Mon cinéma de Février 2024

Publié le 5 Mars 2024

La bête de Bertrand Bonello

Dans un futur proche où règne l’intelligence artificielle, les émotions humaines sont devenues une menace. Pour s'en débarrasser, Gabrielle doit purifier son ADN en replongeant dans ses vies antérieures. Elle y retrouve Louis, son grand amour. Mais une peur l'envahit, le pressentiment qu'une catastrophe se prépare.

Un voyage dans le temps, une histoire d’amour et de sentiments à travers trois époques. Comment toutes ces Gabrielle et ces Louis sont reliés ? ⠀

En 2044 c’est l’IA et l’évolution de nos sociétés qui est questionnée. 67% de chômage, les gens sont devenus des "useless people". Supprimer les affects et les émotions c’est créer une société soi-disant plus apte à décider. Gabrielle doit choisir entre avoir un travail intéressant ou garder ses émotions. Une société où règne froideur, relations pseudo réelles et vies tristes.

En 1910, elle était une femme passionnée par ses créations de poupée. Une femme mariée n’assumant pas son amour pour Louis, ne voulant pas craquer. Une époque où les sentiments étaient forts et exprimés. Une époque en vrai contraste avec les deux autres. C’est rare que l’on voit au cinéma cette fameuse crue de 1910, ici mise en scène magnifiquement et on garde en mémoire le final bouleversant. En 2014, c’est la solitude de Gabrielle qui frappe. Le personnage de Louis est un vrai produit de la société US, un incel flippant tandis que Gabrielle semble perdue dans un LA où créer des relations est compliqué. ⠀

La symbolique de la poupée tout au long du film, objet de transfert par excellence, entre le jouet et le robot. J’ai adoré l’idée de la boite de nuit qui change d’année, sas de décompression et endroit de liberté totale. L’accueil et le décor m’ont fait penser à Twin Peaks. ⠀

Un film hybride avec un mélange des genres, dans lequel il faut se laisser porter, une fascination s’installe. Un film sublimé par l’interprétation de Léa Seydoux présente en permanence. Elle porte sa nostalgie et sa mélancolie comme une seconde peau. La caméra s’attache à elle, on ressent ses doutes, ses angoisses, ses envies et surtout sa peur d’aimer et en même temps celle de ne plus aimer. La douce présence de Georges MacKay donne à leur couple une aura qui traverse les années. 

La Bête peut dérouter mais on se laisse entrainer dans ce voyage existentiel et cinématographique, on continue à y penser longtemps après.

Sans jamais nous connaître de Andrew Haigh

À Londres, Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de son passé et retourne dans la ville de banlieue où il a grandi.

Ces vies que l'on passe sans jamais nous connaître que ce soit en famille ou en société. All of us strangers... ⠀

Pour Adam ce sont des parents qui ne l'auront pas vu grandir, des amis inexistants dans la vie d'une tristesse déchirante qu'il mène. Il est coincé dans la bande son de ma jeunesse. Pour Harry c'est la solitude amicale, familiale et amoureuse.

Deux êtres faits pour briser leur solitude et le silence qui entoure leur homosexualité. Pour l'un c'est son identité qu'il n'aura jamais pu confier à ses parents pour l'autre on devine le rejet.

Peut-on croire à une histoire d'amour réconfortante et de reconstruction entre ces deux solitudes ? Incapables de faire partie du monde des vivants ? Comment se construire avec les manques ? ⠀

Un film d'une tristesse inouïe sur la solitude et le deuil. Les fantômes qui nous aident à survivre et qui nous empêchent de vivre. Un film sur les traumas dont on ne se remet jamais et les occasions manquées. Andrew Scott est incroyable, on a envie de lui réchauffer le cœur. Paul Mescal est parfait aussi. La fin est magnifique sur le plan des sensations. The power of love, si seulement... ⠀

Mais, parce que j'ai mon bémol, malgré la poésie, la beauté formelle, les interprétations et les sujets bouleversants, je n'ai pas été vraiment émue sauf à la fin grâce la mise en scène. Fin à laquelle je m'attendais, en raccord avec le reste. ⠀

Le successeur de Xavier Legrand ⠀

Heureux et accompli, Ellias devient le nouveau directeur artistique d’une célèbre maison de Haute Couture française. Quand il apprend que son père, qu’il ne voit plus depuis de nombreuses années, vient de mourir d’une crise cardiaque, Ellias se rend au Québec pour régler la succession. Le jeune créateur va découvrir qu’il a hérité de bien pire que du coeur fragile de son père.

