. Des quiproquos à la pelle, des apparences trompeuses et un Ray (John Magaro le physique de l'emploi !) totalement aveugle, trop gentil qu'on a envie de secouer comme un prunier. Un rôle dévolu à Skip (Steve Zahn excellent), un ami d'enfance solitaire dont le rêve de devenir détective privé est mis à mal par tout le monde. C'est mon perso préféré. ⠀

Ce duo improbable va nous entraîner de surprises en surprises dans cette petite ville du Texas qui hésite entre rêve américain et petites combines. Deux antihéros qui vont se révéler chacun différemment et ça finit en bromance carrément touchante. Tous les personnages secondaires sont très bien dépeints. De l'humour noir, pas mal de sang, beaucoup de décalage, on pense aux frères Coen mais c'est plus un hommage qu'une copie. Laroy est une très bonne surprise qui mélange habilement comédie et thriller. Un premier film qui augure du bon pour la suite de la carrière de Shane Atkinson et qui a raflé tous les prix à Deauville. Ça manque peut-être un tout petit peu de rythme parfois mais le résultat final n'en pâtit pas. Tout à fait le genre de films que j'aime !

Riddle of fire de Weston Razooli

Il était une fois un trio d’enfants cherchant à craquer le code parental de leur nouvelle console et aussi la parfaite recette de la blueberry pie, une secte de braconniers qui ne cessent de se chicaner, une petite fille qui a des dons elfiques…

Un film d'une liberté réjouissante. Une quête, de l'aventure, des frissons, des adultes bizarres, des jeux de rôles... Ça ressemble à beaucoup de films mettant en scène des enfants et ça ne ressemble à aucun de ces films ! Un mélange original, savoureux et réussi de contemporain, de contes et légendes, d'heroic fantasy et de crapuleries de gosses. ⠀

Ces enfants, quasi livrés à eux-mêmes lors de ce long été de vacances, qui regorgent d'idées, de courage, de débrouillardise et de créativité. Ils sont tellement adorables et drôles, le niveau de choupitude de cette joyeuse bande de 3 puis de 4 est de haut niveau. Un film qui crée une vrai univers décalé tout en restant dans la réalité. L'image (film tourné en 16mm) est travaillée pour donner une impression 70's hippie style et ça accentue tout le côté conte de fées. Une belle surprise rafraîchissante que ce premier long métrage tourné en 20 jours avec un tout petit budget. Les enfants sont incroyables de naturel. Enchantée je suis !

Un jeune chaman de Lkhagvadulam Purev-Ochir

Zé a 17 ans et il est chaman. Il étudie dur pour réussir sa vie, tout en communiant avec l’esprit de ses ancêtres pour aider les membres de sa communauté à Oulan-Bator. Mais lorsque Zé rencontre la jeune Maralaa, son pouvoir vacille pour la première fois et une autre réalité apparaît.

Le rôle important de chaman dans une communauté que Zé endosse avec sérieux malgré ses 17 ans. L’importance de la transmission et de la responsabilité qu’être chaman implique. Le film nous montre Oulan-Bator entre traditions et modernité à travers un portrait d’adolescent. Zé et ses camarades, des lycéens comme les autres qui ploient sous l’autorité drastique du professorat, des jeunes tiraillés entre vivre leur vie et penser à leur futur. La menace ultime, devenir alcoolique, fléau qui ravage la Mongolie.

Lorsque Zé tombe amoureux, il découvre la vraie vie d’un jeune garçon de son âge, la rébellion (modeste) dont il est capable et qui est légitime. La question va se poser, peut-il être chaman et un ado de 17 ans en même temps ? Est-ce possible de trouver un équilibre entre les deux ou devra-il renoncer à l’un ? Faut-il vivre une vie d’ascète solitaire pour être chaman ? Doit-il laisser son esprit vide de toute autre nourriture que spirituelle ? Zé devra trouver la réponse avec ses expériences et ce qu’il est vraiment au fond de lui. Je retiens la douceur et l’empathie magnifiques qui se dégagent de Zé et de l’interprétation de son jeune acteur Tergel Bold-Erdene qui a reçu un prix à Venise. J’ai beaucoup aimé ce film.

