Voyage au bout des idées noires d'une maman
Publié le 6 Avril 2012
Quelle parent n'imagine pas parfois le pire pour lui ou ses enfants ? Quel parent ne se projette jamais dans le futur de la vieillesse, la maladie, l'adolescence difficile, la violence...
Si vous n'en faites pas partie tant mieux pour vous !
Mais attention je n'ai pas ce genre de pensées non stop, là ce serait pathologique je le concède.
Etre parent c'est vivre avec la peur. Pour la plupart des gens, elle n'empêche pas de vivre, d'être heureux de profiter mais elle est là, insidieuse, tapie dans le noir, enfouie dans les tréfonds de notre cerveau. La peur dès le début, lors de la grossesse et de l'accouchement puis la peur de l'accident, la peur de la mort subite du nourrisson, la peur de l'agression dès la mise en collectivité, la peur de l'abus, la peur du viol, la peur de l'abus de confiance, la peur de la maladie, la peur de la mort...
Mais également des peurs moins viscérales comme la peur de l'échec, la peur que notre enfant ne comprenne rien à l'école, la peur qu'il n'ait pas d'amis, toutes les peurs liées à la vie scolaire d'ailleurs. La peur dès que le numéro de la nounou, crèche, école s'affiche sur le téléphone. La peur de se retrouver au chômage et de ne plus pouvoir fournir l'essentiel à son enfant.
Forcément je pense à la mort, à la mienne, à celle de mon enfant, à celle de son papa... Qui peut me garantir que nous vivrons et en bonne santé jusqu'au bout ? Comment ne pas penser à ce qu'il adviendrait de mon enfant s'il nous arrivait malheur avant qu'elle soit en âge de se débrouiller toute seule ?
Je pleure le matin quand je me réveille et que j'apprends la mort de dizaines d'enfants sur la route, pourquoi eux, là tout à coup ? Je pleure quand je lis les horreurs qui arrivent aux enfants des pays en guerre, aux horreurs qui les laissent orphelins à 6 ans dans la rue, pourquoi eux ? Je pleure quand un enfoiré de première tue des enfants dans une école, pourquoi eux ? Je pleure quand une gamine de 11 ans est mariée de force à un vieux pervers dégoûtant, pourquoi elle ? Je pense à tous ces parents qui peut être ont eu les mêmes peurs que moi à un moment donné et qui voient leurs pires cauchemars se réaliser.
Après la compassion, impossible de ne pas se mettre en situation, impossible ne pas me dire "ouf", impossible de ne pas réaliser la chance que j'ai et ma seule envie est de serrer encore plus fort ma fille dans mes bras.
Tout celà n'empêche de vivre une vie à peu près insouciante et heureuse. C'est juste que cet état d'être je ne le connaissais pas avant d'être parent et que certaines pensées terribles arrivent et s'imiscent dans mon conscient sans que je ne les y convie. Elles ne s'installent pas sinon je les chasse au galop d'ailleurs mais je mentirais si je disais que non, je ne pense jamais au pire. Je ne vous dis pas les trucs horribles qui me passent par la tête quand je prends l'avion ! Quand on atterit je me traite de tous les noms d'avoir pensé au pire. Et pourtant je suis heureuse quand je vois ma fille étudier encore et encore scrupuleusement la carte du monde en s'imaginant de beaux voyages...
Cette peur je vis avec, elle fait partie de moi et le mieux à faire c'est de l'apprivoiser du mieux que je puisse... même quand elle revient au galop avec les informations...