Mon cinéma de juillet 2023

Publié le 1 Août 2023

Oppenheimer de Christopher Nolan

En 1942, convaincus que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les US initient en secret, le Projet Manhattan destiné à mettre au point la première bombe atomique de l’histoire. Pour piloter ce dispositif, J. Robert Oppenheimer, brillant physicien, qui sera bientôt surnommé le père de la bombe atomique.

On suit un étudiant au cerveau en fusion permanente, avide de connaissances scientifiques et artistiques qui deviendra un professeur réputé et un chef d’équipe respecté même si parfois controversé. Un homme qui met en lumière la puissance des éléments naturels qui donneront aux humains un pouvoir de destruction immense... Un homme admiré qui fera des jaloux et sera victime d’une tentative de décrédibilisation.

Un contexte historique foisonnant, la guerre, l’Allemagne nazie, une alliance US-URSS bien fragile, le sentiment anti-communiste qui donne le maccarthysme des années 50...

Beaucoup de questions éthiques autour de la bombe A et de ses enjeux, pour ne pas laisser les nazis l’avoir avant, finalement on troque un mal contre un mal... Et Oppenheimer tête pensante d’un projet d’équipe, si ça n’avait pas été lui, un autre l’aurait fait assurément, quel destin que d’être à cette place de premier... Son tort aura été d’être critique vis-à-vis de sa propre découverte. Le film nous fait réfléchir sur toutes ces questions morales vertigineuses. Je me demande si une avancée scientifique incroyable doit exister à tout prix sous prétexte que c’est une avancée incroyable sans tenir compte des conséquences ? Le film montre bien ici le cheminement scientifique qui mène à la découverte aussi terrible soit-elle. Un parallèle à faire avec l’IA de nos jours car son pouvoir pourrait être dévastateur et on voit bien l’escalade dans cette course au pouvoir numérique.

Un biopic intense et brillant très proche de la réalité. Embarquée durant 3h par le récit historique et la caméra virtuose de Nolan. Avec un travail magnifique sur le son, un accompagnement musical et des effets sonores toujours en parfaite adéquation avec les images et des scènes marquantes comme celle de la beauté fascinante d’une explosion nucléaire. Un film passionnant sur homme passionnant et complexe que ce soit dans sa vie pro ou sa vie privée. Un film maitrisé de bout en bout, intelligent dans sa narration, casting impeccable avec des transformations physiques intéressantes, une fiction d’un réalisme bouleversant... J’ai eu envie de pleurer à la fin, les larmes sont montées face à un constat effroyable...

Barbie de Greta Gerwig

A Barbie Land, vous êtes un être parfait dans un monde parfait. Sauf si vous êtes en crise existentielle, ou si vous êtes Ken.

A la fin je me dis tout de suite que j’ai ri et souri pendant près de 2h, ce qui est assez rare pour être noté. Rire sur toute la durée d’un film ça n’arrive pas si souvent.

Je lis beaucoup de critiques injustes sur ce film qui ne peut pas plaire à tout le monde on est d’accord. Je pense sincèrement que si on n’a pas les références américaines et qu’en plus on n’a jamais joué avec des Barbie, on passe à côté de plein de choses. Mais s’offusquer du côté soi-disant trop féministe du film, clairement je n’ai pas vu le même film que d’autres...

Au contraire, Greta Gerwig a réussi à parler de notre société imparfaite avec beaucoup de finesse et d’ingéniosité. Je trouve génial que ce soit le mythe Barbie qui représente une prise de conscience de la signification du changement. On nous décrit un monde parfait et utopique, Barbie Land, dont un grain de poussière peut venir détraquer la machine, une façon de déconstruire et reconstruire le symbole de Barbie qui est bien plus qu’une simple poupée.

La découverte d’un autre schéma de société choque aussi bien Barbie que Ken, pas pour les mêmes raisons, mais les amène à s’interroger sur qui ils sont vraiment et leur permettra de sortir des clichés qui les définissent pour trouver leur voie. Un message universel qui pointe en effet les dérives du patriarcat (oui ça existe toujours et il faut continuer à en parler et à éduquer, n’en déplaise aux râleurs...) tout en remettant la poupée Barbie dans son contexte historique et sociétal. A ce titre, la toute première scène est géniale. J’ai aimé aussi l’histoire de transmission entre mère et fille, qui passe par les jeux de poupée, c’est réaliste.

