The Grandmaster, Effets secondaires, Quartet / Revue de films
Publié le 18 Avril 2013
The Grandmaster réalisé par Wong Kar Wai
"Chine, 1936. Ip Man, maître légendaire de Wing Chun (un des divers styles de kung-fu) et futur mentor de Bruce lee, mène une vie prospère à Foshan où il partage son temps entre sa famille et les arts-martiaux. Le film va suivre son parcours jusque dans les années 50 où il finira comme enseignant de kung-fu à Hong Kong. Sur fond de guerre sino-japonaise, son destin rejoint celui d'autres grands maîtres de cette discipline ancestrale dont la transmission est un des éléments importants."
Grandiose, magistral, envoutant... J'ai adoré The Grandmaster.
Je suis assez fan des films d'arts martiaux parce que ce sont de véritables chorégraphies quand c'est bien fait. Avec The Grandmaster c'est une chorégraphie de haut niveau à laquelle j'ai assisté. Wong Kar Wai filme ses combats avec un esthétisme qui se rapproche de la peinture, on y voit des tableaux vivants d'une beauté incroyable. De magnifiques arrêts sur image qui scotchent, des ballets de kung-fu virtuoses interprétés par des acteurs habités qui ont eu des années de préparation pour parfaire leur rôle.
Le doux sourire de Tony Leung et le regard intense de Zhang Ziyi nous suivent tout au long du film comme deux piliers sur lesquels se poser.
Le film nous emmène dans l'histoire ancestrale du kung-fu qui s'inscrit dans l'histoire contemporaine avec la guerre sino-japonaise en toile de fond. On touche de près à cette discipline qui est tout aussi physique que mentale. Le combat physique n'est pas systématique dans un affrontement entre deux maîtres de kung-fu. Impossible de tout retenir mais c'est déjà un bon début pour qui veut comprendre les règles et les bases du kung-fu et pour qui veut comprendre toute la philosophie qu'il y a derrière.
The Grandmaster raconte des destins croisés de personnages qui sont tous liés par l'amour de leur art. C'est un film philosophique sur l'importance de la transmission, de l'honneur, de l'héritage et qui distille savamment des enseignements magistraux. "Ce que tu ne voies pas, existe quand même", phrase sur laquelle on pourrait disserter des heures, qui s'applique à toutes les époques, à toutes sociétés et qui fait partie de l'essence du kung-fu.
Comme dans tous les films de Wong Kar Wai, la musique y tient une place importante. Elle se fait envoutante et magique. En quand on entend à la fin, celle inoubliable du "Deborah's Theme" empruntée à Ennio Moricone dans "Il était une fois en Amérique", on se dit que c'est logique. Il y a du Sergio Leone quelque part dans Wong Kar Wai...
Effets secondaires réalisé par Steven Soderbergh
"Bien que son époux soit enfin sorti de prison après avoir purgé une peine de quatre ans pour délit d'initiés, Emily Taylor, employée dans une boîte de publicité de Manhattan, continue à souffrir de dépression. Lorsqu'elle attente à sa vie, le psychiatre Jonathan Banks lui prescrit un antidépresseur au stade expérimental, l'Ablixa, sur les conseils de l'ex-thérapeute de la jeune femme. Or, sous l'effet de ce médicament, Emily commet un acte violent... Qui est le vrai coupable ?"
Le film joue sur deux tableaux. Un thriller avec enquête et rebondissements et une chronique de société sur la dépendance aux médicaments et tout ce qui va avec. Un sujet pas souvent abordé au cinéma.
On suit Emily, jeune femme fragile dans le parcours classique d'une dépression : tentative de suicide, consultations chez le psy, prescriptions d'antidépresseurs, rechutes, nouveaux médicaments. Parallèment on voit les rapports entre les médecins et les laboratoires dans une société où tout le monde prend des médicaments, où la publicité pour une vie meilleure passe par la médecine. Steven Soderbergh nous entraine dans la spirale infernale de ces médicaments qui coupent les gens de leurs émotions.
Puis le film bascule dans le thriller et le spectateur se pose toutes les questions qu'il faut se poser sur ces médicaments, sur les docteurs qui cautionnent le système, sur un mal de notre société contemporaine.
Qui est coupable, Emily, les médicaments, le docteur qui prescrit, la société ?
Mais les apparences sont parfois trompeuses et Steven Soderbergh brouille les pistes comme les médicaments brouillent le cerveau. C'est brillant, j'étais à fond avec mes questions, mes doutes et mes réponses.
Effets secondaires est un excellent thriller social, intelligent, soigné et remarquablement mis en scène.
Quartet réalisé par Dustin Hoffman
"À Beecham House, paisible pension au cœur de la campagne anglaise qui accueille des musiciens et chanteurs d’opéra à la retraite, le bruit court qu’une nouvelle pensionnaire arriverait sous peu. Et ce serait une diva ! Pour Reginald, Wilfred et Cissy, le choc est grand lorsqu’ils voient débarquer l’impétueuse Jean Horton, avec laquelle ils triomphaient sur les scènes internationales des années auparavant. L’ambition de Jean et son ego démesuré avaient alors ruiné leur amitié et mis un terme au mariage qui la liait à Reginald. Malgré les vieilles blessures, Reginald, Wilfred et Cissy mettront tout en œuvre pour convaincre Jean de reformer leur célèbre quatuor à l’occasion du gala annuel de Beecham House..."
J'ai passé un bon moment, c'est sympathique et bien joué, un film tendre et joyeux. Entendre des grands airs d'opéra pendant tout le film ajoute au plaisir que l'on peut prendre à ce film so british dans son humour et son ambiance "tea time". Même si tout paraît un peu trop téléphoné et sans suprises sur les intrigues du scénario.
Par contre, c'est un film qui m'a pas mal dérangée parce que ça se passe dans une maison de retraite et que ça fait cogiter sur la vieillesse et la fin de vie. Dérangée dans le sens où ça n'est pas agréable de se prendre ça en pleine face, toute réalité que cela représente. Le message que la vie est belle jusqu'au dernier souffle et qu'il y a toujours du bon à prendre passe bien mais n'empêche le corps qui ne suit pas ça fait mal...
Comme dirait Bette Davis citée dans le film "Vieillir n'est pas pour les mauviettes", je crois bien que j'en suis une là !