Jack et la Mécanique du coeur / Film et album

Et bien je ne sais pas où j'étais en octobre 2007 quand est sorti le roman de Mathias Malzieu "La Mécanique du coeur". Je devais être bien occupée ailleurs pour ne pas avoir entendu parler de ce livre qui a été un best seller et est resté en tête des ventes pendant des mois. Et à chaque fois que j'en parle à quelqu'un la réponse est la même "Ah bon tu connais pas ? J'ai adoré ce livre !"

La Mécanique du coeur est le second roman de Mathias Malzieu mais aussi le 6ème album du groupe Dyonisos dont il est le chanteur et là encore j'avoue mon ignorance. Je connais Dyonisos de nom bien entendu mais je ne me suis jamais intéressée à leur musique et pourtant en sortant du film on a acheté l'album sans réfléchir.

Jack et la mécanique du cœur, le film réalisé par Stéphane Berla et Mathias Malzieu

Résumé

"Édimbourg 1874. Jack naît le jour le plus froid du monde et son cœur en reste gelé. Le Docteur Madeleine le sauve en remplaçant son cœur défectueux par une horloge mécanique. Il survivra avec ce bricolage magique à condition de respecter 3 lois : premièrement ne pas toucher à ses aiguilles, deuxièmement maîtriser sa colère et surtout ne jamais Ô grand jamais, tomber amoureux. Sa rencontre avec Miss Acacia, une petite chanteuse de rue, va précipiter la cadence de ses aiguilles. Prêt à tout pour la retrouver, Jack se lance tel un Don Quichotte dans une quête amoureuse qui le mènera des lochs écossais, à Paris jusqu'aux portes de l'Andalousie."

Et alors le film ? 

Un vrai coup de foudre ! Un coup de coeur cinématographique mais en vérité c'est bien plus que cinéma.

C'est une histoire d'amour universelle, une réflexion tendre, poétique mais néanmoins cruelle sur l'amour, celui qui dévaste tout sur son passage. C'est un grand film romantique qui bouleverse et transporte, qui raconte les méandres du coeur. Une vie sans amour c'est quoi ? L'amour vaut-il tous les sacrifices ?

"Il était un homme horloge. Qui se déréglait par amour. Comme toujours." Oui on se dérègle souvent, toujours par amour dans un sens ou dans l'autre.

Visuellement c'est une pure merveille. Les effets pop-up en carton qui surgissent dans l'animation d'origine sont bluffants. Les dessins sont beaux et tout en dégageant leur dose d'étrangeté. J'ai beaucoup aimé les chansons qui font partie de la narration.

Et puis ces symboles partout comme le nom du Docteur Madeleine la bienfaitrice et mère adoptive de Jack, tout comme l'était Monsieur Madeleine pour Cosette. Un autre bienfaiteur ici, George Mélies et je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec Hugo Cabret. Une musique Tim Burtonnienne parfois, j'y ai vu beaucoup de références mais attention aucune copie. L'univers et l'histoire sont uniques.

Le passage dans l'Extraordinarium est magique, féérique et incroyablement riche. C'est l'invention du cinéma, les rêves qui se réalisent, du délire visuel et fantasmagorique. La scène du train fantôme est époustouflante. Tout correspond bien l'imaginaire débordant et créatif de Mélies.

Deux phrases importantes du film sortent de la bouche de Mélies justement. Un message haut et fort "Assume ta différence, ta différence c'est ta force" et une définition du cinéma que j'adore "Le meilleur remède anti mélancholie du monde".

Nina a adoré même si elle a trouvé l'histoire plutôt triste. J'ai pleuré mais pas elle, par contre elle a discuté très longtemps du film avec moi. C'est bien la première fois qu'elle a autant de réflexions et de choses à me dire sur un film. Pas évident de comprendre et d'accepter que l'amour recèle sa part de tristesse mais qui n'enlève rien à sa force. Et puis elle a tellement aimé que plusieurs jours après elle en parle encore, chante les chansons et raconte l'histoire en entier aux copines d'école, son père aussi y a eu droit.

Le film aborde aussi le terrible sujet du harcèlement scolaire et même en animation les images sont dures. Ce n'est pas un film à voir avec les plus petits, je dirais que 6 ans est un minimum et encore ça dépend de l'enfant. Huit ans c'est mieux !

Pour prolonger le film et s'y replonger, il y a l'album sorti chez Flammarion. On y retrouve l'histoire du film avec une jolie mise en page et les ilustrations phares. On tourne les pages et on s'y croirait à nouveau, chaque image nous renvoie au film. Nina l'adore et ses copains d'école y ont eu droit ce week-end, feuilletage en règle avec ses commentaires.

Décidément je suis vraiment fan de cet univers graphique.