Mes seins, ma santé et moi / Octobre rose
Publié le 16 Octobre 2013
Je viens d'une famille à risques parait-il, des cancers de mère en fille et d'autres mais je ne suis pas du genre à croire en la continuité. Ce n'est pas parce que c'est arrivé à ma mère ou à ma grand mère que ça m'arrivera à moi, je ne crois pas que nous sommes programmés pour suivre exactement les traces médicales de nos parents, il y a des similitudes d'un côté et rien de l'autre.
Mais comme je suis bonne élève et que je n'ai surtout pas envie de me laisser prendre par surprise, je surveille, je contrôle et je suis les recommandations des docteurs.
Cela fait bien 20 ans que je fais un frottis vaginal tous les ans et je n'ai pas 50 ans et déjà 5 ou 6 mammographies à mon actif et une coloscopie. Oh je ne m'y mets pas de gaité de coeur, tout ceci n'est pas une partie de plaisir mais quand on vient d'une famille à risques on se surveille encore plus que les autres. C'est vraiment hard une mammo, ça fait mal, c'est stressant et à chaque fois j'ai peur que mes seins restent applatis après leur pressage intense. Mais non, ils reprennnent leur place !
C'est mon sein mammographié de 2002 !
Pourtant ces derniers temps je ne sais plus quoi penser. Je doute et je m'interroge sur toutes ces mammographies que j'ai déjà faites et toutes celles que je vais continuer à faire une fois tous les deux ans, voire tous les ans quand l'âge avancera.
Des voix médicales ou scientifiques s'élèvent un peu partout pour dire le dépistage à tout va n'a pas que des bienfaits. Que mine de rien les rayons c'est nocif à force (surtout que j'ai moins de 50 ans) et que dans certains cas on traite des patientes qui n'avaient pas besoin de l'être. Les risques de surdiagnostic existent et sont réels mais ils sont infimes sur le nombre de mammos effectuées.
Pour exemple cet article du Monde de 2012 qui résume très bien l'affaire mais il y en a de ce type un peu partout. En voici un court extrait : "L'un des inconvénients du dépistage organisé est le surdiagnostic, c'est-à-dire la détection de petites tumeurs cancéreuses, tels que les cancers "in situ", qui n'évoluent pas toujours vers la maladie. Cela conduit parfois à des traitements inutiles, dont certains lourds de conséquences (ablation du sein, radiothérapie, chimiothérapie)."
Appareil mammographique - Source : http://www.chuv.ch/rad/rad_home.htm
Evidemment que je me pose des questions. Et si à la prochaine on me trouve un mini truc et que je suis traitée mais pas à bon escient ? Et si les rayons commençaient à montrer leurs effets secondaires ?
Evidemment que la prochaine fois je vais parler de tout ça à mon gynéco mais vu qu'il me surveille depuis des années je connais un peu sa position.
Ce n'est pas une situation facile car d'un côté je me surveille comme il faut et de l'autre je me demande si ça vaut vraiment le coup, comment ne pas croire un peu tout ce qu'on lit ? Comment ne pas avoir encore plus peur ?
Pourquoi les femmes ne se font pas plus dépister au fond ? Et les cancers du sein des femmes de moins de 50 ans, on ne les détecte pas ou trop tard...
Alors si j'ai un conseil à vous donner les filles, c'est de ne surtout pas attendre et d'aller consulter au moindre truc suspect, à la moindre boule, au moindre changement, à la moindre douleur qui revient. Ne pas se dire, j'ai le temps, j'irai plus tard. Ne surtout pas se dire "Il faut que je prenne rendez-vous" et ne pas le faire. J'en ai connu des amies, des copines, des collègues de bureau qui avaient mal ici où là et qui ont laissé trainer parce que la vie de tous les jours nous rattrape, qu'on y pense et puis on oublie. Je les ai vues ces filles être malades, supporter les traitements plus ou moins bien, en guérir ou mourir...
Mieux vaut passer pour une hyponcondriaque et payer une consultation pour rien, croyez moi...