Borgo de Stéphane Demoustier ⠀

Melissa, 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée, s’installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari. L’occasion d’un nouveau départ. Elle intègre les équipes d'un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres. Ici, on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens. L’intégration de Melissa est facilitée par Pietri, un jeune détenu qui semble influent et la place sous sa protection.

On découvre le régime ouvert en prison qui donne une illusion de cool surtout que le code d'honneur met entre parenthèses les conflits le temps de la prison. Melissa trouve sa place dans cet univers, tout en restant professionnelle et déterminée. ⠀

On voit vite les relations insidieuses qui se mettent en place entre Melissa et les détenus. Un engre­nage qui s'installe de petits services en petits services. Je peux comprendre l'admiration et la fascination pour le milieu corse et son omerta. Melissa semble fascinée tout en y voyant son intérêt. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus faire marche arrière... ⠀

Pourtant elle fera ses choix en toute conscience malgré le " ici on n'oublie personne et personne ne nous oublie". Quelle est sa motivation ? La peur, l'envie de faire partie du truc, une attirance mystérieuse pour Pietri ? A travers le mari on voit la difficulté de s'intégrer en Corse surtout quand on vient du continent et encore plus quand on n'a pas la bonne couleur de peau. Un vrai film d'ambiance qui interroge aussi la frontière ténue entre le bien et le mal. Très bon film, très bien interprété de toutes parts.

 

Challengers de Luca Guadagnino ⠀

"Durant leurs études, Patrick et Art, tombent amoureux de Tashi. À la fois amis, amants et rivaux, ils voient tous les trois leurs chemins se recroiser des années plus tard. Leur passé et leur présent s’entrechoquent et des tensions jusque-là inavouées refont surface."

Que trouve t'on dans ce film ? Du tennis, de l'amitié, de l'amour, de la compétition que ce soit sur les courts ou dans les lits. Tashi, brillante joueuse à la carrière brisée, devient coach d'Art qui après avoir tout gagné, a perdu la motivation. Ils sont mariés et mènent ensemble leur carrière comme si Tashi qui ne peut plus gagner le fait à travers son mari. ⠀

Patrick et Art, meilleurs amis du monde ne le sont plus à cause de leur rivalité amoureuse, tristesse d'une amitié brisée elle aussi. Un duo qui ne réussit pas à être un trio mais c'est plus complexe que ça ! Qui a vraiment besoin de qui ? Le temps d'un match de challengers, on remonte le temps pour découvrir les trajectoires des 3 héros, ce qui les lie et les délie. Notamment le tennis, les enjeux de la compétition et l'envie d'être le ou la meilleure, les rapports de couple et d'égalité. Patrick veut être libre tandis qu'Art se laisse porter et est sous emprise non assumée ? ⠀

Les matchs de tennis sont filmés avec une tension de fou, comme celle qui électrise les deux amis en présence de Tashi (sublime Zendaya, comment ne pas être envoûté !). On ressent la violence des coups, la puissance et à ce titre le dernier jeu est incroyable. Mais pourquoi tant de scènes de raquettes cassées ? Un peu too much! Pourtant je suis mitigée parce que je n'ai pas détesté mais je n'ai pas non plus adoré. Un bon moment sans plus, le dernier match est de loin ma scène préférée. Une mise en scène qui alterne présent et passé, je n'ai pas toujours trouvé que c'était pertinent mais déjà 2h11 ça m'a paru long donc finalement ça a permis quelques raccourcis. Il m'a manqué de l'émotion sur la longueur. Néanmoins un trio excellemment interprété de la part de Zendaya, Mike Faist et Josh O'Connor. ⠀

Agra, une famille indienne de Kanu Behl

Guru, la vingtaine, est fou amoureux d'une de ses collègues de bureau, Mala, avec qui il travaille dans un centre d'appels à Agra. Il habite toujours chez ses parents, au rez-de-chaussée de la maison avec sa mère, tandis que son père vit à l'étage avec sa maîtresse. Quand Guru annonce qu'il va se marier avec Mala, tout bascule. Les frustrations, les fêlures et les haines familiales éclatent au grand jour, symptômes d'une société indienne marquée par le poids des traditions et des multiples tabous.

