Timbuktu, La French, / Revue de films
Publié le 15 Décembre 2014
Timbuktu de Abderrahmane Sissako
"Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans.
En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques..."
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Timbuktu est un film dont on ne ressort pas indemne si on s'intéresse à la façon dont le monde évolue et si on a de l'empathie pour ce que d'autres subissent pendant que nous vivons à peu près correctement.
Il propose un vrai discours et c'est une vraie oeuvre sur le mal qu'a fait et que continue de faire l'Islam radical et intégriste partout où il passe. C'est une véritable dénonciation de ce qu'on peut qualifier de crimes de guerre ou contre l'humanité.
Et pourtant ça reste du cinéma avec un traitement non dénué d'humour et des images sublimes de paysages africains. Il y a d'ailleurs un beau contraste entre la façon de filmer, la nonchalance, la beauté, la simplicité et ce que le film dénonce.
C'est aussi pour ça que le film est courageux et fort.
On découvre Tombouctou envahie par la police islamique qui passe son temps à proclamer des lois débiles excluant toute notion de plaisir mais qui ne vaut que pour les opprimés bien entendu. Tout est interdit, le musique, le football, se promener... Interdiction pour interdire, ils ne savent plus quoi inventer pour faire leur soi-disant Djihad et se justifient toujours d'Allah pour commettre toutes les atrocités de la terre en toute impunité.
Les gens s'habituent entre espoir et résignation, certains fuient, d'autres restent ne sachant pas où aller. La vie quotidienne est de plus en plus menacée. La résistance s'organise comme elle peut, souvent individuellement et le fait des femmes qui osent émettre leurs opinions. Il ya de beaux moments de cinéma tellement symboliques comme cette scène surréaliste de jeunes garçons qui font un match de foot sans ballon.
Le réalisateur dépeint une réalité tragique sans se départir de son humour.
Les combattants sont parfois stupides, parfois perdus, parfois cupides, toujours embourbés dans une doctrine à laquelle certains ne croient même pas. L'ivresse du pouvoir sur les autres semble souvent être le moteur plutôt qu'une vraie croyance en dieu. Ils détournent les paroles du Coran comme ça les arrange, rendent la justice pour s'enrichir ou tuer.
L'imam est là pour faire le contrepoint à sa manière. Il joue avec les mots pour tenter de les raisonner en vain. Où est Dieu dans tout cela ? Il leur dit "Djihad vous mettez en danger l'Islam et ses fidèles" et ô combien ces paroles raisonnent dans le contexte actuel.
J'aurais tellement d'autres choses à dire sur ce film et sur ce qu'il dénonce mais je modère ici mes propos... Quelle injustice subie par tous ceux qui sont sous le joug de ces intégristes assoiffés de sang et sûrement pas croyants dans le dieu duquel ils se réclament...
Un grand film d'utilité publique qu'il faut voir, dont il faut parler et le montrer dans les collèges et les lycées.
Pourquoi j'y suis allée : par hasard parce qu'un ami m'en a dit du bien et en vérité je ne savais même pas ce que j'allais voir, je n'avais pas eu le temps de m'intéresser aux sorties de la semaine ni même de lire le résumé du film. Je n'ai pas été déçue... Mais je l'aurais sélectionné de toute façon en connaissance de cause.
La French de Cédric Jimenez
"Marseille. 1975. Pierre Michel, jeune magistrat venu de Metz avec femme et enfants, est nommé juge du grand banditisme. Il décide de s’attaquer à la French Connection, organisation mafieuse qui exporte l’héroïne dans le monde entier. N’écoutant aucune mise en garde, le juge Michel part seul en croisade contre Gaëtan Zampa, figure emblématique du milieu et parrain intouchable. Mais il va rapidement comprendre que, pour obtenir des résultats, il doit changer ses méthodes."
La French Connection je ne m'en souviens pas, j'étais trop jeune, l'évocation du nom me fait immédiatement penser au film de William Friedkin. Par contre l'assassinat du juge Michel, en 1981, quelques mois après l'élection de Mitterrand, ça je m'en souviens. Les titres des journaux, les ouvertures de JT, ce fut un fait divers qui aura marqué la France du début des années 80.
Historiquement je ne peux dire ce que le film respecte ou pas mais une chose est sûre, le film est réussi pour moi.
Le juge Michel est un juge investi qui a vu les ravages de la drogue sur les mineurs lorqu'il était en charge de leurs dossiers. Il veut stopper ça.
Il s'attaque quand même à un truc de fou : démanteler le plus gros réseau de traffic de drogue de l'époque. Le réseau qui a fait que l'Amérique se retrouve inondée de drogue et de drogués comme jamais avant dans leur histoire. Réseau déjà inquiété mais jamais décimé.
Le film montre le juge Michel comme un homme déterminé, probablement comme personne ne l'a jamais été avant lui. Comment ne pas se laisser bouffer par ce genre d'affaires, il faut en avoir des couilles pour ne pas se laisser faire et ne pas laisser faire surtout quand on a une famille. Famille qui a de plus en plus de mal à comprendre ce combat qui le dévore.
On découvre Tony Zampa et sa violence sous-jacente qui définit le personnage. Il fait peur, il ne faut pas le contrarier.
Ce qui marque de ces années là, c'est cette espèce d'impunité dont tous les truands croient qu'ils bénéficient, cette arrogance qu'ils affichent.
Le juge Michel doit composer avec la police plus ou moins coopérative en fonction des commissaires qui passent. On se doute que la corruption est partout, qu'un système de cette envergure ne peut perdurer sans appuis hauts placés. Est il seul contre tous ? Est ce un combat perdu d'avance ?
Le film montre aussi la coopération avec les USA qui tentaient d'arrêter la French connection par tous les moyens. Ce qui n'a pas toujours été le cas en France.
De l'humour aussi. Mention spéciale pour une scène dans laquelle beaucoup de parents se reconnaîtront : le truand qui doit gérer ses trois enfants et ne s'en sort pas, c'est pire que gérer la distribution de la drogue !
L'ambiance des années 70 est bien retransmise que ce soit dans les décors ou la musique.
L'enquête est passionnante, le casting est aux petits oignons, le rythme est dynamique.
On connait la fin du film et pourtant j'ai quand même eu un vague espoir que ça n'arrive pas.
Que cette histoire soit jouée par des acteurs connus et que j'aime me la rend encore plus forte et j'ai encore plus d'empathie pour le juge et sa famille. Le pouvoir du cinéma...
Le juge Michel, ce héros des temps modernes de la vraie vie... un grand personnage de cinéma, un grand personnage de l'histoire...
Un film qui m'a emportée du début à la fin, un très bon polar made in France qui renoue avec un genre disparu.
Pourquoi j'y suis allée : parce que le sujet m'intéressait et parce que je suis fan de Jean Dujardin