Mon cinéma d'avril 2022

Publié le 8 Mai 2022

Contes du hasard et autres fantaisies de Ryūsuke Hamaguchi
 
Un triangle amoureux inattendu, une tentative de séduction qui tourne mal et une rencontre née d’un malentendu. La trajectoire de trois femmes qui vont devoir faire un choix…
 
Discussions sans tabous entre deux amies, triangle amoureux, rapport de l’écrivain à son œuvre, interrogation sur son rapport au sexe et ses besoins, retrouvailles post lycée… Ryūsuke Hamaguchi raconte les relations sociales et amoureuses d’une société japonaise qui ne laisse rien passer à travers trois histoires, trois contes du hasard.
Poésie, romantisme, érotisme. Des solitudes qui sautent sur des occasions de se sentir moins seules et comprises. Des femmes qui s’acceptent, qui acceptent leurs sentiments et un contraste parfois avec l’idée qu’on se fait des japonais qui n’expriment pas ce qu’ils ressentent.
Je suis toujours épatée par la façon dont laquelle le réalisateur nous emmène ailleurs, prend des chemins inattendus, fait partir ses récits dans des directions auxquelles je ne m’attendais pas.
Des contes du hasard, des fantaisies, des histoires de vie qui touchent avec finesse…

L’affaire Collini de Marco Kreuzpaintner
 

Pourquoi Fabrizio Collini a-t-il assassiné Hans Meyer, un industriel de la haute société allemande ? Comment défendre un accusé qui refuse de parler ? En enquêtant sur ce dossier, son avocat découvrira le plus gros scandale juridique de l’histoire allemande, et une vérité à laquelle personne ne veut se confronter.
 
Un vrai cas de conscience qu’un avocat de la défense doit surmonter. Défendre l'assassin de son grand-père de coeur.

Durant toute la première partie je me suis demandée pourquoi Collini ne veut pas donner son motif. Clairement on sent un vécu derrière mais pourquoi ne pas parler, il a fait le plus dur avec le meurtre…
Caspar Leinen va donc devoir défendre son client en menant l’enquête. Ses souvenirs d’enfance vont l’aider à faire des liens et à réécrire une réalité qu'il pensait acquise.
Comme on a vu l’affiche on sait que ça a un rapport avec les nazis…
Ce qu’il va trouver va le mettre face à un vrai dilemme et va mettre en lumière l'impunité des crimes nazis grâce à la scandaleuse loi Dreher de 1968 qui a permis la prescription de crimes de guerre.
Un bon film judiciaire mais un peu trop classique dans sa réalisation. Une révélation pour moi en tout cas ! à suivre, Elyas M'Barek dans le rôle du défenseur. Hâte de le revoir au ciné !

Les Animaux Fantastiques – Les secrets de Dumbledore de David Yates
 
Le professeur Albus Dumbledore veut empêcher Gellert Grindelwald de prendre le contrôle du monde des sorciers. Incapable de l’empêcher d’agir seul, il sollicite le magizoologiste Norbert Dragonneau pour qu’il réunisse des sorciers, des sorcières et un boulanger moldu au sein d’une équipe intrépide. Leur mission des plus périlleuses les amènera à affronter des animaux, anciens et nouveaux, et les disciples de plus en plus nombreux de Grindelwald. Pourtant, dès lors que les enjeux sont aussi élevés, Dumbledore pourra-t-il encore rester longtemps dans l’ombre ?
 
 
Toujours autant de mignonitude, de magie et de créativité avec les animaux fantastiques. Le Qilin est tellement adorable et magnifique.
Ce 3e opus nous ramène encore plus dans l’univers d’Harry Potter, les passerelles sont plus présentes. Je ne me lasse pas des photos vivantes et des tableaux animés. J’aime beaucoup qu’on parle de la jeunesse de Dumbledore et de ses amours. Tout comme j’aime les frères Dragonneau ensemble. Plaisir aussi de retrouver le moldu Jacob Kowalski toujours prêt à foncer pour défendre ses amis. D’ailleurs on est plus dans les affects et les relations humaines dans ce film que dans les deux autres. Des relations qui s’expriment, qui se dénouent, qui se créent…  Mads Mikkelsen s’en sort bien en remplacement de Johnny Depp, mais j’ai ma préférence.
Un bon divertissement mais même ici, le film nous ramène à la réalité : peu importe le lieu et les époques, les tyrans sont toujours tapis dans l’ombre prêts à prendre le pouvoir et chaque jour apporte son lot de complots. « Dangerous times favor dangerous mens »
Quelques défauts et questionnements qui n’altèrent pas le bon moment que j’ai passé au cinéma ! Humour et effets spéciaux au rendez-vous.

