Mon grand-père ce héros / Part 1
Publié le 29 Mars 2010
Aujourd'hui 29 mars 2010 c'est l'anniversaire de ma soeur chérie mais aussi celle de mon grand-père paternel que j'adorais et qui est mort quand j'avais 13 ans. Il aurait eu 97 ans.
Il avait 1 an quand la première guerre mondiale a éclaté, il a donc pu y échapper. Mais quand la seconde guerre est arrivée, il a été mobilisé dès le 2 septembre 1939.
J'ai envie de lui rendre hommage en publiant son témoignage de guerre. Des années plus tard, dans la vie civile, il a du écrire et raconter son histoire pour prétendre à des indemnités de guerre. Une bonne étoile a veillé sur lui durant ces terribles années…
Voici ses propres mots que je publierais en 3 fois. La guerre, l'Allemagne, Paris, la fuite, la Résistance... Mon grand-père, mon héros...
"Mobilisé le 2 septembre 1939 et affecté à la 101° Bon du D.A 27 le 7 septembre 1939 puis à la 102° Batterie du C.O.A.H le 21 octobre 1939. Blessé à la fesse après des tirs en direction de l'Allemagne je ne pouvais plus monter à cheval suite à cette blessure très mal placée.
Envoyé au Mans où j'ai passé la Commission de Réforme le 19 janvier 1940, qui a prononcé les décisions suivantes : Brigadier Chef Félix P. Classé Service Armée - Artillerie Auto.
A la suite de cette décision je fus affecté à la B.H.R du 89° R.A.D le 7 février 1940 à Dunkerque.
A cette époque tout était calme et je suis donc resté. Mon régiment était affecté à la défense côtière. Il y a avait quelques camions de la B.H.R et je m'occupais du ravitaillement en vivres et en munitions.
Félix, 3ème en partant de la droite
Le 10 mai 1940, la grande guerre commençait. Nos ordres furent de rentrer en Belgique et en Hollande mais pendant nos manœuvres nous fûmes encerclés et nous rejoignîmes Dunkerque. Pendant 4 semaines ce fut l'enfer. Il fallait couvrir l'embarquement des Anglais et des Français. Mon régiment a été sacrifié jusqu'au bout.
Le 4 juin 1940 nous tirions nos derniers obus avec l'Infanterie de marine qui, comme nous, ne voulait pas capituler. Etant sous-officier, j'ai remplacé un officier. Vers le 20 mai 1940, mon chef me nomma Maréchal des Logis. Il fallait ravitailler les troupes et c'est sous les bombardements incessants que j'effectuais ma mission. Je me demande encore comment j'ai pu rester en vie après cet enfer, où tout n'était que flammes et désolation. Dans la nuit du 3 au 4 juin, j'ai reçu un éclat d'obus dans le pied gauche.
A la capitulation le 4 juin 1940, j'ai appris que l'on nous décernait la Croix de Guerre. Il restait 29 hommes sur 1800 dans mon régiment.
Ceux qui nous avaient abandonnés recevaient la Légion d'Honneur pour repli en bon ordre.
Après les honneurs rendus par les Allemands qui hissèrent le drapeau hitlérien, la grande marche commença pour rejoindre l'Allemagne comme prisonniers de guerre.
Ne pouvant plus marcher, je suis resté épuisé sur le bord de la route, recevant des coups de crosse des Allemands. Ne pouvant plus marcher du tout, je fus expédié en Belgique à l'hôpital de Renaix.
Pensant déjà à cette époque à la façon dont je pourrais m'évader, j'avais réussi à me faire passer en Service sanitaire et combattant. J'ai donc été fait prisonnier comme sous-officier brancardier (ce qui n'existe pas dans l'armée française, c'est Maréchal des Logis infirmier).
(Voir le secret médical de Belgique du 2 juin 1967 reçu ultérieurement par l'Ambassade de Belgique, car à l'époque mes blessures de devaient pas figurer sur les diagnostics des hôpitaux.)
Ces papiers m'ont servi pour présenter ma requête lorsque j'ai été présenté à la Commission de Réforme de Strasbourg en 1965. Ce qui fait que sur mes papiers concernant mes différents séjours dans les hôpitaux en Belgique, il n'est stipulé aucune blessure officielle, juste l'entrée et la sortie.
Je pensais toujours à ma future évasion et je savais que le personnel sanitaire pouvait bénéficier des articles 9 et 21 de la Convention de Genève du 27 juillet 1929 et auraient l'occasion de rentrer avant les autres prisonniers.
Félix, premier à droite, premier plan