Mommy de Xavier Dolan, tabarnak ce que c'est bien...
Publié le 14 Octobre 2014
Mommy de Xavier Dolan
Avec Antoine-Olivier Pilon, Anne Dorval, Suzanne Clément...
"Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent TDAH impulsif et violent. Au coeur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de l’énigmatique voisine d’en face, Kyla. Tous les trois, ils retrouvent une forme d’équilibre et, bientôt, d’espoir."
Dès le début, on tombe sous le charme de cette mère, aux accents de vulgarité si naturelle. Anne Dorval dans le rôle de Diane crève l'écran et le mot est faible.
Xavier Dolan du haut de ses 25 ans a un sacré talent pour parler des relations humaines et ce depuis son premier film "J'ai tué ma mère". Pour en parler mais aussi pour les filmer. Ici la caméra est intime et proche des personnages, on ressent au plus près tout ce qu'ils nous envoient comme décharges émotionnelles. La façon de filmer rend le film encore plus fort.
Mommy est un film universel sur un sujet tout aussi universel, l'amour maternel. On retrouve une mère face à ses responsabilités devant son fils Steve, qui déborde d'énergie et qui devient régulièrement totalement incontrolable, l'effet TDAH.
Ils ont des rapports compliqués qui passent par la violence qu'elle soit physique ou verbale qui fait parfois se demander si la mère et le fils ne sont pas toxiques l'un pour l'autre. Leur petit duo va prendre un sacrée bouffée d'air frais avec l'apparition de leur voisine Kyla, une enseignante en congés sabbatique.
D'elle, on ne saura pas grand chose si ce n'est qu'elle begaie suite à un choc que l'on suppose être dû à la perte d'un enfant. Kyla, rentre dans la vie de Diane et Steve et réapprend à se laisser aller au contact de ce drôle de couple qui prend la vie comme elle vient.
Magiques, émouvantes, passionnées les relations entre ces trois là dépotent mais le fragile équilibe reste menacé, on s'attend toujours à ce que Steve pète un cable. Et quand tout semble aller pour le mieux, c'est le passé de Steve qui les rattrape tous. Comme un engrenage...
La vie brute de décoffrage comme on dit et Xavier Dolan ne s'embarrasse pas de faux sentiments et décrit les relations humaines dans ce qu'elles ont de plus fort, les gens avec leurs faiblesses et leurs doutes, avec honnêteté et simplicité.
Diane, une mère marquée par les épreuves et qui continue à avancer en gardant le sourire, qui se bat pour son fils envers et contre tout et tous et dont l'amour maternel est rudement mis à l'épreuve. Cet attachement très fort et fusionnel à son fils nous fait vibrer, nous émeut à un point...
Pas évident cette ambivalence que ressentent tous les parents mais qui est encore plus marquée quand on a un enfant différent. Vivre avec, assumer encore et toujours jusqu'à quand ?
Mommy c'est un film d'amour maternel qui remue par tous les pores de la peau, qui fait trembler, pleurer et dont on sort vidé mais conscient d'avoir vécu une expérience de cinéma intense et bouleversante. Malgré la dureté du sujet, le film ne manque pas d'humour, mais souvent politiquement incorrect comme dans le cinéma de Dolan en général. J'adore.
La caméra élargit rarement le champ et quand elle le fait cela donne des scènes sublimes de skate-board où l'on sent Steve libre et libéré. Il y a aussi cette magnifique séquence rêvée. Des scènes comme des respirations...
Une phrase prononcée au début est pour moi le fil rouge du film "Ce n'est pas parce qu'on aime quelqu'un qu'on peut le sauver". Mommy est du point de vue de cette optique, un grand film d'amour.
Mommy aurait largement mérité la Palme d'Or mais aussi et surtout un prix d'interprétation collectif. Anne Dorval est bouleversante de justesse, le jeune Antoine Olivier Pilon explose dans ce premier grand rôle à l'écran et Suzanne Clément est toute aussi parfaite. Ces trois là nous prennent aux tripes du début à la fin. Xavier Dolan est sans conteste un directeur d'acteur de génie.
Il est bien parti pour trouver avec Mommy le succès populaire qu'il mérite ! C'est tout le mal que je lui souhaite à mon jeune chouchou du cinéma contemporain.
Pourquoi j'y suis allée : parce que je suis tombée amoureuse du cinéma de Xavier Dolan depuis le jour où je suis allée au ciné voir "J'ai tué ma mère" et que depuis, 4 films plus tard, je n'ai jamais été déçue. Il y a des cinéastes qui vous parlent plus que d'autres, qui s'adressent à tout votre moi intérieur, à votre mode de pensée, à ce qui vous définit en tant que personne... Xavier Dolan en fait partie.
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