Ta mère était une aventurière!
Publié le 1 Avril 2011
Je crois que c'est chez Miss Brownie il y a longtemps, j'avais dit que je raconterais mon aventure dans les catacombes. Parce que le temps passe ma fille et que j'oublie certaines choses. Et cette histoire c'est un peu mon Indiana Jones à moi. Et aussi pour que tu saches que je n'ai pas toujours été passive à écrire des articles de blog sur le canapé!
Je devais avoir 20 ans, jeune étudiante parisienne à l'affût de toutes les sorties possibles et inimaginables. Quand mes potes m'ont proposé d'aller à une soirée dans les catacombes, j'ai hésité. Parce que d'abord je suis peureuse de nature et parce que bien entendu aller dans les catacombes hors visites guidées c'est interdit. (Tiens d'ailleurs papa si tu me lis, je ne sais plus si je t'avais raconté ça, probablement mais tu as du oublier...)
(c) DR
Nous voilà partis pour l'entrée des catacombes quelque part dans le 14ème arrondissement il me semble. La consigne "habille toi sportif et qui craint pas", donc j'étais en jean, Converse aux pieds avec pour bagage un sac à dos rempli de chips et du Coca pour la soirée ainsi qu'une lampe de poche.
Notre guide, un copain de mes potes, et heureusement car sans guide tu ne fais pas long feu à l'intérieur, nous attendait à l'entrée. La descente, assez facile, un grand conduit avec des barres d'échelle. J'ai géré, j'y suis arrivée. C'est après que ça s'est gâté. Quand on a du ramper pour passer dans des tunnels étroits et bas de plafond. Je n'en menais pas large mais ça n'était rien à côté de ce qui nous attendait. On arrive enfin dans la salle des fêtes appelée "La Plage" pour son sol sableux. C'est marrant, beaucoup de salles des catacombes ont un sol de sable fin. Hormis le fait qu'il n'y ait pas de fenêtres, la salle est assez spacieuse et on peut se tenir debout. Il n'y a pas grand monde pour une fête et on commence à se poser des questions. Le guide nous dit que les autres ne vont pas tarder avec musique et compagnie. En attendant on mange des chips, ça creuse de ramper.
(c) DR
Tout à coup, un petit groupe émerge dans la salle. "Faut se barrer vite fait, ya une descente de skins dans les catacombes et les flics sont après eux". Mon sang n'a fait qu'un tour. A l'époque à Paris, les skins heads étaient des terreurs dont le CV était tapissé de violences en tout genre. On avait donc à fuir des skins potentiellement dangereux et la police qui nous aurait arrêté, vu que nous étions en illégalité totale. On a suivi le guide en courant. Je me souviendrais toujours de la peur que j'avais et de toutes les choses sportives accomplies motivée par la peur. Il a fallu encore ramper et ramper, escalader, se mouiller dans des égoûts et toujours courir. Je ne sais pas combien de temps a duré notre fuite mais je n'en pouvais plus.
Arrivés à une sortie, j'ai cru que c'en était fini pour moi. "Voilà, on est à la sortie qui jouxte la prison de la Santé. Il y a un mur à escalader pour sortir et après il faudra faire gaffe aux rondes de la police, bonne chance! On y va un par un pour ne pas se faire remarquer."
Quand j'ai vu le mur j'ai presque pleuré. Escalader un mur de plusieurs mètres et sauter par dessus c'était juste quelque chose que je ne m'imaginais pas faire. Déjà en cours de gym, monter à la corde, je n'y suis jamais arrivée.
Nous étions sortis des catacombes mais pas encore tirés d'affaire. Ah oui, j'ai oublié de dire que j'étais la seule fille. Les garçons ont réussi assez facilement à passer de l'autre côté. J'étais desespérée, épuisée. J'ai essayé, essayé et à chaque fois je retombais. Heureusement un de mes copains est resté avec moi et m'a encouragée tout du long puis m'a fait la courte échelle. A force je suis arrivée en haut du mur. Je ne sais pas comment mais j'y suis arrivée. J'ai encore mis 3 plombes pour sauter de l'autre côté. Physiquement j'étais capable de tout ça mais quand on a peur c'est difficile de se raisonner.
Une soirée mémorable. Inutile de dire que je n'y ai plus jamais mis les pieds. On racontait tellement d'histoires sur les catacombes et je n'avais aucune envie de les vivre!
Aucun souvenir en images de cette soirée, à l'époque il n'y avait ni téléphones portables ni appareils photos numériques.
Voila ma fille. Une des aventures les plus rocambolesques de ta maman (j'en ai d'autres!) et j'espère que tu ne seras jamais invitée à une fête dans les catacombes! Quoique je crois qu'aujourd'hui ce n'est plus aussi terrible que de mon temps...