Une première scène hallucinante et halluciné. Wouaw, qu’est-il arrivé au cinéma indien? Guru est-il juste un obsédé sexuel psychologiquement dérangé ou un jeune homme frustré par les tabous de son pays ? Un peu des deux probablement. Sa misère sexuelle est aussi économique, coincé avec sa famille et sans intimité. Une famille en conflit permanent. Tout comme le sexe, la maladie mentale est aussi un tabou. Guru est un personnage complexe, à la fois attachant et répugnant. Il va devoir changer pour évoluer et sortir de sa condition. ⠀

Tout le monde aspire à quelque chose de simple, comme le dit si bien Virginia Woolf, avoir une chambre à soi. Et si Guru semble aussi obsédé c’est que ce graal passe par le mariage. Le luxe c’est l’espace et il faut le conquérir avec acharnement, ce que l’on verra dans une scène de négo immobilière géniale. ⠀ Un film qui dénote vraiment avec le cinéma indien que l’on connait et tant mieux que cela nous montre une image de l’Inde que l’on voit peu. Dénonciation des tabous et du patriarcat toujours bien présent. La place des femmes qui subissent beaucoup mais aussi de l’espoir avec la mise en place d’une solidarité pour avancer vers une vie meilleure. A l’échelle d’une famille déconstruite et d’une maison, le film dissèque toute la société indienne contemporaine et raconte l’émancipation d’un jeune homme. Une sacrée surprise que deuxième long métrage de Kanu Behl (réalisateur du très bon Titli, une chronique indienne en 2015)

Monkey Man de Dev Patel

Un jeune homme gagne péniblement sa vie dans un club de combat clandestin où, nuit après nuit, portant un masque de gorille, il se fait battre par des combattants plus populaires pour de l'argent. Après des années de rage refoulée, il découvre un moyen d'infiltrer l'enclave de l'élite de la ville." ⠀ Un trauma d'enfance refoulé qui ressurgit au point de ne plus laisser de respiration à Kid / Monkey Man et voilà notre héros qui se transcende pour venger sa famille mais aussi tout un peuple d'opprimés. De (trop) nombreux flashbacks de quelques secondes nous font deviner ce qui s'est passé jusqu'à la révélation complète de la scène qui définira sa vie. J'aurais préféré une seule scène d'un coup. ⠀ Malgré le gros capital sympathie que j'ai pour Dev Patel j'ai trouvé le film trop long pour ce scénario très classique. ⠀ Il nous montre néanmoins plusieurs visages de l'Inde et notamment la répression de la communauté trans et les politiques contre les minorités "inférieures" en général. Et dénonce aussi l'attrait de nos sociétés contemporaines pour des gourous charlatans (qu'ils soient physiques ou numériques). ⠀ Une balade ultra sanglante avec de belles scènes d'action et de très beaux plans colorés. Dev Patel est génial dans les scènes de combat, il virevolte de partout, il est totalement crédible. Et j'avoue le côté jouissif de la revanche ! ⠀ Toute cette violence à l'écran est pour moi une métaphore de la violence de la société indienne en général. Ceci n'empêche que j'ai caché mes yeux parfois...

Le déserteur de Dani Rosenberg

Shlomi, un soldat israélien de dix-huit ans, fuit le champ de bataille pour rejoindre sa petite amie à Tel-Aviv. Errant dans une ville à la fois paranoïaque et insouciante, il finit par découvrir que l’armée, à sa recherche, est convaincue qu’il a été kidnappé…

Tourné avant le 7 octobre mais ça pourrait se passer en ce moment et en même temps l’histoire se répète depuis des années... Shlomi a 18 ans, un gamin en somme. Il ne peut plus supporter le service militaire, il déserte. Une responsabilité trop grande pour ses épaules où une irrésistible envie de voir sa copine avant qu’elle quitte le pays ? Un peu des deux sans doute. Il veut kiffer la vie comme un jeune de son âge sans penser aux conséquences de ses actes car sa désertion va prendre des proportions inattendues dans un contexte explosif. L'innocence des 18 ans avant un passage dans le monde des adultes... ⠀