 

La revanche des crevettes pailletées de Cédric Le Gallo et Maxime Govare
 
La suite des péripéties de l’équipe des Crevettes pailletées.
"Alors qu’elles sont en route pour les Gay Games de Tokyo, les Crevettes Pailletées ratent leur correspondance et se retrouvent coincées au fin fond de la Russie, dans une région particulièrement homophobe…"


Ce deuxième opus est beaucoup plus grave, plus militant et même si l'humour reste présent, les sujets abordés sont sérieux.
L'homophobie et la violence qui en découle, les thérapies de conversion, le outing, la difficulté de s'assumer en dépit d'un contexte social, religieux, familial ou amical...
J'ai beaucoup moins ri que pour le premier parce que malheureusement tout ça ne donne pas envie de rire mais est nécessaire à rappeler.
Tant qu'il y aura des comportements intolérants et intolérables il faudra continuer à en parler.
C'est le personnage de Joël en homme qui se réclame de gauche n'assumant pas son statut social de riche qui porte le plus d'humour dans le film.
On sort de la piscine et de la compétition pour se concentrer sur les questions de société. Un moment sympa, inégal en rythme avec parfois un manque de subtilité mais les crevettes sont toujours aussi attachantes.

Hit the road de Panah Panahi
 
Iran, de nos jours. Une famille est en route vers une destination secrète. A l’arrière de la voiture, le père arbore un plâtre, mais s’est-il vraiment cassé la jambe ? La mère rit de tout mais ne se retient-elle pas de pleurer ? Leur petit garçon ne cesse de blaguer, de chanter et danser. Tous s’inquiètent du chien malade. Seul le grand frère reste silencieux.
 
Road trip dans les magnifiques paysages de l’Iran.
Dès le début on sent que quelque chose ne va pas, la famille semble fuir mais quoi ? Pourquoi ?
Un enfant adorable, espiègle, futé, plein de vie, une petite tornade d’amour qui est pour moi le personnage principal du film. A travers ses questions et ses émotions on vit l'histoire de cette famille.
Farid l'aîné est taiseux, son air est résigné.
On comprend qu’il doit partir et la raison fait écho au très beau film "Le diable n’existe pas".
De beaux moments en famille, une famille unie tendre, aimante.
L’émotion d’une mère qui voit son ainé quitter le nid.
Un très film beau film subtil qui semble léger avec ses scènes drôles et tendres mais on n’oublie jamais dans quel pays nous sommes.

Un talent en or massif de Tom Gormican

Nicolas Cage est maintenant un acteur endetté qui attend le grand rôle qui relancera sa carrière. Pour rembourser une partie de ses dettes, son agent lui propose de se rendre à l’anniversaire d’un dangereux milliardaire qui se révèle être son plus grand fan. Mais le séjour prend une toute autre tournure, lorsque la CIA le contacte, lui demandant d’enquêter sur les activités criminelles de son hôte. Nicolas Cage va devoir jouer le rôle de sa vie et prouver qu’il est à la hauteur de sa propre légende.
 
Un film qui m’a rappelé à quel point Nicolas Cage avait été un de mes acteurs préférés dans les années 80-90, sa façon de parler, le ton de sa voix…
On le retrouve dans son propre rôle en proie aux doutes et à l'introspection sur ses choix de carrière, son envie de refaire du cinéma d'auteur.
Il en fait des tonnes mais c’est drôle.
Il est persuadé qu’il n’est pas reconnu à sa juste valeur comme beaucoup d’artistes. Son ego pourrit les relations avec ses proches à commencer par sa famille.

L'arrivée de Javi dans sa vie ca changer la donne et lui redonner l'envie. Le film parle de cinéma, de ce que peuvent ressentir les gens en voyant des films.
Le personnage de Javi est intéressant, on s’attend toujours à ce qu’il pète un plomb mais les apparences sont souvent trompeuses...

Film très sympa et divertissant avec un Nicolas Cage excellent. J'ai passé un bon moment et j'ai bien entendu, envie de me refaire la filmographie de Nick Cage !