Le film, qui exagère exprès les situations, montre aussi que pour qu’une société marche, tous ses protagonistes doivent être pris en compte. Ken ne l’est pas assez dans Barbie Land et l’inverse est vrai pour Barbie dans le monde « réel »...

J’ai vraiment passé un très bon moment. J’ai adoré reconnaitre les tenues et les Barbie avec lesquelles jouaient ma fille, les accessoires et tout ce qui tourne autour de l’univers (j’en ai écrit des billets de blog Barbie !). C’est incroyablement bien retransmis. Ryan Gosling est tellement drôle, Margot Robbie réussit à faire la poupée stéréotypée tout en ressentant des émotions qui la dépassent. Même s’il y a un objectif affiché de business et marketing, je trouve que Mattel a beaucoup d’humour et d’autodérision pour avoir produit ce film tout en ayant laissé beaucoup de liberté à Greta Gerwig.

The First Slam Dunk de Takehiko Inoue

Sota est devenu le pilier de la famille Miyagi très jeune, suite à la mort de son père. Il était non seulement le soutien de son frère Ryota, de sa sœur Anna, de sa mère Kaoru, mais aussi un grand pêcheur. Cependant, il disparaît alors qu'il partait pêcher en mer, laissant un sentiment de deuil profond au sein de la famille. Incapable de combler le vide, Kaoru décide de quitter Oki-nawa. Bien qu'il souffre énormément de la mort de Sota, Ryota continue à jouer au basket-ball, le seul lien qu'il lui reste avec son frère. A présent, c'est le deuxième tour du tournoi Interhigh. Ryota, porté par le rêve de son défunt frère Sota, défie l'équipe la plus forte : le lycée Sannoh.

Sota grandit sur les traces d’un grand frère adulé disparu trop vite... Sans cesse dans la comparaison et le dépassement de soi pour essayer de lui arriver à la cheville. Pression qu’il se met seul mais aussi que lui mettent les autres.

Le film est découpé en deux parties qui se font des rebonds incessants comme les balles de basket. D’un côté une partie de basket époustouflante à tous les niveaux, de l’autre des flashbacks qui nous font connaître un peu mieux les joueurs mais surtout Ryota. Un adolescent triste et solitaire, harcelé et qui a du mal à exprimer ses émotions, enfermé avec le fantôme de son grand frère.

Le match nous offre un suspense de dingue avec des rebondissements incessants, de l’humour, de la technique et du très beau jeu. Un travail intéressant sur le son et le silence, on retient notre souffle en même temps que les joueurs et les spectacteurs. On apprend à connaître les joueurs en dehors du terrain et tout ce qui a conduit Ryota sur ce terrain de basket pour cette finale décisive pour la suite de sa vie. Hommage, transmission, passion, le match d’une vie pour ces lycéens qui donneront tout ce qu’ils ont ! J’ai adoré !

Les ombres persanes de Mani Haghighi

A Téhéran, Farzaneh, monitrice d'auto-école, aperçoit son mari, Jalal, entrant dans l'appartement d'une femme. Lorsqu'elle le confronte, Jalal prétend qu'il avait quitté la ville pour son travail. Il décide alors de visiter le bâtiment par lui-même. Là, il rencontre une femme qui est le portrait craché de Farzaneh. Elle s'appelle Bita. Abasourdis, les deux comparent les photos de famille : le mari de Bita ressemble également à Jalal...

Un film original sur le thème du double. On se met à la place des couples. Toutes les certitudes de Jalal et Bita basculent tout comme les nôtres. Du trouble et l’incompréhension va naître, on s'en doute très vite, une histoire d’amour... et de manipulation. Un mélange de projections, d'illusions et de fantasmes. Retrouver celui ou celle pour qui on a craqué à l’époque... Mais où est la réalité ? ⠀

Un double rôle très intéressant pour un formidable duo d'interprètes j’ai eu du plaisir à retrouver après "Leila et ses frères". Des personnalités bien différentes pour les hommes et les femmes. Mohsen, sa fierté, son tempérament violent et agressif en contraste avec la douceur de Jalal. Bita est à bout tout comme Farzaneh, pour des raisons différentes, qui semble voir dans cette situation un appel d’air frais. Deux couples dans l’impasse, quelle sera la sortie ? ⠀

Drame, film noir, thriller et romantisme pour ce film original qui part dans des directions inattendues. Un très bon film surprenant qui reste en tête. Un coup de cœur !