Une balade frénétique dans un pays qui vit au rythme des informations, des bombardements et de la guerre. Une vie réglée par le conflit et on sent l'envie de vouloir profiter de sa jeunesse. Le personnage de Shiri raconte aussi le désir d'émigration d'une jeunesse pas encore résignée. On suit Shlomi en roue libre dépassé par ses actes et décisions. Une poursuite en avant comme si demain n’avait pas d’importante, ode à l’instant présent et à la jeunesse désabusée. ⠀ Pas du tout fan de la musique jazzy qui rythme les scènes ni du côté burlesque avec les touristes. On peut aussi penser que le film ne va pas assez loin sur une quelconque prise de position mais à mon sens là n'est pas son but. On voit bien que Shlomi est perdu et n'a pas envie de faire la guerre... Un Shlomi magistralement joué par Ido Tako, passionné et habité ! Magnifique interprétation

Nous les Leroy de Florent Bernard

Sandrine Leroy annonce à son mari Christophe qu’elle veut divorcer. Leurs enfants ont bientôt l’âge de quitter la maison. Dans une opération de la dernière chance aussi audacieuse qu’invraisemblable, Christophe organise un week-end pour sauver son mariage : un voyage passant par les endroits clés de l’histoire de leur famille. Un voyage qui ne va pas être de tout repos…

Une réflexion sur la notion de famille, celle créée par le couple qui a des enfants. D'ailleurs reste-on une famille si les parents se séparent ? A chacun de répondre... c'est toute la question ici, Christophe veut éviter la séparation en jouant sur la force et le symbole de la famille tandis que Sandrine voit la famille comme quelque chose d'immuable... ⠀

Un film sur le désamour, celui qui arrive lentement et qui fait mal lorsqu'on arrive à le nommer. Et ce n'est la faute de personne, pas de raison de se haïr parce qu'on ne s'aime plus assez... Et les enfants dans tout ça ? Que ressentent-ils ? ⠀

Des moments très drôles et d'autres plus durs ou émouvants, une alchimie réussie pour cette comédie douce-amère. J'ai aimé que la fin ne soit pas en mode guimauve. Charlotte Gainsbourg que j'aime d'amour est ici géniale entre son potentiel comique (pas assez souvent exploité par les cinéastes) et sa faculté à me tirer les larmes. Un film bien plus profond que ne le laisse entendre son résumé et sa bande annonce. Il m'a touchée surtout par son approche très juste des relations parentales avec les ados.

Quelques jours pas plus de Julie Navarro ⠀

Arthur Berthier, critique rock relégué aux infos génés après avoir saccagé une chambre d’hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l’hôpital par un CRS en couvrant l’évacuation d’un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde, la responsable de l’association Solidarité Exilés et accepte d’héberger Daoud, un jeune Afghan, pour quelques jours croit-il.

Un film qui nous plonge direct dans le vif du sujet. Arthur, désabusé mais bonne pâte va s'immerger dans un milieu inconnu lui habitué à l'ambiance des concerts de rock. Naissance d'un engagement malgré lui ?

Façon documentaire ou cinéma vérité on découvre le milieu associatif avec les bénévoles, l'investissement citoyen, la débrouille, les différends en interne, les parcours de vie et destins tragiques et courageux de ces migrants. La difficulté aussi de ne pas baisser les bras face aux montagnes à soulever ou insoulevables. Souvent il s'agit de mettre des pansements sans pouvoir guérir. ⠀

Une belle relation se crée entre Arthur et Daoud et entre Arthur et lui-même qui se découvre une empathie qu'il ne soupçonnait pas. Faire du bien aux autres = se faire du bien. J'ai aimé que le film ne soit pas manichéen et ne tire pas sur le pathos. Tout paraît vrai entre joies et tristesse, petites victoires et grandes défaites. Le genre de film qui donne envie de s'engager avec toute l'hypocrisie que ça comporte, est-on capable de s'engager autant ? Un dilemme auquel Arthur est confronté. ⠀

Très émue par ce film, les situations évidemment mais surtout pour les questions que ça soulève sur le sens de la vie... Un beau casting des plus grands aux plus petits rôles. Tout le monde est juste à commencer par Benjamin Biolay avec ce rôle qui lui va comme un gant.