Ps : j'avoue que Paddington 2 ça tire les larmes et toutes les scènes en prison sont priceless.

Babysitter de Monia Chokri

Suite à une blague sexiste devenue virale, Cédric, jeune papa, est suspendu par son employeur. Pour se racheter, il va avec l'aide de son frère Jean-Michel, s'interroger sur les fondements de sa misogynie à travers l’écriture d’un livre. De son côté, sa femme Nadine en proie à une dépression post partum décide d'écourter son congé maternité. L’arrivée dans leur vie d’une baby-sitter au charme espiègle et envouteur, va chambouler leur existence.
 
Une mise en scène psychédélique, un côté théâtral appuyé qui donne du rythme à certaines scènes.
Analyse des rapports hommes-femmes et inversement des rôles.
Une plongée dans le sexisme ordinaire, une déconstruction de la misogynie et d’un discours bien rodé grâce à l’humour et la parodie.
Une affaire qui arrive au pire moment pour le couple épuisé par un bébé qui ne dort pas avec des scènes du quotidien qui parleront à certains jeunes parents.
Une babysitter, envoyée providentielle peu conventionnelle mais diablement efficace va permettre aux parents de se retrouver chacun, en répondant exactement à leurs envies.
Une comédie déjantée, un conte contemporain où la réalité rencontre le fantastique.
J'ai beaucoup ri.

Le monde après nous de Louda Ben Salah-Cazanas
 
Labidi est un jeune d’aujourd’hui : il va de petites magouilles en jobs d’appoint, habite en colocation dans une chambre de bonne et se rêve écrivain. Mais sa rencontre avec Elisa l’oblige à repenser son train de vie au-dessus de ses moyens.
 
Labidi galère dans son quotidien pourtant il est doué pour l’écriture, tout le monde le dit. Le tout est de s’y mettre vraiment mais est-ce possible quand on ne sait pas comment se payer à manger chaque jour et quand on vient de tomber sérieusement amoureux ? Si en plus on refuse l’aide de ses parents, comment y arriver ?
Entre Lyon et Paris, entre son amour d’Elisa et ses parents dont la tendresse est magnifique, entre ses potes et ses jobs, entre moments de bonheur et misère totale, Labidi surnage avec cette idée que demain ça ira mieux. Je me demandais si c’était de l’inconscience, du déni ou l’idée que tout va s’arranger par miracle. Quand on aime on croit que le reste n’a pas d’importance. Le monde après nous.
Le portrait d’un jeune homme et d’une jeunesse qui a du mal à se projeter dans l’avenir et je peux comprendre.
Après il y a des phases dans la vie, des moments où on ne voit plus le bout puis d’autres où la lumière revient. Rien n’est jamais gravé dans le marbre… Le film montre bien cet aspect fluctuant de la vie.
De l'humour malgré tout et beaucoup d'amour qu'il soit familial ou amical.

J'ai parfois eu du mal à ne pas juger le comportement de Labidi, j'avais envie de le secouer !
Un film très contemporain qui réussit à bien saisir les états d'âme d'une jeunesse éparpillée, précaire et représentative de la "vie normale" loin des paillettes et du bling bling.

Murina de Antoneta Alamat Kusijanovic
 
Julija, adolescente fougueuse, et Ante, son père autoritaire, vivent une existence tranquille mais isolée sur une île Croate. Alors qu’il tente de négocier un accord qui changera peut-être leur vie, la visite d’un vieil ami de la famille fait émerger des tensions. Julija entrevoit une opportunité dans la venue du visiteur et ces quelques jours portent la marque du désir et de la violence.

Julija étouffe dans son île paradisiaque, elle étouffe dans son huit clos familial entre un père rude et tyrannique et une mère aimante mais qui s'en remet entièrement à son mari. Ante inspire la peur et on se demande tout le temps ce qui se cache derrière, j'aurais aimé en savoir plus sur les motivations même si c'est abordé vite fait dans une scène. Beaucoup d'ambiguïtés.
La mer est son refuge, son échappatoire tout comme pourrait l'être Javier l'ami très riche de ses parents qui fait miroiter de belles choses.
Confrontation de classes, non dits, faux semblants, éveil du désir... Elle se prend à rêver d'un autre futur.
Un film qui raconte l'émancipation d'une adolescente avec force mais dans lequel subsistent trop de zones grises à mon goût. On retiendra l'interprétation intense de Gracija Filipović dans le rôle de la fougueuse et rebelle Julija.
Et des images de mer et de profondeurs qui fascinent.