Ellias se heurte au néant de ses connaissances lorsqu’il s’agit de son père qu’il n’a pas vu depuis longtemps et dont finalement il ne connait rien. Et surtout pas ses soucis de santé dont il pense avoir hérité. Il va devoir s’occuper de la succession d’un quasi inconnu. Un retour sur ses origines et dans son passé et dans l’intimité d’un homme que les autres semblent connaître mieux que lui. Qu’ils sont collants les voisins et amis qui savent eux... à quel point son père était un homme bon. ⠀

Ellias va prendre une décision bien plus lourde de conséquences qu’il ne l’imagine. Son orgueil de créateur qui ne veux tout perdre alors qu’il vient de tout avoir ? Protéger un père auquel il ne veut surtout pas ressembler ? ⠀ Depuis toujours Ellias semble victime de crises d’angoisse et de panique, un malaise persistant dû à l’influence lointaine de son père ? Comment être le fils de son père ? Est-ce possible vu les circonstances ? Comment faire son deuil sans en avoir envie ? Un thriller orignal avec des twists qu’on peut voir venir quelques instants avant mais qui restent bien choquants sur le moment. J’aurais aimé en savoir un tout petit plus sur la brouille père fils mais le film m'a plu et remuée avec des souvenirs récents de deuil et les mêmes démarches...

Universal Theory de Timm Kröger

1962 : lors d’un congrès de physique dans les Alpes suisses, le jeune Johannes défend une théorie sur l’existence de mondes parallèles. Mais personne n’y croit, pas même son tuteur. Les mystères s’accumulent pourtant : une curieuse formation nuageuse dans le ciel, la présence fantomatique de Karin, cette jeune pianiste qui l’obsède et semble tout savoir de lui… Et ces personnes victimes d’accidents étranges dans la montagne ? Le réel semble bien fragile en ce lieu.

Le tout début du film est en couleurs dans les années 70. Puis on passe à un magnifique générique en NB façon Hollywood. Et excellente surprise, on va se croire vraiment dans un film hollywoodien des années 30-50 avec un peu d’expressionnisme allemand, du Hitchcock et du Lynch, de la musique qui accompagne toutes les scènes, tous les plans. On pense aussi à la série Dark. Je ne m’attendais pas à cette beauté formelle. Tout ça donne au film une ambiance et une atmosphère assez inédite pour un film contemporain. ⠀ Johannes est un jeune homme obsédé par sa théorie qui s’est imposée à lui selon ses dires. Il a la pression familiale sur ses épaules, il se doit de réussir et devenir docteur en sciences. Son obsession devient double quand il rencontre Karin. ⠀

Quelques longueurs peut-être mais ça n’a pas changé mon ressenti final totalement positif. Un film fascinant sur le multivers dans une ambiance Guerre froide et post nazisme. Et surtout un film romantique et tragique, l’amour absolu qui traverse tout... même les mondes parallèles ? Un film étonnant et intense qui nous emmène faire un voyage hallucinatoire dont on ressort lessivé. Qu’a-t-on vu ? ⠀

Daaaaaali ! de Quentin Dupieux ⠀

Une journaliste française rencontre Salvador DALÍ à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.

Que se passe t’il lorsqu’un réalisateur surréaliste s’attaque à un artiste comme Dali, peintre surréaliste mais aussi dans sa façon d’être ? Ça donne un film totalement surréaliste que ce soit dans le scénario, les interprétations, les décors, les scènes, les personnages, les rêves... ⠀

Déjà cette idée de génie de faire incarner Dali par plusieurs acteurs (Edouard Baer et Jonathan Cohen mes favs, ils ne jouent pas, ils sont ! quelles compositions de génie) et de le mettre dans des situations qui nous plongent non pas dans la quatrième mais dans la douzième dimension ! ⠀ Le film dans le film, le rêve dans le rêve, le documentaire dans le documentaire, que de mises en abyme géniales. A travers Dali et ses extravagances il y a le statut d’artiste, la peur de vieillir et de se voir disparaître, la folie qui règne dans le monde de l’art en général et l’égo démesuré de l’artiste. On a aussi le Dali qui veut faire du cinéma de l’autre côté de la caméra, hommage à la réalité. Quentin Dupieux en profite pour placer une petite pique bien sentie sur le sujet harcèlement sexuel dans le monde du cinéma. ⠀