Quitter la nuit de Delphine Girard

Une nuit, une femme en danger appelle la police. Anna prend l’appel. Un homme est arrêté. Les semaines passent, la justice cherche des preuves, Aly, Anna et Dary font face aux échos de cette nuit qu’ils ne parviennent pas à quitter.

Une première scène dans lequel le sang-froid d’Aly est épatant. Un appel mystérieux dont on sent la tension sans savoir ce qui s’est passé et en imaginant ce qui pourrait se passer. A l’autre bout du fil, Anna est chamboulée par cet appel. ⠀

On va suivre les trajectoires d’Aly, la victime, de Dary l’agresseur et d’Anna. Avec ceux qui les entourent, une sœur, un ex, une mère, une enfant... Aly est une victime entre déni et indifférence qui ne correspond pas à la "bonne victime". Elle se sent un peu obligée de porter plainte. On lui fait comprendre l’importance du récit pour que la justice puisse se faire. On sait la difficulté à rendre la justice, peut-on comprendre qu’une victime n’ait pas envie ? Il faut un sacré courage pour aller au bout d’un long processus dont le verdict pourrait ne pas plaire. Et pourrait-il aider à aller mieux ? Dary aussi est dans le déni :je ne suis pas ce genre d’homme". Il faudra un procès pour une prise de conscience. Anna qui n’arrive pas à lâcher l’affaire, qui se sent investie d’une mission, qui veut comprendre, qui veut aider. ⠀

A noter, la fabuleuse Anne Dorval dans le rôle très intéressant de la mère de Dary. L’amour pour son fils, son inquiétude sur les répercussions que cela pourrait avoir et pourtant le déni même si une part d'elle même pense à la culpabilité. Un film sombre et lumineux à la fois qui décortique une agression jusqu’au bout du processus de justice, quel que soit le résultat. Une justice nécessaire pour quitter la nuit ?

Première affaire de Victoria Musiedlak ⠀

Jeune avocate fraichement diplômée, Nora a l’impression de n’avoir rien vécu lorsqu’elle est propulsée dans sa première affaire pénale. De sa première garde à vue au suivi de l’instruction, Nora découvre la cruauté du monde qui l’entoure, dans sa vie intime comme professionnelle. Emportée par la frénésie de sa nouvelle vie, elle multiplie les erreurs et en vient à questionner ses choix.

Je pensais voir un film sur la première affaire d'une jeune avocate. Ça commence ainsi puis le film se perd dans une histoire d'amour/de sexe avec des scènes interminables qui n'apportent pas grand chose. Si, ça nous montre que l'avocate ne s'investit pas là où elle devrait. A la fin une morale géniale : pour être une bonne avocate il faut vendre son âme au diable et oublier la justice. Réaction spontanée après une déception sur le plan personnel. Belle image du métier... ⠀ Noé Abitta est excellente mais pour moi il y a un vrai souci de scénario et de mise en scène. Dommage c'était prometteur sur le papier.

SOS Fantômes / La menace de glace de Gil Kenan

La famille Spengler revient là où tout a commencé, l'emblématique caserne de pompiers de New York. Ils vont alors devoir faire équipe avec les membres originels de S.O.S. Fantômes, qui ont mis en place un laboratoire de recherche top secret pour faire passer la chasse aux fantômes à la vitesse supérieure. Lorsque la découverte d'un ancien artefact libère une armée de fantômes qui répand une menace de glace sur la ville, les deux équipes S.O.S. Fantômes doivent unir leurs forces pour protéger leur maison et sauver le monde d'une seconde ère glaciaire.

Sortie ciné des vacances avec mon neveu de 14 ans. Son verdict "c'était trop bien". Le mien "j'ai bien aimé mais je me suis un peu ennuyée" ⠀

Une équipe sympathique, des moment drôles et quelques bonnes répliques. J'ai aimé le personnage du maître de feu et le méchant de glace est vraiment réussi. Un film avec Paul Rudd est toujours bon à prendre en ce qui me concerne. Un divertissement assumé malheureusement trop paresseux, des longueurs, les grands moments viennent trop tard dans le film. Se dire que le film est trop long avec toute cette matière c'est dommage.