 

Les herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan

Samet est un jeune enseignant dans un village reculé d’Anatolie. Alors qu’il attendait depuis plusieurs années sa mutation à Istanbul, une série d’événements lui fait perdre tout espoir. Jusqu’au jour où il rencontre Nuray, jeune professeure comme lui…

Samet a l'aura d'un prof d'une petite ville, il entretient de bonnes relations avec tout le monde. Il est trop démonstratif avec ses élèves, on ne sait plus quoi penser parfois, le réalisateur cultive le flou pour nous faire triturer nos esprits sur ce que l'on voit et notre interprétation. Samet a un comportement tendancieux et n'est pas forcément loyal avec ses proches tout en cultivant un certain mépris de classe. Il ne semble pas réaliser le décalage entre ses mots et ses pensées d'adulte avec ses élèves de collège, il réagit comme un ado. Un homme coincé qui s'ennuie et qui teste les autres. Un personnage complexe et détestable la plupart du temps mais qui semble avoir des sursauts de compassion parfois. ⠀

Contexte social d'une société surveillée et un discours sur le militantisme, se taire ou agir quand quelque chose ne convient pas ? L'individualisme vs le collectif ? Nuray, très beau personnage de femme, représente l'action face à Samet qui n'en peut plus de sa vie mais reste inerte. Il fantasme une autre vie et c'est peut-être à travers la jeunesse de Sevim, son élève, que cela se passe. La jeunesse et l'espoir qu'elle représente... mais qu'il rabaisse comme s'il ne pouvait s'empêcher d'être odieux. ⠀

Les photos sublimes du réalisateur qui viennent s'insérer dans la pellicule accentuent le réalisme des situations. Une complainte de la campagne vs la ville, la tradition vs la modernité, un portait de trentenaires dans la Turquie d'aujourd'hui, la religion, la pauvreté, un film riche dont les nombreux dialogues racontent avec passion les vies, les engagements, les attentes, un pays... De grandes scènes comme celle du dîner. Sondage des âmes en toute beauté durant 3h17.

Mission: Impossible - Dead Reckoning Part 1 de Christopher McQuarrie

Ethan Hunt et son équipe de l’IMF se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et menace l’humanité entière. Le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu. Alors que les forces obscures de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe. Confronté à un puissant et énigmatique ennemi, Ethan réalise que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission - pas même la vie de ceux qu’il aime.

L'IA ce nouveau danger des temps modernes, encore une fiction bien proche de notre future réalité... Dans la grande scène de début de l'aéroport on est aussi désemparé que notre team face à cet ennemi qui lit dans les pensées et qui a toujours un coup d'avance. De Rome à Venise, des scènes dingues et bien amenées avec le plaisir immense de ces décors magnifiques. ⠀

Beaucoup d'humour dans cet opus n°7 encore plus que d'habitude. L'Impression de voir des scènes mythiques du cinéma arrangées à la sauce Mi, aéroport, train, Rome etc... comme un hommage au cinéma. ⠀ Un très bon moment divertissant et palpitant sur grand écran, j'attends la suite !

Une nuit de Alex Lutz

Paris, métro bondé, un soir comme les autres. Une femme bouscule un homme, ils se disputent. Très vite le courant électrique se transforme… en désir brûlant. Les deux inconnus sortent de la rame et font l’amour dans la cabine d’un photomaton. La nuit, désormais, leur appartient. Dans ce Paris aux rues désertées, aux heures étirées, faudra-t-il se dire au revoir ?

Décidément le talent d’écriture d’Alex Lutz fait des merveilles. Avec un sens aigu des relations humaines et de leurs interactions. L’essence d’une rencontre, pourquoi celle-là à ce moment précis ? Quel est le contexte qui fait que ? Et la notion de disponibilité ?

Les premiers échanges entre ces deux inconnus m’ont parlé. D’ailleurs toutes les discussions sont intéressantes et font réfléchir sur sa propre vie. Et l’impression d’assister à des conversations auxquelles j’aurais pu participer. Une nuit où tout peut arriver, on se livre plus facilement la nuit, on est plus enclin à la transgression, à la découverte... Nathalie et Aymeric la vivent à fond au gré des quartiers et des envies tout en échangeant sur la vie, le couple, la parentalité, le désir... ⠀

Une balade enchantée dans Paris, une parenthèse pour deux êtres qui en avaient besoin. Quand le jour arrive, est-il possible de reprendre comme si cela n’avait pas existé ? Spectatrice et protagonistes sont rattrapés par la réalité qui est peut-être différente de celle qu’on a cru percer... Il faudra le revoir avec un œil nouveau... Un très beau film qui m’a émue et touchée. Tout comme je l’avais été pour le précédent film d’Alex Lutz, Guy. Sans parler de son jeu d’acteur toujours sensible. Quant à Karine Viard, cela devient une habitude de dire à quel point elle incarne toujours magnifiquement ses personnages.