En dehors des Dali il y le producteur du documentaire et ses discours hystériques tellement vrais sur le milieu. Rôle incarné par un Romain Duris survolté et génial. Et j’étais un peu comme Anaïs Demoustier, scotchée et ahurie dans un monde délirant qui part dans tous les sens mais dans lequel finalement il y a une place pour tout, façon puzzle éparpillé qui se met en forme d’une façon non conventionnelle. Les scènes de running gag sont désopilantes, on s’y attend, on ne s’y attend pas, on ne s’y attend plus et on marche à fond. ⠀

Une comédie française où l’on rit de bon cœur grâce à un humour à la fois subtil, loufoque, décalé et surréaliste, ça n’arrive pas si souvent ! En moins de 20 ans, Quentin Dupieux a créé une véritable œuvre cinématographique avec une signature visuelle, une écriture unique, la Dupieux touch. Une œuvre, déjà remplie de 12 films, qui va continuer à s’étoffer et sans nul doute continuer à nous surprendre.

Le royaume de Kensuké de Neil Boyle et Kirk Hendry ⠀

L’incroyable histoire de Michael, 11 ans, parti faire un tour du monde à la voile avec ses parents, avant qu’une terrible tempête ne le propulse par-dessus bord avec sa chienne Stella. Échoués sur une île déserte, comment survivre ? Un mystérieux inconnu vient alors à leur secours en leur offrant à boire et à manger. C’est Kensuké, un ancien soldat japonais vivant seul sur l’île avec ses amis les orangs-outans depuis la guerre.

La rencontre de deux mondes, deux générations, deux cultures. Un pré-ado qui n'en fait jamais qu'à sa tête et se retrouve toujours dans des situations dangereuses avec un vieux sage qui a choisi de se retirer du monde des hommes après le trauma de la bombe A. Chacun va apporter à l'autre. Une belle histoire de transmission quasi sans paroles. ⠀

Un voyage initiatique qui parle de notre rapport à la nature et aux animaux sans occulter certains dangers. La beauté de la nature simple, la faune et la flore. L'apprivoiser et se contenter de ce qu'elle nous offre, la protéger. ⠀ Une très belle animation avec des paysages sublimes qui ressemblent à des photos. Réalisée en animation artisanale traditionnelle en 2D, le résultat est magique et beaucoup plus émotionnel que la 3D. Cette île paradisiaque est le décor parfait. Les échappées en dessin et aquarelles sont magnifiques. Ça m'a un peu fait penser aux dessins de Taniguchi. Un coming of age enchanteur pour enfants et adultes qui m'a émue. Un beau moment de plaisir visuel.

A man de Kei Ishikawa

Rie découvre que son mari disparu n'est pas celui qu'il prétendait être. Elle engage un avocat pour connaître la véritable identité de celui qu'elle aimait.

Une mère célibataire qui refait sa vie après en avoir bien bavé avec un homme adorable, un vrai père pour son fils. Deux êtres fracassés par la vie qui retrouvent le bonheur. ⠀

Un avocat qui enquête sans relâche en se prenant souvent de face le racisme anti-coréen qui secoue la société japonaise. Avec une mise en scène qui fait des focus sur les personnages au fur et à mesure de l’histoire, le film dresse le portrait de gens qui ont tous une bonne raison de souffrir... L’avocat va de surprises en surprises et nous aussi, parfois on ne sait plus qui est qui. Tout le monde se retrouve lié par des cheminements incroyables de l’existence. ⠀

J’ai trouvé le film un peu trop lent mais le sujet est magnifique et bouleversant. L’identité, l’atavisme, l’assumation de son nom de famille, de son choix de vie, le drame de l’hérédité. Mais aussi la rédemption et la seconde chance. De très beaux moments d’émotion. Et la beauté de cette affiche, sobre et classe comme le film.