Black Flies de Jean-Stéphane Sauvaire

Ollie Cross (Tye Sheridan), jeune ambulancier de New York, fait équipe avec Gene Rutkovsky (Sean Penn), un urgentiste expérimenté. Confronté à la violente réalité de leurs quotidiens, il découvre les risques d'un métier qui chaque jour ébranle ses certitudes et ne lui laisse aucun répit.

Des interventions dans un quartier populaire de Brooklyn. C'est la misère du monde entre camés, alcooliques et violents. L'idée de fond est intéressante, sauver des vies sans juger mais comment réussir à être totalement neutre quand la personne sur le brancard est une grosse merde ? Comment ne jamais se laisser influencer, qui mérite de vivre ? Se prendre pour Dieu, c'est tentant... comment un tel métier peut faire basculer... ⠀

C'est dommage que le film ne soit pas plus nuancé et on a vite fait le tour du scénario. J'ai aimé l'interprétation de Tye Sheridan et me retrouver à Brooklyn. A noter aussi dans un rôle secondaire, la performance de Kali Reis, la géniale Evangeline Navarro de True Detective S4. J'ai moins aimé que Sean Penn nous fasse le coup du cure dent, truc d'acteur éculé au possible... Pour moi il y avait de la bonne matière mais pas assez bien exploitée.

 

Drive-away Dolls de Ethan Coen ⠀

Jamie, une jeune femme libre d’esprit essuyant une énième rupture amoureuse, et Marian, son amie pudique et réservée qui souffre de frustration généralisée, sont en quête d'une bouffée d’air frais. Elles se lancent dans un road trip en direction de Tallahassee, mais leur périple va vite se compliquer quand elles croisent la route d'une bande de truands.

Ça part bien avec une scène d’introduction où Pedro Pascal est réjouissant. Ça continue plutôt pas mal avec une Margaret Qualley en grande forme et énergique et quelques touches d’humour bien menées dans un commerce de location de voitures, le personnage de Curlie est génial. On est dans un film d’un frère Coen. Pas de temps mort, ça fuse dans tous les sens. Puis arrivent des transitions psychédéliques moches et longues, on les comprendra plus tard mais elles sont néanmoins agaçantes. Et le film part en sucette au bout d’une demi-heure. Le pire c’est la révélation du contenu de la mallette, sacrée déception . Tout ça pour ça ! Je n’y croyais plus. Trop de n’importe quoi tue le n’importe quoi... ⠀

Je ne savais plus ce que le film voulait me raconter entre un road trip amoureux, l’envie de montrer des amours lesbiennes désinhibées, une dénonciation de l’Amérique puritaine hypocrite et une histoire de gangsters foutraques. Un mélange détonnant qui aurait pu donner un meilleur résultat. Je retiens un chouette casting avec un trio de filles superbes, Margaret Qualley, Geraldine Viswanathan et Beanie Feldstein. La bande annonce est bien meilleure que le film en fait.

Sky Dome 2123 de Tibor Bánóczki, Sarolta Szabó

En 2123, les terres fertiles ont complètement disparu, obligeant les humains à vivre sous d’immenses dômes de verre. Une politique de régulation de la population impose que toute personne de plus de 50 ans soit transformée en… arbre. Dans ce monde désolé, Stefan tente de retrouver son épouse, Nora, âgée de 32 ans, qui est partie se faire "modifier" prématurément.

Un film d'animation venu de Hongrie et de République Slovaque qui m'avait fait une belle promesse avec sa bande annonce. L'animation est magnifique comme une très belle BD. Stefan est prêt à tout pour sauver Nora d'elle même. On va suivre le couple dans un road trip, voyage philosophique et métaphysique. Ils vont en profiter pour se retrouver et imaginer un autre futur. Une fable écologique sur la fin d'un monde, l'évolution de la planète, la place de l'humain et le sens qu'il donne à la vie. Y a t'il une autre solution pour sauver la planète ? De beaux thèmes, de très belles images, une histoire d'amour intense mais un ennui profond pour ma part. Trop de longueurs, je n'ai pas réussi à être prise dans le film.

