38 témoins, Elena, Aloïs Nebel, Les adieux à la Reine / Revue de films
Publié le 26 Mars 2012
38 témoins de Lucas Belvaux
Adaptation du roman "Est-ce ainsi que les femmes meurent ?" de Didier Decoin.
"Alors qu'elle rentre d'un voyage professionnel en Chine, Louise découvre que sa rue a été le théâtre d'un crime. Aucun témoin, tout le monde dormait. Paraît-il. Pierre, son mari, travaillait. Il était en mer. Paraît-il... La police enquête, la presse aussi. Jusqu'à cette nuit où Louise rêve. Elle rêve que Pierre lui parle dans son sommeil. Qu'il lui parle longuement. Lui qui, d'habitude, parle si peu..."
Je suis sortie de la salle complètement sonnée, remuée avec l'impression d'avoir fait une expérience de cinéma incroyable. J'ai adoré ce film tout simplement. J'aime être interpellée comme ça au cinéma sur un sujet fort. Ici, une histoire de conscience collective qui secoue là où ça fait mal, au plus profond de son être. Un crime est commis, tout le monde l'entend, personne ne bouge. La lâcheté humaine dans toute sa splendeur, pourquoi personne ne fait rien, pourquoi personne ne décroche son téléphone, pourquoi ? Forcément on se met dans la peau des protagonistes. Et moi j'aurais fait quoi ? Est-ce si simple d'intervenir, est-ce si compliqué de ne pas intervenir ? Pense-t'on toujours que les autres feront à notre place? Juge t'on bien la situation, se fait-on des idées ? Des dizaines de questions, des situations passées auxquelles on pense sans trouver de réponse satisfaisante.
Un casting juste avec Yvain Attal et Nicole Garcia impeccables, une scène de reconstitution d'anthologie. 38 témoins est un film fort qui va me "hanter" longtemps.
Elena de Andrei Zviaguintsev
"Elena et Vladimir forment un couple d’un certain âge. Ils sont issus de milieux sociaux différents. Vladimir est un homme riche et froid, Elena une femme modeste et docile. Ils se sont rencontrés tard dans la vie et chacun a un enfant d’un précédent mariage. Le fils d’Elena, au chômage, ne parvient pas à subvenir aux besoins de sa propre famille et demande sans cesse de l’argent à sa mère. La fille de Vladimir est une jeune femme négligente, un peu bohème, qui maintient son père à distance... Suite à un malaise cardiaque, Vladimir est hospitalisé..."
Un film qui prend son temps tout en finesse pour installer les personnages et leur cadre de vie d'une tristesse profonde. Les liens qui régissent les protagonistes sont tous biaisés, entre chantage affectif et matériel. Pas étonnant dans ce cas que ça vire au drame. Elena n'est pas la sainte que l'on croit et qu'est ce qu'elle ne ferait pas pour ses enfants malgré son aveuglement de mère qui se fait avoir. Un beau personnage de femme dans la Russie d'aujourd'hui. J'ai bien aimé cette ambiance glaciale et sans états d'âme.
AloÏs Nebel de Tomás Lunák
"1989. Aloïs Nebel est chef de gare dans une petite station tchèque, non loin de la frontière polonaise. Il vit seul, mais quand le brouillard se lève, il croit voir les fantômes de son passé. L’irruption d’un étranger lobligera à affronter ses cauchemars. L'irruption d'un étranger bouleverse sa vie. Réfugié dans la gare centrale de Prague, il croise celle qui lui donnera l'amour dont il a besoin pour sortir du brouillard de ses souvenirs."
Un peu lent à démarrer mais après on découvre une partie de l'histoire de la Tchécoslovaquie, un pays qui se reconstruit après la chute du Mur de Berlin. Référence à la région des Sudètes (mais où sont mes cours d'histoire !) où vivait la population allemande, population qui fut chassée en 1945.
A travers un pays qui se remet à vivre, c'est aussi l'histoire d'un homme qui devient vivant, qui espère et croit en l'avenir après avoir été hanté par son passé et plombé par son présent. Aller-retours 1945-1989, deux périodes historiques compliquées, le passé d'Aloïs Nebel reivent sans cesse jusqu'au jour où il réussira à avancer grâce à une belle rencontre amoureuse.
Une animation hallucinante qui joue avec le noir et le blanc pour donner un effet jamais ou rarement vu (en tout cas par moi) au cinéma. J'ai lu que les acteurs avaient été filmés, puis leur image redessinée selon le procédé de rotoscopie (minute culturelle ! Inventé en 1915 par l’Américain Max Fleischer, le rotoscope est un dispositif permettant de redessiner, image par image, une action filmée en prises de vues réelles). Le résultat est bluffant.
Il n'est sorti que dans une salle à Paris, donc difficile à voir... Dommage.
Les adieux à la reine de Benoit Jacquot
"En 1789, à l’aube de la Révolution, Versailles continue de vivre dans l’insouciance et la désinvolture, loin du tumulte qui gronde à Paris. Quand la nouvelle de la prise de la Bastille arrive à la Cour, le château se vide, nobles et serviteurs s’enfuient… Mais Sidonie Laborde, jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine, ne veut pas croire les bruits qu’elle entend. Protégée par Marie-Antoinette, rien ne peut lui arriver. Elle ignore que ce sont les trois derniers jours qu’elle vit à ses côtés."
Pas grand chose à dire, en vérité les affres de la cour du roi et de Versailles m'ont plutôt gonflée. Je me suis ennuyée, j'ai trouvé tout cela tellement vain et les acteurs trop souvent "jouant un rôle". Il n'y a guère qu'à la toute fin que mon interêt s'est retrouvé allumé et que j'ai enfin ressenti une émotion. Bref, pas un film pour moi mais des critiques dithyrambiques, je suis complètement passée à côté de la chose.