Les lueurs d’Aden de Amr Gamal ⠀

Israa vit avec son mari Ahmed et ses 3 enfants dans le vieux port d’Aden. Leur vie quotidienne est rythmée par la guerre civile. Ahmed, qui travaillait pour la télévision, a dû quitter son poste pour devenir chauffeur à la suite de salaires impayés. Quand Israa est à nouveau enceinte, le couple sait qu’il ne peut se permettre un 4e enfant. Ensemble, ils décident d’avorter.

Un film yéménite qui parle d’avortement ? J’aime toujours voir le cinéma de pays qui n’en font pas beaucoup et encore plus quand c’est un pays dont je ne connais rien. Ce film est donc une rareté et rien que pour cela il faut le faire exister. ⠀

On est tout de suite frappé par la ville portuaire d’Aden, jolie au loin mais qui porte les stigmates de la guerre dès qu’on se rapproche et qu’on la traverse. Israa et sa famille font partie de la classe moyenne mais ils ont du mal à s’en sortir. Des vies loin des nôtres mais avec les mêmes préoccupations comme par exemple le débat école publique/école privée. ⠀ L’avortement n’est pas totalement tabou, il peut être médical, encore faut-il trouver un hôpital qui accepte de le pratiquer. Israa n’a qu’une piste possible avant d’envisager une mise en danger illégale, celle de son amie gynécologue, religieuse rigoriste qui semble faire partie du mouvement Houthis qui veut radicaliser encore plus les femmes au Yémen. Elle est en burqa tandis qu’Israa est en abaya, tenue obligatoire des femmes en public et simple voile sur la tête. ⠀

Les deux femmes s’affrontent à coup de citations religieuses, l’une étant désespérée et l’autre ne voulant surtout pas commettre un péché aux yeux de la religion. Leur amitié pourra t’elle s’en remettre ? J’ai trouvé le sujet vraiment intéressant dans ce contexte religieux et liberticide avec un couple embarqué ensemble même si parfois Ahmed presse sa femme de s’en occuper vite comme si c’était simple. Une chronique sociale venue du Yémen, un objet cinématographique rare de ce cinéma du monde qui a beaucoup à voir avec la réalité.

Ma part de Gaulois de Malik Chibane

Destiné à un CAP Mécanique, Mourad se retrouve finalement en cursus général grâce aux stratagèmes de sa mère. Le bac ! Une formalité pour les "Français" du centre-ville mais un événement sismique pour Mourad et son entourage : le premier de la cité à aller jusqu'au bac ! Dans son lycée général, séparé de ses copains du quartier, il rencontre de nouveaux amis qui lui font découvrir la musique. Librement inspiré du roman de Magyd Cherfi (Zebda)

C’est l’histoire d’une mère qui ne sait ni lire ni écrire et qui va tirer son fils vers le haut car elle sait une chose : sans le bac, les immigrés et leurs enfants n’ont aucune chance de réussir dans cette France des années 70-80 où la mixité sociale en est à ses balbutiements. Une France dans laquelle certains ne voudraient que rien ne change, les arabes ils ne sont bons que pour les filières professionnelles. Une mère prête à tous les sacrifices pour faire de son fils un exemple en devenant le premier bachelier du quartier. ⠀

Mourad veut faire plaisir à sa mère mais il a du mal avec les études. Il va devoir travailler plus que les autres et il subit une vraie pression de sa mère et du système. On lui met des barrières, il s’en met aussi. Il lui faudra maitriser les codes. S’ensuit un vrai parcours du combattant pour Mourad et sa mère qui œuvre dans l’ombre grâce aussi à la solidarité des cités. ⠀ Conflit de génération, assimilation, rébellion adolescente tardive... Au grand dam de sa mère, Mourad semble vouloir bien assumer sa "part de Gaulois" mais sans trimer comme un furieux pour avoir son bac ! Parce que devenir un symbole c’est parfois un poids énorme à porter. A noter une scène souvent filmée au cinéma mais totalement à l’encontre de ce qu’on voit d’habitude lors à l’arrivée au pouvoir de Mitterrand en 1981 ! Le film en profite pour revenir sur les relations complexes France-Algérie. ⠀

Une mise en scène dynamique et de l'humour pour ce film qui m’a fait passer un bon moment et qui raconte une histoire de France loin des clichés et préjugés, qu’on aimerait voir plus souvent au cinéma.