 

Azuro de Matthieu Rozé
D'après Les Petits chevaux de Tarquinia de Marguerite Duras.

Un été. La torpeur. Une chaleur écrasante. Un climat déréglé. Un village coincé entre la mer et la montagne. Pas de réseau. Pas de portable. Des amis qui se connaissent trop bien. Rien à faire. Ou si peu. Les vacances. Et puis arrive un bateau. Et de ce bateau, descend un homme. Un homme mystérieux…
 
Comme souvent, je suis allée voir le film sans rien savoir hormis le casting et la bande annonce vue de très loin. Si j’avais lu avant que c’était une adaptation de Duras (apparemment libre) j’aurais utilisé ces 2h de ma vie autrement…
Parce que Duras et moi ça ne colle pas, le style, la narration, je ne comprends pas la moitié de ce qu’on veut me raconter tellement c’est alambiqué. Et donc malgré un casting que j’aime je me suis ennuyée force mille comme les gens du film finalement. Il ne se passe rien, les dialogues repris parfois (souvent ?) tels quels du roman sonnent faux et ne veulent rien dire, les relations amicales et amoureuses sonnent tout aussi faux… Un manque de naturel criant.
Ce qui est bien rendu c’est la torpeur de ces vacances caniculaires et heureusement il y a Nuno Lopez dans le rôle d’un bel italien ténébreux qui apporte le seul piquant du film.
Ah si, le meilleur du film c’est la musique de Kid Francescoli, une réussite !

En même temps de Gustave Kervern et Benoit Delépine

A la veille d’un vote pour la construction d’un parc de loisirs à la place d’une forêt primaire, un maire de droite décomplexée essaye de corrompre son confrère écologiste. Mais ils se font piéger par un groupe de jeunes activistes féministes qui réussit à les coller ensemble. Une folle nuit commence alors pour les deux hommes, unis contre leur gré.

Une première scène hilarante qui aligne du politiquement incorrect : misogynie, racisme, homophobie, théories complotistes…
Un film qui dénonce tous les partis, tous les candidats, toutes les magouilles politiques par le prisme de 2 maires de petites villes.
On pourrait trouver que les écolos prennent cher mais j’imagine que ça doit correspondre à la hauteur des déceptions causées par les Verts tout en mettant l’accent sur certains combats. Quand on se rend compte qu’on fait des choses dont on a honte, est-ce que la seule façon c’est de quitter la politique plutôt que de changer et faire les choses bien ? Est-ce qu’une fois qu’on est dans la politique on ne peut pas faire autrement que de se compromettre, mentir, faire des promesses intenables ?
 
Plein de détails à voir et à entendre comme cette station essence dont les prix changent en temps réel.
Le film met l’accent sur les combats de société qui se perdent souvent en route à vouloir aller partout sans jamais s’attarder nulle part.
Tout y passe, le féminisme, la violence envers les femmes, l’égalité homme femme, l’écologie, les préjugés de tout le monde sur tout le monde, les magouilles, la société sécuritaire…
Un film inégal en rythme mais j'ai ri, le super duo @jonathancohens @Vincent_Macaigne fonctionne très bien entre ces deux talentueux acteurs.

Rédigé par Carole Nipette

Publié dans #Avis cinéma-Revue de films

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W
Coucou, j'ai bien aimé moi aussi Les Animaux fantastiques, moins sombre que le précédent je trouve...
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C
Oui plus léger malgré tout !
D
Bonjour Carole Nipette, pour En même temps, j'ai trouvé le film inégal même si les comédiens sont épatants. Le film est resté très peu de temps à l'affiche tout comme L'affaire Collini, à la réalisation classique certes mais mais qu'est ce que c'est bien et je te conseille le roman. Murina : très bien tout comme Dumbledore (mon préféré de la série). Contes du hasard..., film trop bavard pour moi. Hit the road m'a déçue par rapport à ce que j'attendais et j'ai trouvé le petit garçon insupportable. Les autres films, pas vus. Bonne journée.
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C
ah mince j'ai tellement craqué sur ce petit moi :)
U
J'ai bien envie d'aller voir la revanche des crevettes pailletées
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S
Les animaux fantastiques, c'est sur notre liste, trop hâte !
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M
J'ai bien envie de voir la suite des crevettes pailletées. J'avais bien aimé le premier !
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