Le mal n’existe pas de Ryusuke Hamagushi

Takumi et sa fille Hana vivent dans le village de Mizubiki, près de Tokyo. Comme leurs aînés avant eux, ils mènent une vie modeste en harmonie avec leur environnement. Le projet de construction d’un glamping dans le parc naturel voisin, offrant aux citadins une échappatoire tout confort vers la nature, va mettre en danger l’équilibre écologique du site et affecter profondément la vie de Takumi et des villageois...

La photographie du film est sublime, la neige, les couleurs de la forêt, les scènes de la vie quotidienne, tout est beau. Séquences interminables pour nous faire ressentir la vie en osmose avec la nature, les efforts pour y parvenir, les ressources naturelles à respecter, l’apprentissage inestimable pour les enfants mais c’est bon j’avais compris le message au bout de 5 minutes.

Un bel équilibre qui commence à se fragiliser avec le projet de glamping. Une réunion entre locaux et entreprise dingue dans laquelle on voit le fossé entre les deux mondes. Les citadins qui viennent envahir la nature et la détruire sans penser deux secondes aux locaux. Message écologique évidemment mais cette façon d’opposer les vilains capitalistes aux gentils locaux, j’ai trouvé ça un peu gros, pas si subtil qu’on veut me le faire croire.

Je me suis sentie stupide à la fin de n’avoir rien compris mais rassurée depuis parce que je suis loin d’être la seule. Certains ont aimé le film et se fichent de comprendre la fin en disant que ça n’a pas d’importance, je n’y arrive pas, même plusieurs jours après.

Les films conceptuels j’aime bien mais j’ai quand même envie que ce qu’on me montre ait un sens pour moi. Pourtant je continue à penser au film et je sais que je ne vais pas l’oublier. Un avis dubitatif sur ce film alors que j’avais aimé Drive my car et Contes du hasard... Un scénario assez banal qui m’a déçue. Au final même quand je lis les avis et critiques dithyrambiques, c’est ce qu’a eu envie de raconter le cinéaste et la façon dont il l’a fait qui ne m’ont ni bousculée ni touchée. Impression de déjà-vu...

 

Sidonie au Japon de Elise Girard ⠀

Sidonie se rend au Japon à l’occasion de la ressortie de son best-seller. Malgré le dévouement de son éditeur japonais avec qui elle découvre les traditions du pays, elle perd peu à peu ses repères… Surtout lorsqu’elle se retrouve nez à nez avec son mari, disparu depuis plusieurs années !

Deux survivants dont on se doute du rapprochement, une réflexion philosophique avec les morts et les fantômes qui aident à affronter la vie... pas vraiment original. Je vous le dis d'emblée, je n'ai pas réussi à entrer dans ce film à moins que ce soit le film qui n'ait pas réussi à percer mes émotions ni accrocher mon intérêt. L'impression de voir un film qui surfe sur une vague japonisante. Une façon de filmer à distance qui m'a laissée à distance. Pourquoi filmer les acteurs de loin tout le temps ? Pourquoi la photo semble moche sauf quand il y a le mari fantôme dont on voit bien le visage totalement net ? ⠀ Durant tout le film j'ai guetté les plans rapprochés et les gros plans ! Quelques plans rapprochés dans les scènes de voiture et à la toute fin des gros plans mais en mode photo. Tout ça fait que j'étais spectatrice de loin et que ça manquait d'incarnation ... Un film qui m'a paru artificiel et que j'ai trouvé monotone. Les essais de comique à travers les réactions de Sidonie, un peu dans la lune, incrédule et loufoque, ne m'ont pas fait rire et j'ai trouvé que ça frôlait le ridicule parfois. La relation au mari fantôme est anecdotique finalement. Je ne dirais pas que c'est un mauvais film parce le duo fonctionne bien et que le voyage au Japon est beau mais dans l'ensemble ça n'a pas matché avec moi.

Rédigé par Carole Nipette

Publié dans #Avis cinéma-Revue de films

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