Vivants de Alix Delaporte ⠀

Gabrielle, 30 ans, intègre une prestigieuse émission de reportages. Elle doit très vite trouver sa place au sein d’une équipe de grands reporters. Malgré l’engagement de Vincent, leur rédacteur en chef, ils sont confrontés au quotidien d’un métier qui change, avec des moyens toujours plus réduits, face aux nouveaux canaux de l’information. Habités par leur passion pour la recherche de la vérité, leur sens de l’humour et de la solidarité, ils vont tout tenter pour retrouver la foi de leurs débuts et se réinventer.

Les coulisses d’une agence de presse de reportages télévisés, l’ambiance d’équipe, les tensions, les attendus de la direction qui veut faire du chiffre et de l’audimat, les remises en question de l’éditorial. Faire des sujets qui marchent ou faire des sujets qui comptent ? ⠀

Gabrielle débarque dans une équipe bien rodée et soudée, elle va évidemment faire des erreurs de débutante formatrices et trouver sa place. Bon l'esquisse de romance si prévisible on aurait pu s'en passer mais probablement que ça pourrait arriver dans la vraie vie et dans ce contexte. Un film qui va vite et montre la diversité des situations et des reportages, les risques du métier et les moments de satisfaction. ⠀

Le gros point fort du film c'est la retransmission de la cohésion de l’équipe, la complicité instaurée au fil du temps et des reportages. Tout le casting,(j'aime tout le monde dans cette team!), a réussi à me faire croire que cette équipe existait vraiment avec un naturel réaliste. Le montage énergique joue aussi dans cette sensation. Un bel hommage au métier de reporter.

L’empire de Bruno Dumont ⠀

Entre Ma Loute et La Vie de Jésus, entre le ciel et la terre, Bruno Dumont nous offre une vision caustique, cruelle et déjantée de La Guerre des étoiles.

Bruno Dumont je ne suis pas spécialement fan, parfois j’aime, parfois pas et parfois je ne me déplace pas au cinéma. Ici je suis entre les deux ! ⠀

Un mélange détonnant et loufoque, j’ai trouvé que les effets spéciaux étaient réussis (top le gloubiboulga noir), c’est même étonnant pour ce type de film (je ne dis pas ça de façon péjorative). De bonnes idées comme le vaisseau en forme d’église. J’ai aimé le contraste des habitants avec l’accent chti qui déclament des phrases stylées façon haut dignitaire. J’ai aussi aimé le personnage de Lyna Khoudri, hilarante et aux antipodes de ce qu’on lui propose habituellement. ⠀

Une réflexion sur le bien et le mal, les gentils et les méchants, le diable et dieu mais ça reste superficiel. Les deux camps se battent pour pouvoir disposer des humains, les deux s’accordent pour trouver qu’il y a des avantages à être dans un corps qui peut jouir sexuellement, pas fous les guêpillons. Tandis que le chef des mauvais se prend pour un roi à Versailles, la cheffe des gentilles goûte aux joies d’être la maire d’un petit village. ⠀

On retrouve le duo génial de flics du Ptit Quinquin, ça ressemble bien au cinéma de Dumont, celui que j’aime et celui que j’aime moins, les moments où je me dis, c’est long, c’est abusé, là c’est un peu faible et les autres où je rigole vraiment parce que c’est de la vraie folie. De l’audace et du lourd (ça donne relou avec les sous-titres). On se moque ou c’est de la tendresse ? ⠀ Les paysages de la côte d’Opale sont magnifiques, tout comme la lumière et quand même ça fait quelque chose de voir des ovnis sur le Nord ! J’ai passé un bon moment avec des bémols. Mais je salue cette idée foldingue, je me suis laissée portée par ce délire.

Sleep de Jason Yu

La vie d'un jeune couple est bouleversée quand le mari devient somnambule et se transforme en quelqu'un d'autre la nuit tombée. Sa femme, submergée par la peur qu'il fasse du mal à leur nouveau-né, ne trouve alors plus le sommeil...