Les filles d'Olfa de Kaouther Ben Hania

La vie d’Olfa, Tunisienne et mère de 4 filles, oscille entre ombre et lumière. Un jour, ses deux filles aînées disparaissent. Pour combler leur absence, la réalisatrice Kaouther Ben Hania convoque des actrices professionnelles et met en place un dispositif de cinéma hors du commun afin de lever le voile sur l’histoire d’Olfa et ses filles. Un voyage intime fait d’espoir, de rébellion, de violence, de transmission et de sororité qui va questionner le fondement même de nos sociétés.

Un documentaire fiction qui filme le tournage d'un documentaire. Un procédé auquel il faut s'habituer, entre scènes réelles, scènes docu, flashbacks et extraits d'actualités. On découvre une famille de 5 femmes, le père ne fait plus partie de l'équation depuis longtemps. A travers le passé d'Olfa et sa vie de mère célibataire de 4 filles dans un monde d'hommes qui font les lois, on tente de raconter comment deux filles ont disparu. Mais de quelle nature est cette disparition bien énigmatique ? ⠀

Une histoire liée à celle d'un pays et d'une culture, une histoire de la condition féminine en Tunisie. Des filles privées de liberté par leur mère qui reproduit un schéma patriarcal en utilisant même la violence et par leur pays qui devient intégriste après le printemps arabe. ⠀

Des adolescentes qui vont réagir différemment à tout un contexte. Le film m'a fait penser à Mustang ou Virgin Suicides, deux films inspirés d'histoires vraies qui montrent les dégâts de la privation de libertés à l'adolescence, période charnière pour le développement. Je n'ai pas toujours accroché au procédé mais un film intéressant et glaçant sur la radicalisation et ses effets dévastateurs sur les proches. De belles scènes émouvantes quand les vraies soeurs se récréent une fratrie avec les soeurs de fiction.

Rédigé par Carole Nipette

Publié dans #Avis cinéma-Revue de films

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D
Bonsoir Carole, je m'en veux de ne pas avoir tenu ma promesse de Ne pas voir Barbie mais ce qui est fait est fait. En revanche, j'ai vu il y a seulement deux jours Oppenheimer : remarquable de bout en bout. Trois heures de film pendant lesquelles j'ai été captivée. Bonne soirée.
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C
:) en tout cas un bon moment avec Oppenheimer bien parti pour rafler pas mal d'Oscars !
P
J4avais peur de trouver Oppenheimer trop long (3 h !!!) mais je n'ai pas vu le temps passer ! sur mycanal, le documentaire qui lui est consacré est très bien aussi.
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M
J'attends que la Miss rentre de vacances pour aller voir Barbie avec elle (même si je déteste Ryan Gosling 😅)
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G
les algues vertes est aussi à l'affiche et est un très bon film, il suit pas forcément le livre mais c'est à voir.<br /> Sinon je me tâte pour Barbie (oui rien à voir avec le film dont je parle avant ^^)
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C
Oui je l'avais mis sur ma liste mais manque de temps et l'impression d'avoir déjà vu ce thème au ciné...
T
Trois heures pour Oppenheimer, tout de même... En espérant qu'il y aura moins de "méandres" que dans Tenet? En principe, dans ce biopic, on sait comment ça se termine (BOUM!). <br /> A voir... un de ces jours!<br /> A part ça, j'ai vu le dernier Mission impossible sorti, et du coup ai eu envie de recommencée la saga avec Tom Cruise depuis le premier épisode!<br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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C
3h qui passent crème ! aucun méandre cette fois-ci ! tout pareil, dès que je vois le dernier MI j'ai envie de me refaire la saga !
D
Bonsoir Carole, je n'ai vu que Les herbes sèches et Mission impossible. Je compte bien aller voir Oppenheimer et peut-être les Ombres persanes. Sinon, je sais que j'ai tort mais je n'irai pas voir Barbie. Sinon, je te conseille d'aller voir les Algues vertes. Bonne soirée.
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C
Tu n'as ni tort ni raison ! perso je ne me force jamais au ciné et parfois j'ai envie mais pas le temps !