Loving, Moonlight, La La Land / Revue de Films
Publié le 16 Février 2017
Loving de Jeff Nichols
"Mildred et Richard Loving s'aiment et décident de se marier. Rien de plus naturel – sauf qu'il est blanc et qu'elle est noire dans l'Amérique ségrégationniste de 1958. L'État de Virginie où les Loving ont décidé de s'installer les poursuit en justice : le couple est condamné à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu'il quitte l'État. Considérant qu'il s'agit d'une violation de leurs droits civiques, Richard et Mildred portent leur affaire devant les tribunaux. Ils iront jusqu'à la Cour Suprême qui, en 1967, casse la décision de la Virginie. Désormais, l'arrêt "Loving v. Virginia" symbolise le droit de s'aimer pour tous, sans aucune distinction d'origine. "
Le film commence tellement bien, un couple qui s'aime et se marie, on oublie presque que c'est malheureusement une histoire vraie et que ça ne va pas durer. Le réveil est violent.
C'est toujours aussi dur de regarder un film qui se passe durant la ségrégation aux US. Toujours aussi dur d'entendre des blancs arrogants évoquer des théories fumeuses et s'ériger en maitres des la vie des autres. Richard Loving est obligé de les écouter sans broncher, ils sont obligés de s'exiler et prennent des risques pour voir leurs familles.
Durant des années ils vont subir la situation jusqu'à ce qu'un déclic les fasse changer d'avis. C'est l'époque où les noirs manifestent de plus en plus pour les droits civils, une époque où il est permis d'espérer.
Les Loving sont des gens simples, discrets qui veulent juste vivre leur vie et on n'imagine pas la force et le courage qu'il faut pour supporter ce qu'ils vivent. Les comédiens réussissent à faire passer toute cette détermination avec naturel et sans forcer.
Un beau film intimiste qui prend son temps pour raconter une histoire vraie qui a changé la vie d'autres êtres humains. Une histoire qui a montré qu'on peut écrire sa propre histoire... Le couple Loving (qui porte vraiment bien son nom !) est au centre du film, on les suit au plus près. Leur amour crève l'écran, j'ai été touchée par la façon dont Jeff Nichols montre ce couple, une bienveillance et une tendresse magnifique...
Pourquoi j'y suis allée : pour l'histoire, la bande annonce m'avait attirée. Pour le réalisateur Jeff Nichols.
Moonlight de Barry Jenkins
"Après avoir grandi dans un quartier difficile de Miami, Chiron, un jeune homme tente de trouver sa place dans le monde. Moonlight évoque son parcours, de l’enfance à l’âge adulte."
Le film raconte en trois parties, l'enfance, l'adolescence et l'âge adulte, le parcours d'un homme qui a du mal à se construire dans une société qui le rejette.
Little vit avec sa mère camée qui le laisse se débrouiller et semble se désintéresser de ce qui lui arrive. Il est différent des autres et devient la victime qu'on harcèle. Il est de ces enfants qui doivent grandir plus vite et s'assumer seuls.
Il subit l'homophobie même de la part de sa mère. Little s'interroge sur son orientation sexuelle parce que les autres lui renvoient une image de différence.
Le dealer du coin se prend d'affection pour lui et fera office de famille de substitution avec sa femme qui prend Little sous son aile. Ils sont un soutien, l'écoutent et le comprennent. Une belle relation prend forme même si le dealer est confronté à ses propres contradictions...
A l'adolescence ses problèmes s'aggravent, les copains sont de plus en plus violents. Il est toujours seul d'être différent, son mal être transpire encore plus. Mais c'est aussi l'âge de la découverte de sa sexualité et Chiron n'a plus de doutes. Par contre il sait que la réaction des autres sera toujours aussi terrible alors il s'interdit d'explorer ce qu'il est... Comment assumer son homosexualité dans un ghetto noir, macho et homophobe ?
Il n'a toujours rien à attendre de sa mère qui le taxe pour se droguer... Chiron subit jusqu'au jour où il décide de ne plus se laisser faire et de trouver la force en lui pour résister.
Il devient Black, un dealer musclé à qui on ne veut pas se frotter, un gros dur qui se sait se faire respecter. Black est tellement touchant malgré ses kilos de muscles et son air de brute, on sent que le petit Little est toujours au fond de lui... Viendra peut-être enfin le temps de la sérénité ?
Un film qui m'a beaucoup touchée, une histoire racontée avec beaucoup de finesse et quatre comédiens justes et bouleversants chacun dans son genre.
Pourquoi j'y suis allée : pour le sujet et parce que j'avais vu Barry Jenkins parler de son film et qu'il m'a donné envie...
La La Land de Damien Chazelle
"Au cœur de Los Angeles, une actrice en devenir prénommée Mia sert des cafés entre deux auditions.
De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance.
Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent…
Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ?"
Je ne sais pas pourquoi La La Land m'a très vite agacée. Très long à démarrer, un peu gnangnan, tout m'a paru trop artificiel...
On voit bien que Damien Chazelle, recrée l'âge d'or des comédies musicales, les références au genre sont nombreuses. On s'attend à voir une comédie musicale tout du long mais non, ça s'arrête tout à coup ce qui donne au film un rythme bizarre.
Ryan Gosling est convaincant en danseur et pianiste mais moins en chanteur. Quand à Emma Stone, elle joue trop sur le registre "mimiques d'ahurie", je crois d'ailleurs que c'est le film de trop avec elle pour moi...
C'est le scénario classique, le couple d'artistes dont un qui réussit et évidemment ça fait de la casse...
Le message pour sauver le jazz est touchant mais quand on est indifférent à ce genre musical, ça ne nous parle pas et c'est carrément ennuyeux.
Il a fallu attendre la fin ou presque pour que je voie enfin une scène de casting qui m'a donnée de l'émotion, enfin une scène qui sonne juste.
Bref, déçue et en même temps Whiplash m'avait énervée ! Je persisterai quand même en allant voir le troisième film du réalisateur !
Pourquoi j'y suis allée : pour les acteurs et parce que je suis un mouton parfois :)