Soo-jin et Hyeon-soo s’entendent bien et semblent amoureux, ils sont mimis. Hyeon-soo se transforme complètement lorsqu’il devient somnambule, on le dirait possédé. Et quand il n’est pas somnambule il a un sommeil de plomb. La nuit, Soo-jin ne peut compter que sur elle-même. La paranoïa s’installe et encore plus quand le bébé nait. Sans parler des voisins creepy qui ne supportent plus les bruits. ⠀

Le film joue sur les surprises macabres ou dingues qui peuvent arriver la nuit, le sommeil devient source de tension et non plus de calme et de repos. Mais ça fait pas peur plus que ça. J’ai donc supporté facilement hormis 2 ou 3 sursauts de mon fauteuil ! Soo-jin doit intégrer que l’homme qu’elle aime puisse devenir une vraie menace mais elle veut affronter ça avec lui. Le film va plus s'intéresser à la transformation de Soo-jin, conséquence de celle de son mari. Qui est possédé.e ? ⠀

Plein de choses en toile de fond, l’arrivée d’un bébé au sein d’un couple uni qui peut tout chambouler, la dépression post partum, les croyances populaires en Corée sur le monde des esprits, les relations avec le voisinage dans une société très codifiée. Un premier film intéressant et bien interprété mais qui ne m'a pas totalement convaincue. Un réalisateur à suivre néanmoins! Le film est dédié à Lee Sun-kyun qui s’est suicidé à la fin de l’année dernière...

Tout sauf toi de Will Gluck

Bea et Ben ont tout du couple parfait, mais après un premier rendez-vous idéal, un incident refroidit leur attirance réciproque. Ils se retrouvent 6 mois plus tard et vont devoir se supporter...

Pas grand chose à dire sur cette romcom sympa sans plus qui n'apporte rien de neuf au genre. Un moment agréable mais un peu longuet avec quelques scènes drôles. Un chouette casting mais qui pourrait être interchangeable, même s'il n'y a pas de big stars ce ne sont que des têtes connues ! J'avoue mon grand sourire quand est apparu Darren Barnet, Paxtoooooon de ma teen série préférée "Mes premières fois". ⠀ ⠀

Ps : Mais alors pourquoi tu as été voir ça, tu devais t'en douter non ? C'était la seule séance possible après une déconvenue muséale...

et j'adore les romcom ! Et Sydney Sweeney ! ⠀

Le bonheur est pour demain de Brigitte Sy ⠀

Sophie a un enfant, un conjoint, mais son quotidien lui semble désespérément plat, sans plaisir, sans envies. Jusqu’au jour où elle rencontre Claude. Il est drôle, séduisant, intelligent. Elle tombe immédiatement sous le charme. Mais Claude n’est pas un prince charmant. C’est un braqueur. Or, au cours d’une attaque de banque, un homme est tué. Claude est arrêté et condamné à une lourde peine de prison. Ce qui aurait dû être la fin devient alors le début d’une histoire folle, passionnelle et sans limites. Soutenue par Lucie, la mère de Claude, Sophie ne renonce pas à son amour pour Claude. Elle est prête à aller jusqu’au bout. Quelles qu’en soient les conséquences.

Sophie fait des choix de vie compliqués entre le père de son enfant, dealer et toxico, et son nouveau coup de foudre Claude. L'espoir dans une nouvelle histoire pourtant pas simple, qui démarre dans l'absence. ⠀

Un film sur l'amour carcéral, les conditions de visite, les parloirs, la solidarité des femmes liées par la prison. Un film sur l'amour jusqu'au-boutiste avec un touchant duo feminin Laetitia Casta / Béatrice Dalle. Un beau sujet mais je n'ai pas aimé le scénario développé ni l'emboitement des scènes sans parler de toutes les incohérences (comme le personnage de Sophie en fait). Une déception.

Rédigé par Carole Nipette

Publié dans #Avis cinéma-Revue de films

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D
Rebonjour Carole Nipette, quelques films en commun dont Les lueurs d'Aden où le réalisateur filme Aden avec beaucoup d'affection. Et à l'heure où l'IVG est inscrite dans la constitution en France, le thème est passionnant et traité avec beaucoup de pudeur. A Man raconte une histoire qui ne peut pas se passer en France a priori avec l'échange d'identité. J'ai aimé tout comme Daaaaali! même si je ne sais pas qui est le 6ème Dali (Dali lui-même?) et Sans jamais nous connaitre est une belle histoire de fantôme. Il semble que je n'avais pas compris que le personnage joué par Andrew Scott est lui même décédé. Bon après-midi.
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C
Une belle sélection avec de la diversité :)